LE PORT D'ALGER

PORT D'ALGER, RUCHE BOURDONNANTE
Grandeurs et servitudes des acconeurs ou tels que sont ces « hommes des coups durs »

Echo d'Alger du 6-4-4954 - Adressé par Francis Rambert
sur site :juin 2025

PORT D'ALGER, RUCHE BOURDONNANTE
Grandeurs et servitudes des acconeurs ou tels que sont ces « hommes des coups durs »

On ne pense au patient mais pénible travail de fourmis des remorqueurs du port et à leur obscur équipage que lorsqu'un drame de la mer, brutal, inattendu, aux proportions souvent gigantesques, atteint l'un d'eux, ou implique son aide immédiate.

Des noms que nous entendions quotidiennement, sans les écouter, reviennent alors, chargés d’espoir ou d’angoisse, sur toutes les lèvres « Tout n’est pas perdu... le Saint-Louis est parti à la rescousse... »

« Dés le premier appel de détresse le « Furet » a cinglé vers le point signalé... ». « Furet », « Saint- Louis » ; « Saint-Louis », « Furet ». entre guillemets, ou en caractère gras, dans les journaux ou dans les rapports d’experts, font ainsi pendant quelques jours figures de génies bienveillants capables de renverser le sort de la terrible bataille qui se livre entre la mer tentaculaire et l’orgueil démesuré de l’homme qui croyait pouvoir la maîtriser impunément.

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L’acconage, également connu sous le nom de manutention portuaire, est une composante essentielle de la logistique portuaire et du transport maritime. Cette activité joue un rôle crucial dans le chargement et le déchargement des marchandises dans les ports du monde entier. Dès lors, qu’est-ce exactement et comment cela fonctionne-t-il ? La réponse ci-après :

Qu’est-ce que l’acconage ?
De manière très résumée, l’acconage désigne l’ensemble des opérations de manutention et de gestion des marchandises à l’intérieur du port, que ce soit lors de leur déchargement des navires ou de leur chargement à bord. Ces opérations comprennent le levage, le déplacement, le stockage et la préparation des marchandises pour leur expédition.

Les différentes opérations d’acconage
Parmi les opérations qui peuvent être réalisées dans le cadre de l’acconage, il est nécessaire d’évoquer le déchargement des marchandises lorsqu’un navire arrive port. Cette étape prépondérante peut impliquer l’utilisation de grues portuaires, de chariots élévateurs ou d’autres équipements spécialisés pour retirer les conteneurs ou les marchandises en vrac du navire. Après le déchargement, les marchandises peuvent être placées dans des zones de stockage temporaires dans le port. Ces zones permettent de trier les marchandises et de les préparer pour leur transport ultérieur. De la même manière, l’acconage comprend également les opérations de chargement des marchandises à bord des navires. Cela peut inclure le chargement de conteneurs, de marchandises en vrac ou d’autres types de cargaisons.

https://www.socoma.fr/quest-ce-que-lacconage/

Echo d'Alger du6-4-1954 - Adressé par Francis Rambert
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          PORT D'ALGER, RUCHE BOURDONNANTE


PORT D'ALGER, RUCHE BOURDONNANTE
Grandeurs et servitudes des acconeurs ou tels que sont ces « hommes des coups durs »

On ne pense au patient mais pénible travail de fourmis des remorqueurs du port et à leur obscur équipage que lorsqu'un drame de la mer, brutal, inattendu, aux proportions souvent gigantesques, atteint l'un d'eux, ou implique son aide immédiate.

Des noms que nous entendions quotidiennement, sans les écouter, reviennent alors, chargés d’espoir ou d’angoisse, sur toutes les lèvres « Tout n’est pas perdu... le Saint-Louis est parti à la rescousse... »

« Dés le premier appel de détresse le « Furet » a cinglé vers le point signalé... ». « Furet », « Saint- Louis » ; « Saint-Louis », « Furet ». entre guillemets, ou en caractère gras, dans les journaux ou dans les rapports d’experts, font ainsi pendant quelques jours figures de génies bienveillants capables de renverser le sort de la terrible bataille qui se livre entre la mer tentaculaire et l’orgueil démesuré de l’homme qui croyait pouvoir la maîtriser impunément.

Puis, le danger écarté, ou la catastrophe consommée ils retournent au port, « au ras de la lame », petits, modestes, inaperçus. Ils n’ont même pas droit à une entrée triomphale. Ils ont fait leur « boulot », on n’a plus besoin d’eux, on les oublie. Jusqu'à la prochaine « grande sortie ». Ces « hommes des coups durs », calmes silencieux, que la mer a rendus d’acier, recommenceront leur tâche ingrate et monotone qui consiste, indéfiniment, de jour comme de nuit, par tous les temps, à « sortir », ou à « entrer » les imposants navires pleins de superbe qui les écrasent de toutes leurs superstructures mais qui ne pourraient rien faire sans eux.
Cependant, ils n'en éprouvent aucune amertume, car ils savent que ce rôle n'est subalterne qu'en apparence. Loin d’être avides d’une publicité tapageuse, leur bonheur tout intérieur, jamais extériorisé, n’est complet que lorsque le « patron », qui a commandé la manœuvre peut inscrire sur son livre de bord « en date du tant... entré, ou sorti, tel navire : R A.S. (rien à signaler) ».

Ces trois lettres, brèves comme leur conversation, constituent leur plus belle récompense et remplacent avantageusement n’en doutons pas les phrases toujours dithyrambiques, et quelquefois gênantes voire comiques des félicitations de « Pékin » non initiés, mais très officiels.

Et lorsqu’un de ces « sauveteurs en puissance » est à son tour cruellement atteint dans sa chair vive (l’accident du Furet II est encore présent à toutes les mémoires) ne croyez pas qu’il y ait plus de précipitation, plus d’énervement, ou plus de courage déployé pour venir en aide à l'un des leurs.

Tous les équipages se connaissent pourtant entre eux depuis l’enfance, s’aiment comme des frères — le même sang iodé, à base d’air salin, ne coule-t-il pas dans leurs veines ? — Mais le « patron » est là pour veiller sur le comportement de ces hommes, et il sait que « pour parer parfaitement à la manœuvre » il faut avoir l’esprit lucide et les nerfs solides.

Aussi, si ce jour-là l’angoisse étreint plus profondément leur cœur, s’efforcent-ils de n’en rien laisser paraître.

De . cacher, « ce sentiment de femme » comme une honte dans les replis de leur âme, commune à force d’être burinée par la mer.