LA PLAINE DE LA MITIDJA AVANT 1962
Georges Bouchet

 


mise sur site le 15-1-2011

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LA PLAINE DE LA MITIDJA AVANT 1962

Ces quelques pages consacrées à l'étude d'une plaine qui fut française sont destinées à combler le vide laissé entre ma description des collines du Sahel et mon survol des montagnes et steppes du Titteri déjà enregistrés sur le site de Bernard Venis et accessibles en cliquant dans le sommaire sur " Géographie ".

La Mitidja est une plaine mythique, du moins pour les Français : la plaine est imparfaite et le mythe est simpliste.

En effet la plaine est assez pentue, du sud vers le nord, pour que les ingénieurs des chemins de fer aient dû choisir, pour atteindre le point haut de la gare de Blida, une déclivité de 2% adaptée aux lignes de montagne.

Le mythe est aisé à caricaturer : avant nous, donc avant 1830, il n'y avait là que marécages, moustiques et fièvres récurrentes… et des sangsues très utilisées, après 1844, par nos chirurgiens militaires de la conquête adeptes de l'hirudothérapie.,

L'hirudothérapie

En 1844 un pharmacien militaire estima qu'importer, à grands prix, des sangsues de métropole, n'était guère logique quand on en trouvait à revendre dans les marécages de la Mitidja où elles s'accrochaient aux jambes nues.

Il créa un vivier à sangsues près de Boufarik.

Les chirurgiens s'en servaient pour drainer les zones opérées et les plaies où le " retour sanguin se faisait mal ".Une sangsue agit comme une pompe à aspirer le " sang désaturé en oxygène ". Elles ne pompent pas le sang artériel mais seulement le sang veineux. Il paraît que ce fut un succès ; mais pour combien de temps, je l'ignore.

Bien sûr il y avait aussi quelques beaux haouchs, beaucoup de gourbis, pas mal de pillards et une ville à moitié en ruines depuis le séisme de 1825 : Blida.

Au début 1962 la Mitidja était considérée comme le fleuron de la colonisation française en Afrique ; à tel point qu'en son centre, à Boufarik, fut élevé en 1930 un monument dédié au " Génie colonisateur français ". En juillet le génie est descendu pour faire sa valise, comme presque tous les descendants des colons qu'il avait fourvoyés en ces lieux et ailleurs en Algérie. Mais il avait laissé en place, dans la seule Mitidja :
               - une trentaine de villages de colonisation avec leur mairie, leur poste, leur église et leurs écoles ; et parfois leur temple et leur mosquée. Entre les villages-centre se trouvaient quelques hameaux, beaucoup de fermes et plus encore de haouchs (grandes fermes indigènes ou turques).
               
               - de riches orangeraies et vignobles traversés par des routes rectilignes bordées de platanes ou de cyprès.
               
               - et une ébauche de zone industrielle, au sud de Maison-Carrée, le long des voies ferrées d'Oran et de Constantine.


Au bas du monument se trouvaient des scènes des travaux dans le bled ; au-dessus plein de noms propres et quelques effigies

Au bas du monument se trouvaient des scènes des travaux dans le bled ; au-dessus plein de noms propres et quelques effigies ; parmi lesquelles celles de généraux tels Bugeaud ou Lamoricière, de colons des tout débuts tels Vialar ou De Tonnac et le caïd des Beni-Khelil, Bouzid ben Chaoua, mort pour la France en 1834.

Si le bilan matériel de la colonisation est indubitablement très positif, il est pourtant très difficile de savoir quelle était la situation réelle de la Mitidja avant juillet 1830, tant les témoignages des voyageurs du XVIIIè siècle et même ceux de Français de 1830, sont divergents, voire contradictoires : sans doute était-elle contrastée selon les régions. Il y avait des zones marécageuses incultes vers la bordure nord et d'autres bien cultivées au pied de l'Atlas grâce à un meilleur drainage permis par les altitudes plus élevées..

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Dans une première partie de présentation générale historique, je dirai ce que j'ai trouvé, dans mes lectures, sur l'histoire de la plaine depuis le passage probable des Carthaginois. En réalité, jusqu'à l'arrivée des Turcs au début du XVIè siècle, la Mitidja ne paraît pas avoir eu d'histoire en propre, ou si peu. Elle a traversé deux millénaires sans avoir vécu de grands événements, même si elle a sûrement vu passer de nombreux conquérants : pas de grandes batailles, pas de monuments notables, jamais de centre de pouvoir, pas de nom de souverain, et jusqu'au XVIè siècle, pas même de ville !

Suivra une présentation géographique plus facile à rédiger.

Après quoi, la dernière partie sera consacrée à autant de monographies qu'il y eut de communes de plein exercice ; les hameaux principaux seront cités et, si possible, étudiés, dans le cadre de leur commune de rattachement.

Il est possible de cliquer sur la carte pour l'agrandir.
plaine de la mitidja

La plaine est orientée de l'ouest sud-ouest vers l'est nord-est.
Sauf à l'extrême ouest où elle se termine en pointe près de Marengo, elle est rectangulaire ; avec environ 90 km de long sur 15 à 17 de large : soit 130 000 à 135 000 hectares.
Le point le plus élevé à Blida est à plus de 200 m à Blida (rond rouge) ; et le plus bas à moins de 20 m au confluent des oueds Fatis et Mazafran (rond bleu).