La mosquée de la Pêcherie
" Djema-Djedid "
Construite par les Turcs
en 1660, grâce à la contribution de la population entière
d'El-Djezaïr, la mosquée de la Pêcherie a fait naître
de bien nombreuses légendes, à cause de sa forme cruciale.
Celle-ci s'explique par l'exemple de Mahomet II qui donna, en 1453,
après la prise de Constantinople, la basilique de Sainte-Sophie
(en forme de croix) comme modèle de mosquée.
Son minaret est également très caractéristique.
Haut de 30 mètres, à l'origine. il n'est plus, aujourd'hui,
après les remblais effectués rue de la Marine, que de
25 mètres.
Dans ce sanctuaire, du rite hanéfite, on peut admirer, notamment
sur le mihrab, de très belles décorations. On y remarque
des faïences précieuses entourées de fines appliques
de plâtre. Le minbar est constitué de marbres magnifiquement
ciselés et sur l'une des décorations le directeur des
travaux, El Hadj Habib, a fait graver son nom.
Ces temps derniers - nous l'avons signalé - M. le grand muphti
El-Assimi a fait entreprendre, dans le sanctuaire, d'importants travaux
d'aménagements.
La plus grande richesse de Djama-Djedid est incontestablement un Coran
offert par un sultan de Constantinople au pacha d'Alger, au XVIII°
siècle. D'une finesse remarquable, il constitue par ses estampes
et ses dessins un volume unique.
Autre richesse aussi que cette cour aux fines colonnades, bordée
de galeries donnant accès aux lieux de prières. Quel est
le visiteur qui ne voudrait s'y attarder un instant pour y goûter
quelque repos ?
L'horloge à carillon est un peu la fierté des Algérois.
Elle est le " régulateur " de la ville. Son histoire,
que nous empruntons aux " Feuillets d'El-Djezaïr ", mérite
d'être contée.
Sortie des ateliers de Wagner, l'horloge fut apportée à
Alger en 1833. Placée sur la Jénina en 1842, elle fut
transportée à Diama-Djedid et placée sur un échafaudage
qu'on avait dressé à l'extérieur. Car la loi coranique
est opposée à l'emploi de cloches.
Cependant pour donner plus d'assises à l'horloge, on dut l'installer,
en 1853, au minaret où elle est actuellement. Les trois cloches
(50, 80 et 120 kg.) furent installées en 1857 et certains fidèles,
d'abord émus, se félicitèrent, avec toute la population,
de la façon heureuse dont l'architecte de la ville, M. Bourrichon,
réalisa " l'accommodation " du minaret. Les cadrans
lumineux com-
plétérent cette installation en 1859.
Sauvée à plusieurs reprises de la ruine puis d'un projet
de transformation. grâce aux démarches du comité
du Vieil-Alger, la mosquée de la Pêcherie demeure célèbre
par son dôme entouré d'émaux et qui brille d'un
éclat particulier les soirs de grandes fêtes.