Radio-Algerie
après vingt-six mois d'existence
où en est la télévision musulmane?

UNE INTERVIEW EXCLUSIVE DE M. FATHALLAH BENHASSINE
Chef des Services littéraires et artistiques des E.L.A.K. de Radio-Algérie
Textes,illustrations extraits de "Alger-Revue", printemps 1959- collection B.Venis
mise sur site le 18-10-2007

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ACQUIS : objet d'un engouement général, elle a transformé le mode de vie de nos concitoyens. Alger, centre de production par excellence des émissions musulmanes, polarise auteurs, artistes, techniciens. Ses émissions éducatrices et vulgarisatrices sont pour l'évolution de la masse le plus efficace des instruments.
MAIS... la production locale est encore insuffisante.Il n'y a pas assez de salles de spectacles et de locaux propre aux grandes représentations thêâtrales. Le téléspectateur musulman ne veut pas être traité en parent pauvre et une augmentation des heures d'émission en arabe doit être envisagée.
ALGER-REVUE de décembre 1957, consacrait un long article à la naissance de la Télévision Musulmane en Algérie. Nous évoquions alors les difficultés techniques qu'il a fallu surmonter et les efforts déployés pour doter notre ville d'un outil de diffusion, dont l'absence devenait un anachronisme dans une cité aussi moderne qu'Alger.

Vingt-six mois se sont écoulés depuis. Il nous a paru bon de dresser ici un bilan de ce qui a été fait et de parler de ce qu'il reste encore à faire pour les émissions musulmanes de la Télévision. Ce bilan s'impose, car le succès déjà rencontré par cette chaîne et l'espèce de petite révolution qu'elle a provoquée dans le mode de vie de nos concitoyens musulmans, interdisent qu'on le passe sous silence.

A cet effet, nous nous sommes adressés à celui qui, sur le plan organisation artistique, est en quelque sorte l'âme de la chaîne arabe de la Télé : nous voulons parler de M. Fathallah Benhassine, chef des Services littéraires et artistiques des E.L.A.K. de Radio-Algérie.

M. Fathallah Benhassine dans son bureau de la rue Berthezène.
M. Fathallah Benhassine dans son bureau de la rue Berthezène.

Semaine après semaine, jour après jour, avec un acharnement qui puise sa source dans le plus pur des dilettantismes, M. Benhassine élabore, organise et réalise les programmes, qui font la raison d'être de la télévision musulmane.

Car l'organisation des spectacles arabes n'est pas, à l'heure actuelle, une affaire aisée. Payant de sa personne, se heurtant souvent au scepticisme de certains, au sectarisme de collaborateurs, à l'incompréhension d'autres, M. Benhassine œuvre avec comme seul but, la sauvegarde du patrimoine artistique algérien. A ce patrimoine, la télévision offrait le cadre idéal pour s'épanouir et la chance inespérée de se perpétuer : M. Benhassine n'a pas voulu manquer cette chance.

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Notre conversation a tout naturellement porté sur l'émission " Rythmes et Chansons" retransmise tous les lundis, depuis la salle Pierre Bordes et qui connaît un succès rarement égalé.

- Les spectacles donnés à l'heure actuelle salle Pierre Bordes par France V (Émissions en langues arabe et kabyle), nous dit M Benhassine, ne constituent pas, à vrai dire, une innovation puisque ces mêmes E.L.A.K., du temps de MM. Wilson et Grinda, donnaient déjà des concerts publics de musique classique, populaire, moderne et variée, et allaient aussi bien dans l'Oranie (Oran, Relizane, Mascara, Mostaganem), que dans les autres villes d'Algérie (Bougie, Orléansville Blida, Cherchell , etc...).

-Dès l'installation de la Télévision à Alger, M. Gayraud, alors directeur régional de la R.T.F. en Algérie, avait conclu un contrat avec la troupe Mahieddine pour donner des représentations théâtrales, télévisées, depuis l'Opéra Municipal.

