L'équipement technique moderne de l'Administration algérienne des P.T.T.
LE RADIOBELINOGRAPHE
est installé à Alger.
Dès maintenant l'Algérie et la France pourront échanger des photographies en moins d'une demi-heure

Au cours des derniers essais qui ont eu lieu hier : (le gaucheà droite : MM. Peigné, Danton, Lelluch, Escande et Bacqueyris devant l'appareil de réception et de transmission.
Après les liaisons radiotéléphoniques bilatérales France-Algérie qui permettent l'échange de communications, non seulement avec la métropole, mais également avec d'autres continents par liaisons transocéaniques.
Après l'équipement de nos trois départements par câbles téléphoniques souterrains qui ont considérablement amélioré le rendement du réseau.
Après l'installation du téléphone automatique, l'Administration algérienne des P.T.T., qui ne néglige rien pour faire bénéficier le public des plus récentes réalisations techniques, avait convié. hier matin, la presse et quelques personnalités à assister à l'installation définitive d'un centre d'émissions et de réceptions photographiques d'images et de tous documents, qu'ils soient autographies, dessinés ou imprimés.
Ce centre, dont la mise au point est achevée, sera d'ici quelques jours à la disposition du public.
(Lire la suite en cinquième page.( Nota: ici, ce sera sous l'article ))

Echo d'Alger du 25-2-1938, adressé par Francis Rambert
mise sur site : février 2014

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LE RADIOBELINOGRAPHE
(Suite de la première page)
Ce centre radiobélinographique —car c'est de lui qu'il s'agit — permettra à l'Algérie de recevoir ou de transmettre des photographies d'événements qui se sont déroulés quelques heures avant. Cette transmission dure de vingt à trente minutes et permet l'envoi, soit d'un positif, soit d'un négatif.

En ce qui concerne la presse, il permettra de publier dans les journaux du matin des clichés pris la veille en Europe, la transmission d'un texte ou d'une photo du format 13-18 coûtant 300 francs entre Paris et Alger.

Nous avons eu l'occasion, il y a une quinzaine de mois, d'entretenir nos lecteurs des essais de radiobelinographie qui se poursuivaient entre l'Algérie et la France par l'intermédiaire de liaisons bilatérales sur ondes courtes Algérie-métropole.

Rappelons succinctement le principe de transmissions et réceptions bélinographes :
Le document à transmettre est, soit une photographie, soit un télégramme écrit à la main ou à, la machine, soit un croquis, soit un plan, soit une figure quelconque.

Ce document est monté sur un cylindre qui tourne d'un mouvement uniforme en même temps qu'il avance lentement le long de son. axe. Un faisceau lumineux éclaire une très petite région du document et, grâce au mouvement du cylindre, tous les points du document défilent successivement devant la région éclairée. La finesse d'exploration peut atteindre 4 lignes au millimètre.

En face de la tache lumineuse se trouve une cellule photo-électrique qui reçoit une lumière modulée par les variations de teinte du document. La cellule, véritable rétine, enregistre les tonalités et transforme cette ondulation lumineuse en modulation d'un courant électrique qui est transmis, après amplification convenable, à l'émetteur de T.S.F. Celui-ci émet alors une onde modulée.

A la réception, cette onde agit également sur un oscillographe qui traduit exactement les différentes variations électriques en variations lumineuses. Ces variations lumineuses sont alors projetées sur un papier sensible ou un film vierge, et le document, une fois développé, représente fidèlement l'original.

Le secret des transmissions bélinographiques est assuré par le même dispositif qui est utilisé pour les communications radiotéléphoniques ordinaires.

Ajoutons, pour préciser un point d'histoire, que le fameux radio-journal que les Américains trouvent, tous les matins, téléimprimé par leur récepteur cie T.S.F., n'est autre qu'une application du bélinographe.

On pourra, d'autre part, envoyer des belinographes de n'importe quel point de l'Algérie relié par fil au réseau ordinaire, et ceci grâce au belinographe portatif.

L'appareil tient dans deux petites valises pesant une vingtaine de kilogs. L'une contient l'alimentation électrique. l'autre l'émetteur proprement dit. On branche cet appareil sur le circuit telégraphique ou téléphonique ordinaire et le circuit est alors établi avec le centre d'Alger.

Outre les représentants de la presse qui purent assister à la transmission depuis Paris d'une photo représentant l'arrivée des ministres anglais dans la capitale, assistaient à cette intéressante démonstration : MM. Escande, directeur des P.T.T. en Algérie ; Leliuch, ingénieur en chef des P.T.T.; Bacqueyris, chef du central radio-électrique d'Alger ; Danton et Bercy, du central radio-électrique.

Les explications techniques furent fournies par M. Peigné, ingénieur des établissements Belin, de Paris, qui conclut en souriant :
— Et maintenant, il ne reste plus aux grands quotidiens algériens qu'a acheter une valise de transmission belinographique qui permettra aux reporters en mission dans le pays de transmettre leurs documents photographiques quelques minutes après les evénements. — B.