rue Fafayette, quartier rue Michelet - Alger
Sur une idée de Jean Delacour, aves photos et plan de Jean Delacour
Le plan et les photos 2 et 3 sont de J. Delacour, les photos 1, 4, 5 et 6, de Dominique Verroust.
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mise sur site le 3-5-2003

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Passer la souris sur les lettres, soit une inscription apparaîtra alors soit accés à une page par un clic...peut-être, comme je le dis souvent. Je ne suis pas maître des caprices microsoftiens et billgatiens.(que deux tu l'auras)

Rue Lafayette

---------J'ai vécu de 1936 à 1956 rue Lafayette, dans un immeuble situé au n°20. Le plan ci-joint donne une vue d'ensemble de la rue et de son environnement immédiat. Les principaux lieux sont indiqués par des lettres. Pour les lettres de A à K, voir le texte principal. La signification des autres lettres est indiquée ici. L : petit chemin en zigzag et escalier joignant la rue Daguerre au Telemly. M : escalier reliant la rue Isidore-Tachet au Telemly. N : rue Linné. O : rue d¹Alembert. P : escalier de la rue Drouillet. Q : Hostellerie Bressane. Noter que la rue Cartier passait sous le Bd Saint-Saëns.


---------La plupart des relations topologiques sont très probablement exactes ; il n'en est pas de même des données métriques, longueur et largeur des rues, dimensions des espaces habités, et valeur des angles. De plus, bien qu'ayant souvent emprunté la rue Lafayette, j'ai quelques doutes sur certaines des habitations qui la bordaient. Cela est dû, bien sûr, aux causes générales de l'oubli mais aussi à deux causes plus spécifiques. A partir des années 50, de nouveaux immeubles de grande dimension ont été construits au bord de la rue, bouleversant ses premières images. De plus, l'immeuble que j'habitais avait également une entrée dans la rue Ravel, or, pour différentes raisons, j'étais beaucoup plus attiré par cette rue et ses environs que par la rue Lafayette. L'espace de mon enfance avait donc deux " côtés " très différents, le " côté Lafayette " et le " côté Ravel ". Dans ma mémoire, la représentation du second est beaucoup précise que celle du premier.
---------Je vais parcourir la rue Lafayette dans le sens ascendant, c'est à dire du Bd Saint-Saëns au Bd du Télemly en indiquant ce qui me reste en mémoire. Les corrections, les compléments par les lecteurs éventuels seront les bienvenus. Je me limiterai aux données " géographiques " ; cependant un fait historique mérite d'être cité. C'est au n°2 de la rue, dans un appartement du grand immeuble (A) qui, faisant l'angle avec le Bd Saint-Saëns, marquait le début de la rue à droite, que fut décidé, le 21 décembre 1942, l'attentat contre l'amiral Darlan. Parmi les conjurés, le comte de Paris et Henri d'Astier de la Vigerie. L'attentat, perpétré par Bonnier de la Chapelle, eût lieu le 24 décembre, au Palais d'Eté. Comme chacun sait, ce fut l'un des faits marquants de l'implication d'Alger dans la deuxième guerre mondiale ( M. Junot, Opération " Torch ". Editions de Fallois, Paris, 2001, page 289). Photo 1 (fin des années 70) Elle montre l'angle que fait le numéro 2 de la rue Lafayette avec le Bd Saint Saëns.
---------Restons sur le côté droit de la rue. Jusqu'à la rue Daguerre et au moins jusqu'à 1956, la rue était bordée de ce côté, après l'immeuble A, par les jardins de deux ou trois maisons individuelles dont je n'ai pas une image nette. Côté gauche, il y avait au début de la rue un grand immeuble (B) qui abritait un garage qui s'ouvrait sur le Bd Saint-Saëns, au numéro 38. Je me représente mal ce qu'il y avait après cet immeuble, peut être une villa avec un jardin. Ce qui est sûr c'est que la plus grande partie de la montée jusqu'à la rue Daguerre, était bordée de ce côté par un terrain vague (C) qui descendait jusqu'à la rue Cartier et où se trouvaient dans la partie la plus basse, un ou deux gourbis. La rue Cartier, que je me représente mal, se prolongeait par ce qui, sur les cartes, est appelé le passage Calmels. Je crois n'avoir jamais fait attention au nom de ce passage mais je me représente bien ce qu'il fut jusqu'à la fin des années 40 : un chemin terreux et caillouteux, très escarpé. Au début du passage, je pense qu'il y avait l'entrée du jardin d'une grande villa mauresque (D) située dans le ravin entre la rue Daguerre et la rue Desfontaines