-Le Maire d'Alger avait répondu favorablement à cette demande, mettant alors à sa disposition, tous les lundis, la salle de l'Opéra Municipal d'Alger. Malheureusement, les événements ont paralysé la réalisation de ce projet.

-Cette année, nous avons voulu le reprendre et nous avons redemandé la même salle, mais en vain. Nous avons alors reporté notre espoir sur la salle Pierre Bordes, et, grâce à la compréhension de M. Dussaule, nous avons pu y donner des spectacles qui sont à la fois radiodiffusés et télévisés.

« Pour les connaisseurs du théâtre d'expression arabe, ils savent que leur répertoire est assez mal fourni pour donner tout un éventail de pièces de tous genres (tragédies, comédies, lyriques, vaudevilles, etc...). Ce qui a étonné certains et surpris beaucoup d'autres, c'est le succès remporté par ces spectacles. Cependant, on comprend aisément que le public n'ait pas cessé de les redemander car il en a été sevré, un peu malgré lui.

Maintenir le contact des artistes avec le public

QUESTION : Au-delà du côté «divertissement du public» quel but poursuivez-vous dans le cadre de ces émissions musulmanes télévisées?

R. :Il y a d'abord un but humanitaire : à savoir le versement des recettes aux œuvres sociales de la R.T.F. en Algérie. Ensuite un aspect social : procurer du travail aux artistes, leur permettre de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles et résorber ainsi le chômage qui règne dans cette corporation. Il ne faut point oublier qu'à l'heure présente les artistes ne trouvent plus à s'employer ni à l'Opéra ni dans les fêtes familiales traditionnelles.
Enfin leur permettre de reprendre leur métier dont, par une inactivité de plusieurs années, ils perdent la pratique. La télévision va parfaire leur art. Dans cette voie : apprentissage, recherche et perfectionnement, nous devons beaucoup à M. Noël Ramettre, chef du Service Réalisation qui a formé une équipe de premier ordre.

Q. :Trouvez-vous à Alger même, les éléments nécessaires à vos émissions?

R. :Alger constitue le centre de production par excellence et nous y trouvons tout à la fois les œuvres et les exécutants, ce qui n'existe nulle part en Afrique du Nord.

Outre la production locale que nous encourageons mais qui ne répond pas aux exigences de nos possibilités actuelles (trop d'actes, décors multiples) que, seule, une salle puissamment équipée permettrait de réaliser, nous puisons dans le théâtre universel par des adaptations d'œuvres anglaises, espagnoles, égyptiennes, italiennes, libanaises, etc...
...Car pour nous, contrairement aux affirmations de Kipling, l'Occident et l'Orient se rencontrent bien à Alger et personne ne pourrait le nier.

Ses possibilités d'exploitation de films tournés ou kinescopés par la R.T.F. en Algérie sont immenses. II suffirait de se pencher sur cette perspective pour en apprécier l'inestimable potentiel, aussi bien sur le plan dramatique que lyrique, sans oublier sa portée psychologique.

Pour amplifier, enrichir le répertoire local nous acceptons routes les initiatives et sollicitons toutes les collaborations - notre porte est grande ouverte à tous ceux qui, doués, veulent apporter leur pierre à l'édifice.

Q. : Combien d'émissions compte actuellement le programme arabe de la télé ?
R. : Elles sont pour l'instant au nombre de 5 :
1°/ Arts et Lettres , émission littéraire ou artistique diffusée tous les lundis et qui
dure 15 minutes (exemple : Rachid Ksentini, Lamartine, Ibn Khaldoun).
2°/ Rythmes et Chansons ", retransmise depuis la salle Pierre Bordes tous les lundis soir, alternée avec soit une dramatique (Le voyage de M. Perrichon), soit avec une lyrique (Al Koul ala Alkarch).

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Emission Rythmes et Chansons
Emission Rythmes et Chansons : un mariage, avec l'orchestre féminin de Mériem Fékai. Aux côtés de Latifa et Tizraoui, Mmes Nadjat, Hadjera, Bali, Dalila.

