Notre Dame d'Afrique
La STATUE DE NOTRE DAME D'AFRIQUE
Extrait de " Aux échos d'Alger"- journal des villes et villages d'Algérie-n° 100 - mars 2008
21-4-2008

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Ses origines

Dès le lendemain du débarquement de 1830, les indigènes reprochaient aux Français leur infériorité dans la connaissance et le respect de Dieu. Ces amers reproches et la crainte de conséquences politiques qu'une semblable opinion pouvait entraîner, décidèrent le Gouvernement à envoyer en Algérie, le clergé catholique et à y constituer un évêché.

Monseigneur DUPUCH, originaire du diocèse de Bordeaux, fut désigné pour occuper ce nouveau Siège dont l'autorité s'étendait sur toute l'Algérie. Il devint le ler Elfe-que d'ALGER.

Il vint en 1839 quêter pour son diocèse, dans les maisons duSacré Coeur de Madeleine Sophie BARAT, (avant son épiscopat, il avait été aumônier des soeurs du Sacré Coeur à Bordeaux) il s'arrêta à Lyon à la Ferrandière, il y demanda une belle statue de la Vierge pour sa cathédrale d'ALGER. Les religieuses s'engagèrent au nom des Enfants de Marie de cette ville, de lui faire ce présent et elles le prièrent de choisir à Paris, la statue désirée.

Arrivé à Paris, dans la maison du Sacré Coeur de la rue de Varenne, le prélat fut frappé à la vue d'une statue qu'on venait de placer sur une colonne ; il fut ravi et désira avoir la pareille. Son désir fut communiqué à Lyon. Ce fut une grande joie pour les Enfants de Marie de faire reproduire ce modèle; c'est cette reproduction qu'elles offrirent au zélé Pontife, le 5 mai 1840. D'ou venait cette statue de la rue de Varenne ? Monseigneur de QUELEN, archevêque de Paris, ne cessait de prier pour la conversion du Prince de TALLEYRAND. Il promit à Notre Dame de la Délivrance (Calvados) - son pèlerinage très aimé depuis son enfance - d'offrir une statue de la Sainte Vierge, s'il obtenait cette conversion.

La grâce ayant été obtenue le 17 mai 1838, Monseigneur fit exécuter une statue en bronze (sur le modèle de la " Vierge de Bouchardon " ; il en fit exécuter une deuxième, semblable à la première. Sur le socle des deux statues, il fit graver ces mots " VIRGO FIDELIS ". La première fut bénite et inaugurée à la Délivrance le 8 septembre 1938. La deuxième fut offerte par Monseigneur de QUELEN, au couvent du Sacré Coeur de la rue de Varenne à Paris, en reconnaissance de l'hospitalité qu'il avait reçue, lors de son expulsion de l'archevêché.

Tribulations de la statue " VIRGO FIDELIS " offerte le 5 mai 1840 à Monseigneur DUPUCH ?

En la donnant à Monseigneur DUPUCH, les Enfants de Marie de Lyon demandèrent (la Cathédrale étant en construction) que la statue soit placée sur la terrasse de l'évêché bien en vue des passants. Monseigneur DUPUCH voulut faire mieux : il cherche à la placer sur le minaret d'une ancienne mosquée qu'il venait de transformer en église sur le haut de la ville sous le nom de Sainte Croix.
Ni cette pensée, ne celle des Enfants de Marie, n'ayant pu s'exécuter, les donatrices demandèrent qu'elle fut confiée aux Soeurs du Sacré Coeur de Mustapha d'ALGER. Il n'en fut rien, la statue fut laissée dans un coin.

Lorsque en 1843, les Trappistes prirent possession de leur monastère à STAOUÉLI, Monseigneur DUPUCH offrit la statue au Père Régis, abbé de LA TRAPPE, qui la plaça au dessus de la porte du monastère avec cette inscription " Posuerunt me dustodem ".
" ILS M'ONT CHOISIE POUR GARDIENNE ".

Ame pure et confiante, ne soupçonnant jamais le mal, acculé à de nombreuses difficultés, trompé par d'indignes manoeuvres, abusé par des promesses qui ne devaient pas être tenues, ayant des rapports très tendus avec le Gouverneur BUGEAUD, Monseigneur DUPUCH regagne la France le 3 août 1841 et démissionne en 1846.

Il est remplacé par Monseigneur PAVY, originaire de Lyon. Visitant les Trappistes à STAOUELI, le Prélat passa souvent devant la statue sans que personne lui en révéla l'origine ou la destination.
Une lettre de Lyon en 1855, vint l'en instruire. Les dames du Sacré Coeur, apprenant que l'Evêque se proposait d'élever un sanctuaire de la Vierge Marie, lui dirent combien elles seraient heureuses d'y voir honorée la Vierge offerte à son prédécesseur en 1840. Monseigneur ignorait tout de cette statue !

Aucune hésitation n'était permise. Monseigneur PAVY se rendit à STAOUELI, il s'adressa aux Trappistes " Vous avez fait de cette madone la gardienne de votre maison, je viens vous la demander pour en faire la Reine de l'Afrique ".

Les Pères lui répondirent que la statue lui appartenait, mais ils déclarèrent qu'ils ne feraient pas à leur Mère, l'injure de la descendre eux-mêmes de la place où ils l'avaient mise. Monseigneur PAVY se chargea de l'opération. Le lendemain, un chariot l'amenait à ALGER. En attendant l'achèvement du grand sanctuaire marial entrepris par Monseigneur PAVY, une chapelle provisoire avait été construite, elle venait d'être achevée. Monseigneur vint Monseigneur PAVY, Deuxième évèque d'Alger Fondateur de la basilique le 20 septembre 1857 y célébrer la première messe. Il installa la statue de la "VIERGE FIDELE " de la chapelle provisoire au nouveau sanctuaire. Marie était ainsi désormais en possession de son église définitive . En 1876, Monseigneur LAVIGERIE demande à Pie IX la faveur du couronnement de la statue et l'érection de l'église en Basilique. Le SAINT PERE agréa la requête. La cérémonie fut fixée au 30 avril 1876, elle se déroula au milieu d'une pompe incomparable.

A dater de ce jour, l'église prit le titre de Basilique de Notre Dame d'Afrique. Chaque année, se célébrait la fête de Notre Dame d'Afrique.

Documents consultés :
Archives : des Soeurs du Sacré Coeur de Poitiers, des Soeurs du Sacré Coeur de Lyon (1840), des Enfants de Marie de Lyon (1840),
Vie de Mgr DUPUCH par Pionneau,
Vie de Mgr de QUELEN par Limouzin - Lamothe 2 vol.
Vie de Mgr PAVY par C. Pavy vie gén. d'Alger, Vie de Catherine Labouré par Laurentin, La Vierge du Sourire par Fiat.

Texte remis par
Mme Huguette CHARVIER