
ASPECTS DU PORT D'ALGER
Avec ceux des petits métiers
Port : « enfoncement naturel ou artificiel de la côte, où
les navires trouvent un abri pour mouiller », nous dit le Larousse.
Pourtant, un port est bien autre chose encore : en fait, il a autant
daspects que de catégories dusagers qui, peu ou prou,
de la mer ou des quais, l'animent et le font vivre.
Chaque travailleur du port a en effet tendance à ne voir cette
formidable ruche bourdonnante quen fonction du labeur qui lui
est assigné.
Le marin qui « arrive à quai » après un long
périple, verra en ces alignements de môles et de hangars,
en ces valses endiablées de grues au travail, non pas une invitation
au voyage, mais bien une promesse de délassement. Cet ensemble
constitue ra pour lui « la terre » et ses délices,
dont il rêvait en cinglant les océans.
Pour les manutentionnaires, les dockers, les portefaix, ceux qui ont
pour mission dapprovisionner les navires ou de les décharger,
cette même vision, exactement la même dans labsolu,
sera une invite au dur ou fructueux labeur quotidien.
Pour la capitainerie, chargée de disposer les bateaux autour
des différents postes, un port sera dabord une vaste carte
minutieusement tenue à Jour par lofficier de service, au
fur et à mesure des divers mouvements. Les bateaux seront alors
uniquement des noms, les hangars des rectangles, les grues des points.
Les pilotes, eux, ne verront du port que des postes damarrage,
ou dappareillage, faciles ou difficiles par rapport aux courants,
à la visibilité du moment, à la grosseur ou à
la maniabilité du bâtiment à entrer, à la
conformation du quai choisi.
Pour le grossiste, un port « se résumera » à
la quantité de marchandises intéressantes quil abrite
dans ses entrepôts. Nous pourrions ainsi continuer indéfiniment
à démontrer que tout dans un port, comme dans la vie,
dépend du point de vue auquel on se place par rapport la chose
considérée.
Mais ce serait là enfoncer une porte ouverte.
Il est cependant une « sous-branche » de lactivité
portuaire qui est amenée à avoir une vue densemble
beaucoup plus vaste, beaucoup moins « bornée » des
« choses » des quais, nous avons nommé les :
Petits métiers du port
Quils soient gargotiers, passeurs, guides improvisés de
touristes fraîchement débarqués, transporteurs hippomobiles...
ou contrebandiers à la petite semaine, ceux qui ont embrassé
ces différentes professions sont en effet obligés, de
par leurs occupations mêmes à garder un contact étroit
avec tous les gens de mer,- clients éventuels.
Les usagers, à tous les titres, vivent de la mer, tandis que
« ceux des petits métiers », quels quils soient,
aussi petits soient-ils, vivent des usagers, de tous les usagers. La
différence est là.
Aussi, ces jours-ci allons-nous nous attacher aux pas de ceux qui, par
nécessité, ont rétabli le port dans son entité.
Le port dAlger, naturellement, qui plus que tout autre peut-être,
est un magnifique enchevêtrement de bruit, de senteurs et de couleurs.