Alger, Algérie : la population
Alger, ville dont la population s'accroit chaque année de 10 000 habitants
"Alger-Revue", mai 1955

Le groupe ethnique européen passant de 179.546 à 192.890 augmente de 13.344 âmes. (17,43 % de la population européenne de 1948, 4,32 % de la population totale de 1948).

Le groupe ethnique musulman grandit beaucoup plus vite ; passant de 128.775 à 162.150 personnes, il s'est accru de 33.375 âmes entre 1948 et 1954.(25,11 de la population musulmane de 1948, 10,82 % de la population totale de 1948).

Envoi: Pierre Chatail
mise sur site le 8-12-2006

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Ce qui frappe le voyageur qui débarque en Alger à n'importe quelle période de l'année, c'est l'extraordinaire impression d'activité qui s'en dégage. Partout des chantiers de construction, privés ou municipaux, des rues surpeuplées ou encombrées dans lesquelles s'affairent les Services 'Techniques de la Ville pour y répandre l'éclairage, y poser des conduites nouvelles, des égouts, etc..

Ainsi, à un rythme accéléré la Municipalité d'Alger s'acharne à rattraper le retard accumulé depuis 15 ans par la guerre, ses séquelles... et l'absence de vision aussi.

L'enfant a grandi trop vite, ses parents ne se sont pas souciés de rajuster ses vêtements au fur et à mesure de sa croissance.
Aujourd'hui il faut faire tous les efforts en même temps.

Les précisions ci-après, illustrant les résultats du recensement de 1954, donnent une idée précise de l'aspect sociologique du problème algérois et de la rapidité de la poussée démographique.

POPULATION D'ALGER

A. - Accroissement
De 1948 à 1954, la population d'Alger ville est passée de 308.321 à 355.040 habitants, elle a donc augmenté de 46.119 âmes, soit 15,15 % de la population de 1948.

La raison de l'accroissement annuel est plus forte qu'entre les deux précédents recensements conformément aux lois de la progression géométrique. Si aucun élément nouveau ne vient le modifier, le rythme de cette progression aura encore augmenté au prochain recensement. La ville peut atteindre une population de 500.000 habitants d'ici une douzaine d'années.

Le groupe ethnique européen passant de 179.546 à 192.890 augmente de 13.344 âmes. (17,43 % de la population européenne de 1948, 4,32 % de la population totale de 1948).

Le groupe ethnique musulman grandit beaucoup plus vite ; passant de 128.775 à 162.150 personnes, il s'est accru de 33.375 âmes entre 1948 et 1954.
(25,11 de la population musulmane de 1948, 10,82 % de la population totale de 1948).

A ce rythme le nombre des musulmans aura atteint celui des européens dans 9 ans, la ville aura alors 460.000 habitants.

Dans cet accroissement, i excédent de natalité et l'immigration ont une part inégale suivant les groupes ethniques.

Pour les européens :
L'excédent de natalité représente 1 % par an.
L'immigration 1 % par an.
Pour les rrrusulmans :L'excédent de natalité représente 2,5 % par an.
L'immigration 1,5 % par an.

Alger ville ne grandit pas seule. Elle est le centre d'une agglomération qui vit avec elle et qui est passée de 473.261 à 585.000 habitants entre 1948 et 1954.

Cela représente un accroissement de 58,760 âmes pour l'ensemble des sept villes entourant Alger, passées globalement de 164.940 à 223.688 habitants.

Cet accroissement dépasse en rapidité celui d'Alger.

B. - Densité de la population.
Elle est passée de 224 à l'hectare en 1948 à 258 en 1954.
Mais la population: est très inégalement répartie sur les 1.400 hectares d'Alger, où la voirie représente 31 % de la surface et ou l'habitation ne représente que 23,70 %, soit 331 hectares. (D : 1.072 à l'hectare).

Le haut de la Casbah, avec 42.000 habitants sur 15 hectares bat les recot. ds do concentration avec près de 3.000 habitants à l'hectare, dans certains quartiers même la densité atteint 4.000 habitants à l'hectare. Les quartiers situés entre la rue Bab-el-Oued et la rue Randon sont presque aussi denses.

Bab-el-Oued tout à côté, ovec 35.000 habitants sur 43 hectares, atteint 750 habitants à l'hectare. Le vieux quartier Rovigo est également surpeuplé.

L'autre pôle de concentration est situé à Belcourt où l'on atteint le long de la rue Cervantès une densité de 1.000 habitants à l'hectare.

Les cités de recasement du Clos-Salembier atteignent la même densité, de même que les bidonvilles, ce qui est énorme quand on considère que la population normale d'un quartier d'immeubles à six étages est de 400 à l'hectare.

Les autres îlots très peuplés d'Alger sont le quartier de la rue de Mulhouse et le Champ de Manoeuvre. Il est intéressant de noter que l'îlot occupé par le grand immeuble du Champ de Manoeuvre atteint une densité de 750 habitants à l'hectare, alors que 80 % du sol est resté libre.

Le centre avoisine 400 habitants à l'hectare ; les quartiers du Hamma et du Ruisseau, encombrés par de nombreux entrepôts, n'atteignent pas 300 habitants à l'hectare. Le quartier de ville situé entre le Télemly et le Fort-l'Empereur n'atteint pas 200 habitants à l'hectare, tandis que les coteaux de Mustapha supérieur et de la Redoute ont moins de 100 habitants à l'hectare.

C. - Evolution
La population des arrondissements du centre 4 et 10, a diminué au fur et à mesure que les immeubles se transforment en bureaux.

Le 2è arrondissement, quartier de la Casbah, malgré sa très forte densité a vu augmenter encore sa population musulmane qui construit de véritables gourbis sur les toits de la Casbah (6.000).
13.000 habitants de plus qu'en 1948.

A Bab-cl-Oued, la population européenne a peu varié mais le groupe musulman et le groupe espagnol sont en forte augmentation.

Même augmentation très forte en pourcentage dans le 6è arrondissement qui voit diminuer sa population européenne.

C'est le quartier du Clos-Salembier qui a le plus évolué, sa population est passée en 6 ans de 28.000 à 40.493 habitants, avec un accroissement de 43,68 %.

C'est à l'heure actuelle le quartier où l'on construit le plus.

Du point de vue de la répartition des groupes ethniques ,il n'y a pas de ségrégation. A Alger, dans tous les quartiers on trouve des européens et des musulmans. Cependant certains quartiers sont plus particulièrement occupés par les musulmans, on remarque que ce sont des quartiers surpeuplés : Casbah et Belcourt.

Ceci montre qu'il faut faire dans l'immédiat un gros effort pour loger ceux des éléments de la population qui s'accroissent le plus rapidement.

 

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