Alger, la rue d'Isly, place d'Isly et environs.
Casino
La saison Théâtrale à Alger" extraits de "La Terre d'Algérie" (ancienne Algérie Hivernale) 11ème année n° 21, Noël 1920
Envoi : Francis Rambert
sur site le 13-11-2008

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AU CASINO

Le music-hall a pris une place énorme dans la vie moderne. Alger, capitale de l'Afrique du Nord, grand centre du tourisme algérien, station hivernale de première importance doit à sa population et à ses visiteurs un spectacle où puissent rivaliser les " attractions " les meilleures parmi celles qui sont produites sur les scènes du monde entier.

Ce spectacle, on le trouve tous, les soirs, au Casino de la rue d'Isly, accompagné par un orchestre de tout premier ordre, que dirige, avec une incomparable maestria, M. Terrier, habitué, par de l
ongues années de pratique, à son public et aux artistes et à la science duquel on ne fait jamais appel en vain.

La salle, on la connait, c'est la belle salle de music-hall, entièrement remise à neuf cette année, claire, gaie, pimpante, avec ses fauteuils confortables, son promenoir spacieux, son immense brasserie, son bar américain et ses salons de jeu où
l'ons'entassait, l'an dernier, quand la municipalité n'était pas trop exigeante et n'avait pas encore tué la poule aux œufs d'or.

Les artistes ? Il faudrait prendre la liste complète des vedettes françaises et étrangères pour citer tous ceux qui furent applaudis au Casino.

Nous y avons vu tous les " as " qui se sont partagés la faveur du public des Music-halls, depuis Paulus, Ouvrard, Polin et Mayol et des revues sensationnelles, à grand spectacle, des ballets prestigieux, des acrobates audacieux, des comiques hilarants. J'y ai applaudi Nibor ; j'ai ri aux larmes à une pièce théâtrale jouée par des cabots - je veux dire des chiens - j'ai admiré l'ingéniosité des fantoches - c'est de poupées en bois que je parle - et j'ai frémi pendant les exercices au trapèze volant des frères Stanley, dont la chute mortelle angoissait les spectateurs, qui venaient de rire aux larmes pendant le " numéro " précédent.

Pour ne citer que les dernières vedettes, je me souviens d'Andrée Turcy, cette étonnante diseuse réaliste, au talent digne des meilleures scènes de comédie et dont la voix ferait merveille dans l'opéra-comique, de Torcat, qui eut la patience de dresser 60 coqs de toutes tailles et de tous plumages ; des Melcors, acrobates au tremplin, de Georges Roger, extrèmement comique et des clowns si drôles, si formidablement artistes qu'ils font rire avec un geste, un mot, un rien : Antonette et Biby.

Maintenant, des danseuses espagnoles : le trio Hernandez, tiennent l'affiche ; -une excellente chanteuse, Raymonde Dedax, se fait applaudir et l'on nous annonce un médium extraordinaire qui fait actuellement fureur au Palais de Cristal de Marseille : Kernol et Ariane. Nous savons que sont engagés pour de prochaines représentations : Perchicot, l'ancien champion. cycliste, l'artiste de Music-hall du moment : Grinda, Couchoud, Amor et Sardou, l'inénarrable comique algérien - et nous n'ignorons pas que, dans la saison, outre l'innombrable suite d'artistes de tout ordre, de tout genre, tous minutieusement sélectionnés, la direction du Casino nous offre une troupe japonaise sensationnelle ; un illusionniste extraordinaire, un grand ballet de dix-huit danseuses anglaises... J'en passe... et des meilleurs !

En ai-je assez dit ? Une seule constatation, pour finir ; notre Music- hall ne désemplit pas. oIl faut y louer des places à
l'avance, si l'on ne veut pas rester debout, au promenoir. N'est-ce pas la preuve qu'il répond à un besoin et qu'il donne satisfaction au public ?

Il trouve sa place dans la liste des distractions qu'Alger offre à ses hiverneurs. Et c'est le plus intéressant éloge qu'il soit permis à notre journal de lui faire.