Notre-Dame d'Afrique , Alger,
Promenade à Notre Dame D’Afrique.
J'avais promis, je tiens donc et vous adresse un petit texte sur la balade dominicale faite avec Aline au Mémorial de Notre Dame d'Afrique de Théoule sur Mer (06 590), le 2 février 2003.
À bon entendeur salut ! Marc & Aline

.sur site le 10-2-2003

12 Ko / 9 s
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-----C’est une belle journée de février 2003.

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Le ciel azuréen est d’un bleu hivernal, sans aucun nuage. Le soleil resplendissant rend les 9 °C de la journée tout à fait supportables. Nous venons de laisser la voiture sur le bord de la route du col de Théoule, qui mène au Mémorial de Notre Dame d’Afrique. Après la barrière, qui interdit le passage des automobiles sur le chemin caillouteux, nous gravissons le raidillon sans pouvoir éviter de penser à celui encore plus raide, qui permettait de rallier la Basilique du même nom en partant de la Mairie de Saint-Eugène à Alger.

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Le chemin serpente parmi un maquis luxuriant, au sein duquel on peut reconnaître tous les arbustes caractéristiques et odorants, typiques de la Mare Nostrum. Les arbousiers pullulent en petits éléments éparpillés parmi les lentisques. Le soleil rend, bien sûr, plus odorant ce dernier et sa sœur la myrte, qui à cette époque ne présente pas sa petite fleur blanche si gracile. Mais ses feuilles disputent à celles du lentisque le droit d’enchanter nos narines. J’en écrase quelques exemplaires et les porte à mon nez reconnaissant. Ça et là, les touffes de thym et de romarin apportent le vert-gris de leurs petites feuilles à la somptueuse harmonie des couleurs de ce maquis de rêve. Les pins parasols ajoutent le vert profond de leurs aiguilles au tableau. Les bruyères à fleurs blanches, comme aux Deux-Moulins ou à Baînem, accordent leurs notes à celles des autres arbustes. Les nuances olfactives entrelacées de tous ces végétaux changent au fur et à mesure que nous avançons de notre pas de promeneurs maquisards. En effet, le mélange des essences change tous les mètres ou presque et le charme grandit. La pente devient un peu plus dure et les ravines des eaux de ruissellement nous obligent à une gymnastique des chevilles. L’harmonie des verts se renforce et pourtant nous n’apercevons toujours pas la statue. Le sommet n’est toujours pas atteint. Les passants nous gratifient, tous, d’un bonjour à l’accent moins chantant que celui des autochtones traditionnels, mais il est délicieusement mâtiné de gutturales arabes.

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Cela sent bon le pays natal.…C’est comme là-bas dit !

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La nature, le maquis, les odeurs, tout y est. Seuls, les rochers grandioses affichent cette rutilante couleur rouge propre à l’Esterel. Je m’étais interrogé en arrivant en 1962. « Est-ce que les natifs de cet El Dorado, qu’on appelle la Côte d’Azur, se rendent compte vraiment de la splendeur du décor, qui les entoure? ». Je l’espère, j‘en suis même sûr. Je n’en veux pour preuve que le fait que lors de notre exil tout neuf, certains d’entre eux, en 1962, ne connaissaient ni Marseille (178 Kms), ni même, pour une minorité, Nice (32 Kms). Ils étaient bien chez eux et n’avaient aucune envie d’aller voir ailleurs. Nous par contre, alors enfin libérés de nos couvre-feux et de nos secteurs interdits (gorges de Palestro, Ruisseau des Singes, Haute Kabylie…), nous « bouffions » littéralement des kilomètres. Nous allions à Marseille un jour, en Italie le lendemain et à Monaco la semaine suivante. Nous levions toujours aussi les bras en l’air, d’une manière tout à fait réflexe, en pénétrant dans les grands magasins, mais, très vite, nous les rabaissions, tout interloqués de ne pas être fouillés au corps… comme aux « Galeries de France » à Alger. Je ne plaisante pas, huit ans d’habitude ne se sont pas effacés du jour au lendemain.

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Nous continuons la promenade enchanteresse, bientôt éclaboussés par les jaunes d’or des mimosas, qui, février oblige, constellent notre maquis tout vert de leurs éclatantes grappes de fleurs délicates. Comme le mimosa n’est pas, mais alors pas du tout, absent de la symphonie olfactive, la balade devient un rêve éveillé avec en prime la sensation que nous flottons dans l’air de cette colline paradisiaque. Et moi qui ai laissé mon appareil photo numérique bien rangé dans mon placard ! Que c’est dur.

-----Dès le sommet atteint, nous apercevons la fameuse statue, que je croyais béatement jumelle de la « vraie » ? J’attendais une petite statue de plâtre avec une robe bleue et le visage basané. Rien de tout cela, le « monstre » me fait instantanément pensé à la statue du Mandarom à Digne. En effet, le « chef d’œuvre », si c’en est un, est fait de ferraille rouillée et ne mesure pas moins de 7 mètres de haut. Il est actuellement affublé d’un échafaudage permanent, qui gâte encore la sauce. Le tout, je l’avoue, en esthète plutôt classique que je suis et souhaite rester, me met un tantinet mal à l’aise. Seuls, l’écartement des bras en signe d’accueil et la douceur du sourire essaient de me sortir de l’embarras moral ressenti.

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Le socle est entouré d’un fossé à parois verticales, qui sont ornées de centaines de plaques céramiques, portant le nom et les villages natals des disparus honorés par les leurs sur ce qui est devenu un « Mémorial » au sens propre du terme.

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Par contre la vue offerte à la statue est incomparable. Sur plus de 180° le panorama comprend ce jour-là du moins, la ville de Cannes paresseusement alanguie au bord d’une mer d’huile, les Îles de Lérins avec le château des moines de Saint Honorat, dressé au ras des flots, et de l’autre côté les crêtes flamboyantes de l’Estérel, dont le rouge des rochers est avivé par le soleil presque couchant. Si vous ajoutez à ce plaisir des yeux, le mélange olfactif environnant, qui enivre littéralement, nous pouvons dire pour une fois de manière justifiée, que nous sommes contents de la promenade (à défaut de voyage).

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Il ne nous reste plus qu’à redescendre le raidillon caillouteux à travers le maquis généreux de ses couleurs et odeurs. Là, nous avons droit à l’autre panorama, celui de la belle rade de Théoule, avec le spectacle toujours serein des ports de plaisance de Théoule, de La Napoule et au loin du vieux port de Cannes.
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Le calme redescend sur cette nature généreuse et la nuit se prépare doucement.

Marc STAGLIANO
mstag06@free.fr