MOULIN GASSIOT - COULMIERS

Ce centre construit sur l'emplacement du moulin Gassiot prit le nom d'une de nos rares victoires de la guerre de 1870-1871.


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mise sur site : octobre 2015

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Pour situer Moulin Gassiot-Coulmiers
Pour situer Moulin Gassiot-Coulmiers


extraits du numéro 136, dec. 2011, de "l'Algérianiste", bulletin d'idées et d'information, avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue "l'Algérianiste"

Moulin Gassiot-Coulmiers en 1900
par Jean-Pierre Gassiot et Edgar Scotti
(†)

Coulmiers a été créé en 1873 sur 1260 ha. En 1900, ce centre était rattaché à la commune mixte de Châteaudun-du-Rhumel, dont il est distant de 4,5 km.

Le village est situé sur le cours du Rhumel à une altitude moyenne de 800 m.

Coulmiers comme le village de Châteaudun-du-Rhumel est desservi par la station de Mechta-Châteaudun distante de 6,4 km, sur la voie ferrée d'Alger à Constantine de la Compagnie des Chemins de fer de l'Est- Algérien. Les fonctions administratives étaient concentrées à Châteaudundu-Rhumel, notamment en ce qui concerne le facteur rural qui relevait de la recette de ce village.

Situé dans une région à vocation céréalière et à forte densité de population, le centre était surtout connu par la présence de son moulin construit par la famille Gassiot et actionné par les eaux du Rhumel. Ce dernier était fréquenté par les fellahs des douars et tribus suivantes: Aïoun-el-Adjaïz, El Brana, Ouled-el-Aoufan, Timtelacim, Zaouïa-ben-Zaroug, Méghalsa, Ouled-Zerga, Ouled-el-Arbi, Ouled-el-Haïf et Ras Séguin.

En 1900, ce moulin, propriété de M. Ballande triturait les céréales : blé dur, blé tendre et orge des fellahs des environs.

Le village avait une vingtaine d'habitants européens dont deux agriculteurs-viticulteurs MM. Ballonde et Valibouze.

Comme tous ceux qui les précédèrent à Coulmiers, ces hommes et ces femmes sont partis laissant derrière eux les quelques petites maisons du village groupées de part et d'autre de la route Alger-Constantine. Ils laissèrent aussi le minuscule cimetière dont les tombes creusées à même la terre se signalaient par les croix sur lesquelles le temps avait effacé le nom du défunt.

C'était aussi cela l'Algérie, que ces hommes pauvres avaient essayé de construire en plantant de la vigne, non pas pour produire de l'alcool, mais parce qu'elle seule pouvait, par ses puissantes racines, puiser l'eau en profondeur. En labourant le sol avec de bonnes charrues, ils augmentaient lesrendements décevants du blé pour remplir les silos et l'amener au moulin pour nourrir les familles.

L'assolement biennal ne permettait de faire qu'une moisson tous les deux ans, l'autre année étant réservée aux préparés, c'est-à-dire à la jachère labourée; les rendements en blé dur et orge étaient, en raison des caprices de la pluviométrie de cinq à sept quintaux à l'hectare. Beaucoup abandonnèrent les céréales, certains concentrèrent sans succès, leurs investissements sur la viticulture.

En raison des efforts des sacrifices consentis, ces hommes usés par le travail ne purent se maintenir dans cette région difficile. Les hécatombes des grands conflits mondiaux, notamment celui de 1914-1918, les privèrent de plusieurs de leurs garçons.

Désespérées, démoralisées des familles sont parties ouvrir d'autres sillons en France ou à l'étranger.

Après ce gâchis, leurs lointains descendants sont aujourd'hui en droit de se demander ce que pouvaient bien faire leurs aïeux à Moulin Gassiot-Coulmiers dans une région où la pluviométrie de 200 à 400 mm par an est irrégulière.

Qui se souvient aujourd'hui de Moulin Gassiot-Coulmiers, ce village dont le souvenir a sombré dans un profond oubli. Ce moulin témoignait pourtant d'une réelle volonté d'y implanter durablement des activités humaines. A défaut de pouvoir y cultiver des céréales puis de la vigne, ces hommes eurent la volonté d'améliorer l'activité économique d'une vaste région où la pluie tombe de façon très inégale et où les siroccos précoces compromettent l'épiaison et la formation des grains. Malgré l'utilisation des variétés locales de blés durs, Bidi, Hedba et Mohamed ben Bachir ou de leurs dérivés obtenus par des généticiens de l'Institut Agricole de Maison-Carrée, comme MM. Caumont, Bouteille, Ducellier, Erroux et par tant d'autres, dont il n'est pas possible de citer tous les noms. Il convient cependant de souligner que les caprices de la pluviométrie pesèrent lourdement sur le passé de la céréaliculture algérienne, dont ils limitent toujours l'avenir.

Pourquoi priver de leur mémoire les lointains descendants de tous ceux qui tentèrent d'implanter en vain, mais au prix d'efforts considérables, une agriculture prospère. Ces hommes n'étaient pas des spéculateurs; s'ils spéculaient c'était avec leur santé et leurs maigres disponibilités. Ils furent remplacés sur ces hauts plateaux sétifiens par d'autres organismes qui n'obtinrent pas de meilleurs résultats, mais qui surent s'en tirer avec moins de douloureux dommages.

Moulin Gassiot-Coulmiers avait une âme, une histoire, une mémoire collective nourrie par l'ensemble des familles qui tentèrent de s'y implanter en animant son unique rue et en améliorant par leur travail ses activités agricoles.

Eventuellement cette note trop succincte pourra être complétée, développée par ceux qui eurent des attaches familiales à Moulin GassiotCoulmiers.

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Remerciements:
Les auteurs remercient tous ceux qui, par leurs encouragements et leurs archives, leur permirent de réaliser la remise en mémoire de ce village oublié. Ils adressent notamment leurs sentiments de bien vive gratitude au Dr Georges Duboucher et à M. Jacques Piollenc pour toutes les informations recueillies sur ce village.