3°/ Une émission enfantine mixte (français et arabe), dont la durée est de 45 minutes.
4°/ Un film égyptien tous les samedis.
5°/ Une émission musicale le vendredi. Très éclectique, elle comprend tous les genres (classique, moderne, bédouin, oranais, etc.)

La durée de ces émissions est approximativement de quatre heures par semaine. Et pour répondre à une auditrice qui pose la question des deux langues (littéraire et dialectal), je précise qu'actuellement, en gros, nous donnons hebdomadairement 3 h. 45 de spectacles en dialectal et 15 minutes en littéraire.

Pendant le mois du Ramadan la R.T.F. a fait un effort particulier qu'il convient de souligner : la diffusion tous les jours (samedi et dimanche exceptés), à la fin des émissions, d'un court métrage réalisé dans nos studios.

Il faut diffuser chaque semaine une œuvre dramatique


Q. : Quels sont vos projets ?
R.: Aller toujours de l'avant, bien entendu. A cet égard il convient de préciser que notre but demeure la diffusion, chaque semaine, d'une œuvre dramatique ou lyrique indépendamment de l'émission " Rythmes et Chansons", de la salle Pierre Bordes.

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Salle Bordes : répétition de l'opérette "En Nagun el Hayat" Décor de Galliéro
Salle Bordes : répétition de l'opérette "En Nagun el Hayat" Décor de Galliéro

Cette émission est, en effet, dans notre esprit, une soirée essentiellement de variétés ; elle est si vous voulez, la nouvelle version de notre " Music-hall du dimanche ", qui, dans le passé, avait lieu au cinéma " Djamal ", puis ensuite au " Donyazad ".

Ce qui nous empêche actuellement de transmettre des pièces dramatiques ou lyriques, c'est le manque de locaux, la Maison de la Radio du boulevard Bru ne comportant pas assez de studios. C'est une question de crédits, car même à Paris, les studios et les services de la R.T.F. sont dispersés et vivent à l'étroit en attendant la construction.

Q. : Comment est organisé votre budget?
R. : La R.T.F. en Algérie ne reçoit ses ressources que de la Métropole, c'est dire que les redevances que l'Algérie lui procure, représentent une infime partie de son budget général. Aussi faudra-t-il signaler l'importance de cet apport sans lequel nous n'aurions pu faire aucun progrès réel et durable dans le domaine qui nous intéresse.
Voyez-vous, la R.T.F. en Algérie, en ce qui concerne les émissions musulmanes, remplit le rôle de mécène de l'Art en plus de celui d'éducateur et de vulgarisateur des sciences modernes et connaissances humaines. Elle a fait pour l'évolution de la masse et pour le combat contre l'ignorance,
voire même contre l'analphabétisme. plus que beaucoup d'autres institutions appropriées.

Je crois que nous sommes dans la bonne voie. Nous n'aurons qu'à persévérer, en demandant toutefois aux autorités locales responsables de nous faciliter la tâche en nous aidant à obtenir des salles de spectacles de choix, afin de satisfaire les spectateurs qui sont, avant tout, leurs administrés.

Par exemple ces derniers nous reprochent de n'avoir pas pensé à organiser à l'intention des mères de famille et des habitants de la banlieue d'Alger et de sa périphérie des matinées. Certes, nous y avons bien pensé, mais nous ne pouvons rien faire, faute de local.

Éloges et critiques

Q. : Nous savons que le public de la salle Pierre Bordes réagit énormément aux .spectacles qui sont offerts. Le téléspectateur réagit-il de la même façon?

R. : Les réactions de ce dernier sont différentes de celles du spectateur. Celui-ci communiant avec l'acteur, pénètre dans l'ambiance et joue le jeu, tandis que le téléspectateur isolé n'adhère pas entièrement au spectacle.
II faut dire que la télévision est un art nouveau qui cherche sa voie.