---------Au début des années cinquante, le côté gauche de la moitié inférieure de la rue fut profondément modifié par la construction, dans le terrain vague (C), d'un grand immeuble, " Le Lafayette " Photo 2. Cette photo, des années cinquante, est prise probablement du haut de la rue Lafayette, peut être d'un balcon de mon appartement.
Nous sommes arrivés en haut de la première moitié de la rue Lafayette. A gauche, en avant du " Lafayette " et bien plus ancien, un immeuble de 6-7 étages (E) faisait l'angle avec la rue Daguerre. A sa base, une épicerie. La seconde moitié de la rue Lafayette, qui commence de l'autre côté de la rue Daguerre, était très différente de la première. Alors que celle-ci était plantée d'arbres, des pins je pense, la seconde moitié en était totalement dépourvue, ce qui la rendait beaucoup plus lumineuse. De plus, il n'y a eu pendant longtemps dans la seconde moitié de la rue Lafayette qu'un seul immeuble, celui que j'habitais, au n°20, à peu près à mi-pente à droite (F). Toujours à droite, à part l'immeuble, des maisons individuelles avec de petits jardins ou des courettes.
---------À gauche, la seconde moitié de la rue était bordée jusqu'au 2/3, de sa longueur par un mur nu, d'environ 3 mètres de haut, surmonté de tessons de bouteille. C'était la clôture d'un grand jardin (G) qui faisait l'angle avec la rue Daguerre. Il dépendait d'une grande villa (H) à laquelle les loggias des deux étages et surtout un bougainvilliers qui couvrait une grande partie de la façade, donnait un style vaguement colonial. De mon appartement, au 4ème étage de l'immeuble F, j'avais une vue d'ensemble sur cette propriété ; elle semblait à moitié abandonnée à en juger par l'état du jardin, de la façade et du grand portail rue Daguerre ; seuls l'habitaient une vieille dame et son fils (?). Sur la droite de la villa, entre elle et la rue Lafayette, il y avait une maison (I)( Cette maison a été habitée pendant quelque temps par le professeur Sallet qui a enseigné les lettres au lycée Gautier vers la fin des années 40 et au début des années 50. Passionné par le théâtre, il a contribué à le développer à Alger. Plus tard, de retour à Paris, il devint, sous un pseudonyme que je n'arrive pas à retrouver, l'un des critiques de théâtre les plus influents.) faisant partie de la propriété ; un portail s'ouvrait à son niveau dans le mur. Plus haut dans la rue, indépendante de la villa, une petite maison avec un jardin. Enfin, bordant le haut de la rue Lafayette, un terrain vague (J) qui longeait le Telemly et, en pentes rapides, descendait jusqu'à la rue Daguerre.
---------Sur ce terrain vague fut construit, dans les années 50, à peu près en même temps que le " Lafayette " en bas de la rue, un ensemble d'immeubles. Certains bordaient la rue Daguerre (Ces nouveaux immeubles ne sont pas représentés sur le plan car je ne connais pas leur configuration. Ils bordaient la rue Daguerre à la suite de l'immeubles ancien situé dans le prolongement de la villa H.). Un autre, (K), appelé " l'immeuble des fonctionnaires ", dominant l'ensemble, longeait le Telemly du numéro 67 au numéro 71. C'est cet immeuble que l'on voit sur la photo 3 (années cinquante). En avant et en dessous de " l'immeuble des fonctionnaires ", on voit une terrasse avec une buanderie et un toit : c'est le sommet de la maison (I) de la propriété au grand jardin.
Enfin, last but not least, le haut de la rue Lafayette aboutissait à des escaliers, deux volées symétriques d'une douzaine de marches si je ne me trompe, qui débouchaient sur le Telemly, avec, à une vingtaine de mètres à droite, l'institution Ste Elisabeth, au n°65.
---------Je n'ai pas de photo récente de la rue Lafayette. Les photos 4, 5 et 6, comme la photo 1, datent de la fin des années 70. Elles montrent que, dès cette époque, les changements étaient considérables.
