le musée Franchet d'Espérey
Le Musée historique d'Alger
afn-collections, n°32, juillet 2002
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sur site le 22/12/2002 ....1er jour de l'hiver.

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-----Le Conseil Supérieur du Centenaire et les chefs de l'Armée d'Afrique ont pensé que la reconstitution historique qui donna lieu aux splendides manifestations devait être l'occasion d'une création durable où seraient conservés, avec les reliques de l'époque héroïque, les traditions et les souvenirs magnifiquement évoqués par le Centenaire.
-----Le Colonel FRANÇOIS, Chef d'Etat-Major du XIXe Corps d'Armée, avec l'aide dévouée de ses collaborateurs : le Lieutenant-Colonel DOURY, le Commandant COTINAUD, le Capitaine MARTIN, sut mener à bien, grâce au concours de la Caisse du Centenaire, et aussi du Ministère de la Guerre, la création d'un Musée historique auquel, d'un commun accord, fut donné le nom du Maréchal FRANCHET-D'ESPÉREY, le glorieux inspecteur général actuel de l'Armée d'Afrique et l'un des auteurs de la victoire.
-----Aucun cadre ne convenait mieux à ce dessein que celui de la vieille Casbah d'Alger dans laquelle se trouve le pavillon historique où le Dey Hussein donna au Consul Deval le fameux coup de chasse-mouches.
-----Le Musée FRANCHET-D'ESPÉREY (conservateur Commandant MARTIN), couvre du centenaire, est installé dans l'ancien Palais du DEY, situé à l'entrée de l'ancien fort turc, construit de 1516 à 1592.
-----Le Musée est divisé en trois sections, toutes installées dans des constructions remontant à l'époque turque.
La première est logée dans l'ancienne mosquée désaffectée qui fut remise en état et appropriée à sa nouvelle destination, par le Centenaire. Elle renferme des souvenirs militaires de toute nature, et les spécimens reconstitués des anciens uniformes de l'Armée d'Afrique de 1830 à nos jours en ornent les murs.
-----Les collections ont été constituées par les prêts ou les dons des corps de troupe d'Afrique et de la Métropole ; des grandes écoles militaires ; des familles d'anciens ofciers et de héros de l'Armée d'autrefois.

-----La 2° section est installée dans l'ancienne poudrière ; elle est constituée par des documents relatifs à l'oeuvre de pacification que l'Armée d'Afrique a accomplie successivement en Algérie, en Tunisie, au Maroc, au Sahara.
-----La 3° section, installée au centre de la vieille poudrière, est consacrée aux grandes familles indigènes; chacune de celles qui, dès la première heure, nous ont apporté leur dévouement fidèle, possède en propre une vitrine, une colonne, un pan de mur où sont exposés les brevets, les décorations, les photographies, les lettres de félicitations reçues des chefs militaires, les sabres d'honneur incrustés d'or et d'argent offerts par le Duc d'Aumale, le Maréchal Bugeaud, le Maréchal Randon, Napoléon III et Léopold Ier.
-----Le Service de Santé militaire a, de son côté, organisé des vitrines renfermant une petite exposition rétrospective où l'on peut examiner certaines pièces d'un haut intérêt, notamment des vues de l'ambulance installée à Boufarik par le docteur Pouzin qui évoque, avec la sinistre Mitidja de l'époque, le dévouement des premiers médecins militaires.

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Le Musée FRANCHET-D'ESPÉREY fut inauguré le 13 avril 1930 par M. Pierre BORDES, le Général NAULIN et le Commissaire Général du Centenaire.

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Dans le pourtour d'une salle principale, toute une série de petits locaux affectés respectivement aux Chasseurs d'Afrique, aux Zouaves, à la Légion Etrangère, aux Spahis, aux Tirailleurs a été aménagée. Des portraits, des caricatures de l'époque, des dessins, des tableaux, des manuscrits rappellent l'histoire de tous ces corps de troupe qui se sont immortalisés depuis un siècle sur les champs de bataille de l'Afrique, de l'Italie, du Mexique, du Tonkin, de la France en 1870 et au cours de la Grande Guerre.