Q. :Recevez-vous des suggestions ou des critiques des téléspectateurs?
R. : Nous applaudissons chaque fois que nous recevons une lettre où les critiques sont exposées avec une netteté digne d'intérêt. Même si parfois elles ne sont pas justifiées, même si elles émanent d'une passion ou d'un égoïsme, ces critiques nous servent toujours. car elles nous montrent nos défauts ou nos points faibles ; ainsi nous nous efforçons de nous améliorer et
de satisfaire davantage les goûts qui, précisément, ne se ressemblent pas.

De même nous recevons des lettres contenant des éloges qui sont valables aussi, parce qu'il y a des travailleurs qui œuvrent dans l'ombre et qui ont besoin d'une satisfaction morale. En principe, les belles réalisations ne provoquent aucune correspondance, pour la bonne raison que c'est parfait, et les téléspectateurs comme les auditeurs croient sincèrement qu'ils méritent cela et qu'ils payent la taxe radio ou T.V. pour avoir des spectacles de ce genre. Mais quand il y a une petite lacune, tous se mettent à crier au scandale. En voici quelques exemples exprimant sans haine ni passion, leur point de vue:

" Monsieur,
"... Sans vouloir jouer au censeur, il est impossible de passer sous silence les critiques que font naître vos émissions, elles sont de deux ordres :
" Primo : médiocrité notoire,
" Secondo : mauvaise répartition des heures de programmation.
Vous disposez d' un moyen de diffusion exceptionnel, il vous est donc loisible de faire connaître de nouveaux talents, de nouvelles idées. Au lieu de cela, tout n'est que niaiserie, et dire que certains considèrent la télé comme le huitième Art ! telle n'est pas du moins l'opinion des téléspectateurs algériens.
" J'ai l'intention de vous parler aujourd'hui plus spécialement des émissions eu langue arabe,
REPORTAGES D'ACTUALITÉS :
" Ne pourrait-on pas éviter de passer des bandes qui ont déjà été programmées en langue française ?
"Exemple: le Salon de l'Aviation de Londres, déjà vu lors d'un précédent magazine de. l'aviation.
" Est-ce que les sujets de reportage manquent ? ou est-ce plutôt les crédits qui font défaut ?
CONCERTS DE MUSIQUE ARABE:
" Rien à dire, quelquefois trop courts.
FILMS DE COURTS MÉTRAGES (production locale):
" Quand on pense à tout le tapage qu'on a fait. à l'époque, sur les tournages du studio des Eucalyptus, on reste confondu devant d'aussi piètres résultats : deux douzaines de courts métrages et un moyen métrage. Si je ne m'abuse, il était, à l'époque, question pour les émissions en langue arabe, du fait qu'elles devaient se contenter uniquement de leurs propres productions, de prendre une certaine avance. En fait d'avance, je crois plutôt que vous avez fait comme le lièvre de la fable.
"Le but de la télévision étant de distraire et aussi d'instruire, je pense que votre effort de vulgarisation devrait porter sur des auteurs plus accessibles à la masse, En outre, je pense que vos efforts seraient plus payants si vous employiez de préférence l'arabe dialectal. Le producteur de cette émission est néanmoins à féliciter, même si parfois il vise un peu trop haut. Qu'il continue.

FILMS DE LONGS MÉTRAGES:
" Pour la plupart sans intérêt, mais dans l'état actuel des programmes, bonne diversion.

Émissions THÉÂTRALES:
"Bonnes en général mais n'existe-t-il pas de pièces écrites spécialement pour le théâtre d'expression arabe
" Je connais toutes les difficultés auxquelles se heurtent les organisateurs de spectacles, et plus spécialement quand il s'agit de théâtre arabe, le public ne répondant pas toujours aux espérances mises en lui. Il y a bien d'autres obstacles, on ne peut évidemment traiter tous les sujets, il faut respecter certaines lois fondamentales de l'Islam. Néanmoins, et malgré ces réserves, je persiste à croire que tous pouvez faire beaucoup mieux.

