LE PORT D'ALGER

PORT D'ALGER, RUCHE BOURDONNANTE
Les grutiers de nos quais sont-ils des maîtres de ballet qui s’ignorent ?

Echo d'Alger du 6-4-4954 - Adressé par Francis Rambert
sur site :juin 2025

PORT D'ALGER, RUCHE BOURDONNANTE
Les grutiers de nos quais sont-ils des maîtres de ballet qui s’ignorent ?

Les engins de levage sont à un port ce que bras et mains sont à l’homme. C’est dire leur importance.

Mais c’est également émettre une évidence. Car qui, de nos jours, oserait contester qu’il ne saurait y avoir de grand havre moderne sans outillage suffisant pour la manutention des marchandises ?

Comment, par exemple, Alger-Port pourrait-il accueillir les quelque 9.000 navires qui, chaque année, débarquent ou embarquent sur ses môles plus de 4 millions de tonnes de marchandises, si ses 23 postes d’amarrage, répartis sur ses 8.400 mètres de quais n’étaient des servis, en moyenne, par deux grues de trois à six tonnes par poste ?

Et nous ne parlons pas ici des grues flottantes, dont les silhouettes et la puissance sont bien connues des Algérois.

Aussi notre but n’est-il pas de démontrer la nécessité intrinsèque de ces outillage moderne, mais bien de dégager ce que nous osons appeler son utilité esthétique.

 

N.B  : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande
TEXTE COMPLET SOUS L’IMAGE.


Echo d'Alger du 8-4-1954 - Adressé par Francis Rambert
sur site :juin 2025

1300 Ko
retour
 


          Si vous voulez des grues
Si vous voulez des grues. En voici quelques-unes.


PORT D'ALGER, RUCHE BOURDONNANTE



PORT D'ALGER, RUCHE BOURDONNANTE
Les grutiers de nos quais sont-ils des maîtres de ballet qui s’ignorent ?

Les engins de levage sont à un port ce que bras et mains sont à l’homme. C’est dire leur importance.

Mais c’est également émettre une évidence. Car qui, de nos jours, oserait contester qu’il ne saurait y avoir de grand havre moderne sans outillage suffisant pour la manutention des marchandises ?

Comment, par exemple, Alger-Port pourrait-il accueillir les quelque 9.000 navires qui, chaque année, débarquent ou embarquent sur ses môles plus de 4 millions de tonnes de marchandises, si ses 23 postes d’amarrage, répartis sur ses 8.400 mètres de quais n’étaient des servis, en moyenne, par deux grues de trois à six tonnes par poste ?

Et nous ne parlons pas ici des grues flottantes, dont les silhouettes et la puissance sont bien connues des Algérois.

Aussi notre but n’est-il pas de démontrer la nécessité intrinsèque de ces outillage moderne, mais bien de dégager ce que nous osons appeler son utilité esthétique.

Vu sous cet angle, les statistiques perdent toute puissance évocatrice.

Et c’est heureux, car quoi de plus inhumain, et souvent de plus illusoire, que cette rébarbative succession de chiffres qui se veulent impressionnants, mais qui, la plupart du temps, surtout pour un non-initié, — donc pour la majorité — ne réussissent qu’à être désespérément monotone.

Pour moi, une grue en plein travail, ce n’est nullement un rendement, mais un fantastique et souple chorégraphe dressé à la verticale sur la pointe extrême de ses chaussons et virevoltant dans le ciel avec grâce.

Quant à la forêt de ferraille superposée et enchevêtrée, que constitue la somme des grues d’un port, ce n’est pas son potentiel d’élèvement qui m’impressionne, mais bien sa façon « crâne » de défier l’équilibre et la pesanteur.

Certes, je conçois que le grutier, qui, huit heures par jour, reste à douze mètres du sol dans une cabine inconfortable, n’ait pas du tout sur la question la même opinion que celui qui n’a jamais eu à subir les mille trépidations, grincements et tournoiements de la machine en plein effort.

Mais est-ce que le terrien, qui admire la ligne majestueuse d’un paquebot pourfendant la lame, songe toujours au travail de forçat des hommes des machines, chargés d’entretenir les feux dans une chaleur infernale ?

Il a bien assez, souvent, de ses propres soucis inhérents à sa vie d’usine, d’atelier ou de bureau.

Et il préfère s’accrocher à ce rêve qui passe, sans avoir à se demander s’il est réalité ou façade.