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Sous les galeries du 1erétage, des salles séparent nettement les collections touchant: l'aviation d' Afrique, les grands chefs de l'armée d Afrique, les territoires du Sud, le service de santé, la marine, les chefs musulmans, les Spahis, les souvenirs de la campagne 1942-1943.

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Des stands sont consacrés au sergent Blandan, aux pionniers de la colonisation, aux vieilles villes de l'Algérie et aux tentes célèbres (dont celle qui fut offerte à Louis XIV par le Sultan du Maroc Moulay Ismaël). Passant par une rotonde, le visiteur a directement accès dans l'ancienne mosquée, contenant les collections du corps de débarquement de 1830 et la maquette d'El Djezaïr (Alger) reproduisant fidèlement la ville barbaresque avant l'arrivée des Français (maquette de 10 m2 de surface).
 

-----Tous ceux qui ont fait la grandeur et la prospérité de l'Algérie y sont représentés par de rares et riches collections, en particulier celle du maréchal Bugeaud. Les oeuvres d'art sont nombreuses : statuettes, bustes, peintures signées de Dantan, Dumont, Gautherin, Horace Vernet, Siméon Fort, Gobaut, Gouverchell, etc. ; enfin, des vitrines contenant une importante collection de soldats de plombs, ont été installés récemment.

-----Uniformes anciens, vieilles armes, médailles, documents historiques, vieilles gravures, tout un ensemble parfaitement classé dont l'attrait est pour tous les visiteurs, érudits ou non, d'un intérêt captivant.

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Et puis, ce vieux Palais du Dey, ne rappelle-t-il pas que cette jeune armée d'Afrique avait réussi en 1830 ce que tant d'autres, et non des moindres, avant elle avaient tenté vainement : Chàrles-Quint, Duquesne, Lord Exmouth.

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Cette Afrique-là est entrée au musée en ces beaux jours de 1930, musée ouvert au milieu de la Casbah et auquel on donnait le nom du Maréchal FRANCHET-D'ESPÉREY, ce grand soldat, né en Algérie, et qui termina la guerre en 1918 à la tête des troupes d'Afrique au coeur des Balkans.

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Pensait-on alors qu'elle en serait chassée trente-deux ans après ? Et lorsqu'en 1961 arrivaient dans la cour des invalides les premières caisses expédiées d'Alger, quels sont ceux qui se seraient engagés à affirmer qu'elles ne repasseraient jamais la Méditerranée ?

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Le Général Blanc, le directeur de l'époque, fit bien établir un inventaire de ce déménagement mais il ne le considérait que comme un dépôt provisoire...

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De toute manière, il n'était pas question d'abandonner cette grande salle d'honneur ", synthèse de celles de nos régiments qui tenaient ou avaient tenu garnison en Algérie.

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En 1964, alors que tout était consommé, le ministre des armées constitua une commission présidée par le général Olié, l'ancien chef d'état major de la Défense Nationale, avec mission de répartir dans les musées de l'armée ainsi que dans les grandes écoles militaires de toutes armes les objets reçus et inventoriés.
-----Les opérations terminées, constatons seulement que tous ces souvenirs ont maintenant trouvé une place digne d'eux au creuset même où se forment les jeunes officiers, soit à l'école de Saumur, à la légion, aux écoles d'infanterie de Montpellier et de Saint-Maixent, à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, la répartition aura comme destination également le musée de l'armée, de la marine, le musée de l'air, au service historique de l'armée, à l'association " LA RAHLA "et au Val de Grâce.
-----L'école polytechnique, l'école du génie à Angers, l'école du train à Tours, l'école de gendarmerie à Melun, l'école d'artillerie à Châlons, l'école du matériel à Fontainebleau ont également reçu différentes armes ou objets de collection ressortissant à leurs activités ou à leurs traditions. Signalons notamment le sabre de Boutin remis à Angers.
-----Ne seront-ils pas pour ceux-ci le vivant témoignage de la foi, de la générosité et de la grandeur de leurs anciens qui avaient donné un empire à la France.

Théo BRUAND et Jean-Marc LABOULBENE

Bibliographie
* Le Centenaire de l'Algérie -Gustave Mercier - Editions Soubiron 1931 Tome 2
* Les Guides Bleus - Algérie Tunisie - Librairie Hachette 1955 * Revue de la S.A.M.A. n°76 (1972)