ÉMISSION ; " RYTHMES ET CHANSONS"
"Agréable divertissement sans plus, public trop bruyant, mais pourquoi s'obstine-t-on à vouloir intercaler des sketches dans cette émission, sketches parfois fort longs et qui irritent l'assistance déjà peu patiente.
" J'espère que les promesses qu'à faites votre directeur général, M. Chavanon, lors de son dernier passage à Alger, seront tenues (M. Chavanon avait fait ces déclarations en présence de son délégué M. Mallein, ingénieur général des Télécommunications, chargé de la direction de la RTF en Algérie, qui les tiendra certainement.).

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Selmon Wabid, chanteur au luth.
Selmon Wabid, chanteur au luth.
La chanteuse et actrice Nora
La chanteuse et actrice Nora
Le célèbre chanteur tlemcénien Hadj Larbi ben Sari, virtuose unique du "R'bab"
Le célèbre chanteur tlemcénien Hadj Larbi ben Sari, virtuose unique du "R'bab"

Mais puissent vos services ne pas oublier que nous sommes en Algérie. sur une terre de rencontre de deux civilisations et par leurs prochaines émissions, nous faire connaître et aimer en différentes activités les richesses de nos communautés

" Ma conclusion sera une phrase qui figure au Cercle Franco-Musulman et qui, je pense, pourrait être votre devise : "Enrichissons-nous de nos mutuelles différences " . Veuillez, etc...
M. KABERSELI Ahmed. 5, rue de la Pensée.

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"Cher Monsieur,
Peut-être ne vous sera-t-il pas indifférent, au milieu de toutes les critiques souvent malveillantes dont vous être l'objet, de recevoir les très sincères félicitations d'un téléspectateur qui suit toujours avec beaucoup de sympathie vos émissions. Votre adaptation du "Voyage de M. Perrichon " lundi dernier fut particulièrement réussie. Vos jeunes, très sympathiques par ailleurs, ont admirablement joué leur rôle. Je pense plus particulièrement aux interprètes de Salim et Omar, mais je n'oublie pas les autres, notamment Si Hadel, si plein de verve, Je vous demande de leur transmettre tous mes compliments. Quant à vous, je vous dit simplement " continuez". Vous avez compris que le public musulman tout comme un autre public a le droit d'être exigeant.
Encore bravo ! avec toute ma sympathie.""
Jean BERNARD.
Inspecteur Primaire, Châteaunenf - El-Biar

le méritoire effort des techniciens

Le téléspectateur qui le soir n'a qu'à tourner le bouton de son poste pour voir aussitôt s'animer le petit écran, ne soupçonne pas la somme de travail que doivent dépenser organisateurs et techniciens. Ce côté inconnu du public nous a été dévoilé, avec son amabilité coutumière, par M. Noël Rameute, chef du Service de la Réalisation de la R.T.F. en Algérie.

Ainsi, nous prenons pour exemple l'émission " Rythmes et Chansons " (et cet exemple est aussi valable pour toutes les autres émissions, tant arabes que françaises), les efforts pour les organisateurs commencent à partir du moment où il faut établir le programme. de l'émission, c'est-à-dire, plusieurs jours avant la diffusion. Et ceci n'est pas une chose aisée, car ils doivent, avec des possibilités souvent restreintes, " monter " un spectacle qui réponde à deux impératifs : être varié et plaire à un public particulièrement exigeant, parce que jeune. A cet égard, MM. Gribi et ses collaborateurs Safiri, Kazdarli, Tizraoui, le présentateur Sissani et d'autres encore, font preuve d'un dévouement plus que méritoire.

Répétition sans technique

Une fois donc le programme établi, les répétitions commencent. Celles-ci ont lieu dans des conditions très précaires. En effet, alors que pour la chaîne française les répétitions ont lieu pendant trois jours avec la technique, c'est-à-dire avec les caméras alimentées, ce qui permet d'en contrôler la marche, l'image, le repérage, etc..., les répétitions pour la chaîne musulmane, ont lieu dans un local privé et " à l'italienne ", autrement dit : sans caméras ni décors. Ceci est dû, d'abord au fait que la Maison de la Radio, boulevard Bru, n'a pas assez de plateaux (2 plateaux pour l'ensemble des émissions), ensuite au fait que la salle Pierre Bordes n'est disponible qu'un jour par semaine. Au demeurant, cette salle ne se prête nullement aux exigences de la prise de vue télé, les caméras devant être fixées alors qu'elles se déplacent librement dans un vrai studio.