---------Photo 4. vue de la moitié supérieure de la rue Lafayette à partir du trottoir de droite de la rue Daguerre. La structure de la rue est très modifiée : dans les années 50, il n'existait d'escaliers que du côté droit et aucun arbre, alors qu'on voit ici des arbustes dans la région centrale. À gauche, des immeubles ont été construits dans le grand jardin. A droite, l'immeuble le plus visible est nouveau ; celui que j'habitais est juste en dessous et en retrait, on en voit une petite partie, en arrière du palmier ; par contre, on le voit presque en entier sur la photo 5. D'après la photo 4, quelques petites maisons dans le haut de la rue à droite semblent avoir été surélevées. La photo 6 montre la rue dans le sens descendant, probablement à partir du dernier tiers. La maison (I) (sur la droite dans le sens de la descente) a peut être été préservée et surélevée. Côté numéros pairs (à gauche dans le sens de la descente), le grand immeuble est celui indiqué comme nouveau sur les photos 4 et 5. Il a été construit sur l'emplacement d'une petite villa juste au-dessus de mon immeuble.
---------Il apparaît ainsi clairement que ce qui a caractérisé la rue Lafayette, c'est l'ampleur des changements qu'elle a subis au cours des années 50, illustrant le fait qu'elle appartenait à une zone intermédiaire entre les quartiers du centre et les " hauteurs de la ville ". Les deux terrains vagues ont permis la construction de grands immeubles marquant la croissance de la ville vers le haut, croissance qui s'est prolongée, au-delà du Telemly, par la construction des immeubles de l'Aéro-Habitat. Plus tard, les immeubles construits sur l'emplacement de la propriété H et de la petite villa située au n°22, juste au-dessus de l'immeuble F, ont " complété " la partie haute de la rue. La photo 6 montre que des immeubles ont été également construits sur le bord droit (à gauche sur la photo) de la moitié inférieure de la rue.
---------Pour terminer, après toute cette anatomie, un peu de physiologie. La vie locale de la rue Lafayette était peu intense à cause de la faible densité de la population et de l'absence de commerces. Les commerces les plus proches étaient situés rue Daguerre : l'épicerie au pied de l'immeuble E, une autre sur le trottoir opposé et plus bas, un peu avant la rue Ravel ; enfin, une boulangerie au pied de l'immeuble ancien dans le prolongement de la propriété H. Les terrains vagues étaient évidemment des terrains de jeu pour les enfants, Je n'ai fréquenté que celui du haut (J). Il n'était pas très attractif à cause de sa saleté et de l'hostilité d'une petite bande de garçonnets de mon âge (tout à fait inoffensifs) qui le considérait comme son territoire. Je jouais beaucoup plus du côté Ravel dans les rues Linné et d'Alembert qui étaient, en fait, des impasses très commodes pour le vélo, le football et la chasse aux chats.
---------De jour, l'essentiel de l'activité de la rue Lafayette était le passage d'habitants du Telemly ou des rues au-dessus, allant travailler dans des quartiers situés plus bas ou revenant de leur travail. Dès le Bd Saint-Saëns, tout près du débouché de la rue Lafayette, il y avait deux gros employeurs : l'administration des Chemins de Fer Algériens et les bureaux de la Shell. De plus, on accédait par la rue Drouillet, presque en face de la rue Lafayette, au quartier de la rue Michelet. Ne pas négliger dans la physiologie de la rue Lafayette le passage des élèves de l'institution Ste Elisabeth venant du Bd Saint-Saëns, de la rue Michelet et de rues avoisinantes. Leur passage avait un sens inverse de celui des " travailleurs " : elles montaient quand ceux-ci descendaient et réciproquement. En somme, bien qu'interdite à la circulation automobile, la rue Lafayette était certainement une des principales voies entre les " hauteurs de la ville " et son centre.
---------Et la nuit ? La nuit, il ne se passait pas grand chose. Le samedi et le dimanche, l'après-midi ou en début de soirée, un petit courant, composé en partie de familles, descendait vers les cinémas du centre et, quelques heures plus tard, c'était le courant ascendant de retour. Dans le silence de la nuit, on entendait parfois des bribes de critique cinématographique.
---------Ces informations sont évidemment incomplètes et, sur certains points, peuvent être erronées. Aux lecteurs de jouer. Pourraient-ils m'apporter une réponse aux question suivantes :
---------- Quel était le nom du boulanger de la rue Daguerre ; il était espagnol et sa fille s'appelait Marie-Thérèse.**
---------- Quel était le nom de l'épicier à l'angle de la rue Lafayette et de la rue Daguerre (immeuble E).***
