Souvenirs :
1°/ Galoufa
pnha, n°90, mai 1998
sur site le 20-3-2003

2°/ HYGIENE ET SALUBRITE. -Capture des chiens errants dans les communes suburbaines. Relèvement de la redevance.
bulletin municipal, décembre 1953, n°132
le 5-10-2008

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-----0n désignait autrefois en Algérie, depuis toujours, sous le nom de "Galoufa" l'employé municipal chargé de capturer les chiens abandonnés, pour les conduire à la fourrière.

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-----L'éthymologie de Galoufa mot issu du riche et savoureux dialecte Méditerranéen se réfère au mot gueule, et signifie glouton, vorace apparenté à ganache et à gnaton. Galoufa n'aurait pas été désavoué, s'il avait été connu par Rabelais qui en aurait fait le cousin de Grandgousier.

-----C'était pendant la guerre en 1942, peu avant le débarquement Anglo-Américain du huit novembre en Afrique du Nord. Jean Lermac était interne à l'Hôpital Civil de Mustapha d'Alger. Les services étant choisis à l'ancienneté le hasard des affectations lui avait attribué le Pavillon de Chirurgie de Garde qu'il cumulait avec la Consultation Normale du Bureau des entrées, à laquelle étaient aussi annexés quelques cabanons isolés,où étaient enfermés les prisonniers de droit commun, en traitement à l'hôpital et le service des rabiques. Ce pavillon recevait tous les opérés des vingt quatre heures de la garde précédente : urgences chirurgicales, plaies et blessures, accidentés de toutes sortes. Les rabiques étaient les gens qui avaient été mordus par des chiens présumés enragés ou par n'importe quel animal sauvage ou domestique suspecté de rage. Il y avait parmi eux quelques simulateurs, qui pour ne pas partir à la guerre se faisaient mordre par des chiens ou griffer par des chats, et qu'il était pratiquement impossible de démasquer; ils suivaient le traitement comme les autres, ce qui retardait leur mobilisation au moins pour un temps. Ce traitement comportait une série d'injections de vaccin préparé par l'Institut
Pasteur d'Alger. Les malades réels ou suspects étaient logés dans un local à part, et amenés en ambulance tous les matins, à l'annexe de l'Institut Pasteur où se faisaient les piqûres. Seuls quelques rares cas de malades très gravement atteints et considérés comme dangereux étaient isolés dans des cabanons spécialisés et rigoureusement mis au secret.

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L'ensemble était gardé par un petit poste de police, dont les trois ou quatre agents assuraient en même temps la surveillance de l'hôpital.

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A Alger le service de ramassage des chiens errants était remarquablement organisé. A l'origine il s'agissait d'une voiture tirée par un cheval, conduite par un cocher. Galoufa marchait en tête, un lasso et un fouet à la main, pour capturer les chiens. Il était accompagné par deux agents de police chargés de faire respecter l'ordre et de verbaliser les propriétaires récalcitrants, qui voulaient récupérer leurs chiens non tenus en laisse et muselés, comme l'exigeait le règlement municipal.
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Mais l'escorte ne s'arrêtait pas là. Pour la plus grande joie des gamins, et du bon peuple accouru aux fenêtres ou flânant sur les trottoirs, toute une foule d'enfants précédait et suivait la voiture en criant : "Galoufa, Galoufa", "Mata lo" Scapa ! attention ! sauve toi !". Les chiens effrayés par ce vacarme et tous ces cris, s'enfuyaient en aboyant, et Galoufa n'en attrapait pas beaucoup, malgré les efforts des agents qui n'arrivaient pas à disperser la horde hurlante, qui chassée d'un côté revenait en force à l'assaut, par toutes les rues voisines.

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La voiture avait une douzaine de cages grillagées qui formaient un véritable chenil ambulant. Par la suite ce fut une camionnette automobile qui remplaça la vieille voiture à cheval, mais le spectacle était toujours aussi pittoresque. Les chiens sentaient le danger et flairaient Galoufa avant même que les cris aient pu les alerter, et ils savaient se mettre en sûreté dans les entrées des immeubles, où Galoufa bien entendu n'allait pas les poursuivre.

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Oran comme Alger possédait son "Galoufa". Un soir celui-ci, un robuste et solide arabe, fidèle disciple de Mahomet fut trouvé sur un trottoir, dans un état semi-comateux, par une ronde de police quelques minutes après l'heure du couvre-feu. Amené au commissariat le plus proche, revenant peu à peu à lui, se voyant entouré d'agents, il tint des propos incohérents, s'agita, bouscula un agent qu'il renversa en voulant se relever. Qu'arriva-t-il exactement ?On ne le sut jamais, mais dans la bagarre et la confusion qui s'ensuivirent, Galoufa mordit deux agents.