I.es répétitions ont donc lieu, pendant plusieurs jours, sans technique. C'est seulement, le jour même de la représentation, qu'une répétition se déroule devant les caméras, en costumes et dans les décors.

Signalons en passant que la question des décors est actuellement l'un des grands soucis des responsables, les moyens dont ces derniers disposent étant, là aussi, très restreints et Sauveur Galliero doit se contenter de rajeunir et de réadapter de vieux décors.

lundi : Jour " J "

Le lundi, jour de l'émission, le travail commence bien avant 8 heures, avec l'arrivée du car télé.

Alors que les organisateurs préparent l'ultime répétition, les techniciens installent les caméras, les câbles, la prise de son, etc... Puis le réalisateur, en l'occurrence Gribi

Mustapha Gribi, le réalisateur règle le cadrage d'une scène.
Mustapha Gribi, le réalisateur règle le cadrage d'une scène.

Mustapha, entre en scène. Son rôle est très important, car de lui dépend la réussite technique du spectacle. Le réalisateur commence par régler son travail sur scène, il fait répéter le texte et jouer les comédiens en fonction des caméras fixes et non mobiles. Disposant de 4 caméras plantées dans 4 coins de la salle, il a donc 4 perspectives différentes de la scène. installé dans la cabine du car, il doit faire un choix des images qui lui sont renvoyées et qu'il suit sur 4 écrans placés devant lui. Son choix doit respecter la progression de l'action et refléter la quintessence du spectacle. M. Ramertre nous dira à ce sujet : " Gribi obtient un travail plus qu'honnête ".

Il est juste de signaler la compétence et le dévouement de techniciens, tels que MM.Watine, chef du Centre Vidéo, Teulon, ingénieur du son, Ortolan, etc.

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Le populaire Lili Boniche
Le populaire Lili Boniche

Le téléspectateur musulman ne veut pas être traité en parent pauvre

Comme on le voit, indépendamment des organisateurs, artistes et employés, la moindre émission télévisée met en branle une véritable armée de techniciens. Ici, l'un est solidaire de l'autre et le succès final dépend de l'harmonie de tous.

Certes, il y a encore des imperfections, des insuffisances ; des améliorations s'imposent :
le téléspectateur musulman, notamment, ne veut pas être traité en parent pauvre. On connaît son engouement pour la radio et,tout récemment, pour la télévision. Pour cette dernière, cet engouement ne demande qu'à se renforcer, Nous n'en voulons pour preuve que le bond qu'a fait le nombre des téléspectateurs musulmans depuis la création de l'émission " Rythmes et Chansons".

Il est donc dans l'intérêt même de la R.T.F. d'augmenter sensiblement les heures d'émissions en arabe. Puisse ce vœuêtre exaucé !

Interview recueillie par Samir HANAOUI

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«... Je souhaiterais que dans les Mairies des plus petites communes de France il y ait un poste de Télévision pour que ceux qui sont isolés, qui sont déshérités, qui sont malheureux et qui sont surtout trop séparés de la communauté des âmes puissent se vivifier, puissent retrouver un contact humain qui leur permette de mieux vivre et de se sentir revenir à ce grand courant de la vie que la Télévision apporte avec ses images ".

Ainsi Marcel L'Herbier, récemment concluait ses remarquables déclarations sur "l'Art nouveau " de la T.V.
Pensait-t-il, à ce moment-là, à notre T.V. musulmane encore en gestation ? Sans doute pas.
Et cependant... avec quelle pertinence ce souhait si lucide, si humain, pourrait-il être formulé sur ce sol !

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L'orchestre moderne des E.L.A.K dirigé par M.Scandrini, au piano.
L'orchestre moderne des E.L.A.K dirigé par M.Scandrini, au piano.