---------- Qui étaient les habitants de la grande villa au bougainvilliers (lettre H du plan).réponse du 15-4-2018****
---------- Quel était le pseudonyme parisien du professeur Sallet.
---------- Qu'est-ce qui remplissait l'espace qui bordait la partie droite de la moitié inférieure de la rue Lafayette, côté droit en montant, au-dessus de l'immeuble A du plan.
---------- Qui étaient les habitants de la villa mauresque située dans le ravin entre la rue Desfontaines et la rue Daguerre (espace D du plan).
---------Merci d'avance pour leurs réponses.
**16-5-2010.- A votre question sur le nom de famille de Marie Thérèse au 34 de la rue Daguerre :c'est MASANET. Son père etait le boulanger et nous habitions au premier étage juste au dessus. Son frère Henri habite Carcassonne On continue à se voir régulièrement ...on a beaucoup de souvenirs .J'ai son adresse mail au cas où tu chercherais à rentrer en contact avec sa soeur. De la rue Daguerre : Henri Masasnet ,J.LUC Spirito , Norbert Aragno et moi meme. Nous nous retrouvons une fois par an pour rire pendant 2 jours. Serge Tigneres , 42 place Chopin 66510 Saint- Hippolyte
***14-11-2011.- Bonjour, le nom de l'épicier à l'angle des rues Lafayette-Daguerre était
M. et Mme VINCENT. Je suis la fille du boulanger, Marie-Thérése MASANET. Merci pour votre site, c'est toute ma jeunesse
****15-4-2018.- Jacques de chancel : « Revenant d'un petit voyage à Alger, pour voir quelques lieux familiaux (je suis né en france en 1966), j'ai eu l'occasion de visiter votre site en cherchant des informations.
je suis tombé sur la page "rue lafayette".
je voulais vous informer que la maison/jardin H sur le plan (croisement rue Lafayette/ rue Daguerre) a été occupée par mon arrière-grand-père Maurice Lemaire et mon arrière grand-mère Henriette Lemaire (née Desvignes), et ce depuis le début du 20ème siècle (mariage Maurice Lemaire x Henriette Desvignes en 1877). La maison avait dû entrer dans la famille par son père Félix Desvignes (et donc mon arrière-arrière-grand-père), lui-même mort à Alger en 1888.
Mon arrière-grand père Maurice Lemaire y est mort en 1915, et mon arrière grand mère Henriette y a habité jusqu'à sa mort en 1944.
A un étage de la maison habitait également son fils Henri Lemaire, avec sa femme Paulette, et les 2 garçons de celle-ci.
Y ont habité également, en 1925-1926, mon grand-père Jacques de Chancel, avec son épouse Aimée née Lemaire, et leurs trois enfants, dont mon père Jean née en 1926.
Probablement y a habité encore la deuxième fille d'Henriette Lemaire, née Desvignes, Jeanne Lemaire, épouse Pierre de Chancel, avec ses trois enfants, vers 1920-1930.
Après 1944, et jusqu'en 1952, date à laquelle la maison a été vendue, elle a dû être occupée par mon grand oncle Henri, mais je n'ai pas de certitude.
En revanche, mon père a longuement décrit cette maison, où habitait donc sa grand-mère, et parle du jardin, du haut mur avec les tessons de bouteille, des dépendances.
je vous joins une photo, prise du bd Telemly , vers le bas dans la rue Lafayette, où je pense qu'on voit, à l'emplacement de la grande terrasse, l'emplacement de cette maison/jardin H.

salutations,

Jacques de Chancel

maison h


 

Jean Delacour


grande villa (H) à laquelle les loggias des deux étages et surtout un bougainvilliers qui couvrait une grande partie de la façade, donnait un style vaguement colonial. grand immeuble (A) , où  fut décidé, le 21 décembre 1942, l'attentat contre l'amiral Darlan grand immeuble (B) qui abritait un garage qui s'ouvrait sur le Bd Saint-Saëns, au numéro 38 un terrain vague (C) qui descendait jusqu'à la rue Cartier A gauche, en avant du " Lafayette " et bien plus ancien, un immeuble de 6-7 étages (E) faisait l'angle avec la rue Daguerre immeuble, celui que j'habitais, au n°20, à peu près à mi-pente à droite (F) la clôture d'un grand jardin (G) qui faisait l'angle avec la rue Daguerre. maison (I) faisant partie de la propriété , l'institution Ste Elisabeth, au n°65. " l'immeuble des fonctionnaires ", dominant l'ensemble, longeait le Telemly du numéro 67 au numéro 71 'une grande villa mauresque (D) terrains vagues = terrains de jeu pour les enfants, Je n'ai fréquenté que celui du haut (J) bd Saint saens