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Aussitôt sa qualité professionnelle étant bien connue des services de police, ceuxci dirent : il est enragé. Il faut de toute urgence l'évacuer sur Alger, d'autant plus qu'il est dangereux, il mord. -----Les choses ne traînèrent pas. Menottes aux mains entre deux gendarmes, suivis d'un troisième pour plus de sûreté, toute la troupe prit le chemin de la gare, sans un enthousiasme excessif de la part des gendarmes, qui auraient préféré une autre mission. Pensez donc ! Conduire un dangereux enragé qui avait déjà mordu deux personnes, n'était pas sans risques. Galoufa prit le train en compagnie des deux agents mordus et de deux gendarmes, le troisième faisant les cent pas dans le couloir devant la porte du compartiment qui leur avait été spécialement réservé.

---Oran, Alger, un beau voyage pour des touristes en temps de paix. Conduire un enragé dangereux, la nuit, en plein black-out, c'est une autre affaire. Lorsque le train se mit en marche, Galoufa qui avait peu à peu retrouvé ses esprits, étonné de se trouver là en pareille compagnie interrogea les policiers qui lui dirent sans ménagements qu'il avait été mordu par un chien enragé, et qu'on le conduisait à l'Institut Pasteur pour le soigner. Ainsi notre homme qui savait bien qu'il n'avait jamais été mordu, essaya d'expliquer aux gendarmes ce qui lui était arrivé. Ceux-ci ne le laissant pas parler, il recommença à s'énerver, à insulter la police en général et les gendarmes en particulier, se débattit encore tant et si bien qu'une nouvelle bagarre éclata dans le train au cours de laquelle il mordit les deux gendarmes qui le maintenaient par les menottes, plus le troisième qui du couloir où il était de garde se précipita pour prêter main forte à ses collègues. La fin du voyage fut passablement agitée.

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C'est ainsi que très tard dans la nuit arrivèrent à l'hôpital , un enragé dangereux et cinq mordus qui n'en menaient pas large. Le directeur fut réveillé et prévenu, il fallait prendre des mesures d'urgence tout à fait exceptionnelles, dans le service des rabiques. Jean Lermac, dès son arrivée à l'hôpital le lendemain matin fut aussitôt appelé dans le bureau du directeur qui le mit au courant de la gravité de la situation.

-----Il examina d'abord les blessures des agents et des gendarmes, morsures banales sans gravité aux mains et aux poignets. Désinfection, pansements avaient déjà été faits. Restait à voir Galoufa. La porte du cabanon où on l'avait enfermé
possédait comme toutes les cellules d'isolement, un judas grillagé à travers lequel on pouvait communiquer avec l'intéressé, sans entrer et lui faire passer la nourriture et la boisson.

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A la vue du médecin en blouse blanche, un sourire éclaira la face grasse et bonhomme de Galoufa, assis sur le bas flanc fixé à l'extrémité opposée de la cellule. Avec un toubib il allait pouvoir s'expliquer. Et voici ce qu'il dit : "Ecoute toubib, j'te jure, j'suis pas enragé, aucun chien y m'a mordu, juste j'ai fait un peu trop la fête, hier avec des amis, et j'étais saoul quand les agents y m'ont ramassé et amené au commissariat. J'te jure, j'regrette, dis leur, toi y te croiront". Et il ajouta "j'ai soif donne moi de l'eau et une cachet de spirine, pourquoi j'ai encore mal à la tête". -----Devant cette révélation d'une sincérité touchante, Lermac n'hésita pas. Il répondit : c'est bon je te crois, mais il faut procéder à des analyses, pour vérifier si tu dis bien la vérité. On va te faire une prise de sang, j'espère que tu resteras tranquille, et si tu ne me mords personne,dans deux jours on te relâchera et je tâcherai d'arranger ton affaire avec la police.

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En son fort intérieur Lermac était bien convaincu qu'il disait vrai. En effet personne à Oran, dans l'affolement général, ne s'était avisé qu'il était vacciné et revacciné tous les ans contre la rage, il ne pouvait donc pas l'attraper même s'il avait été mordu, ce qui justement n'était pas le cas. -----Lorsque le médecin chef du service arriva un peu plus tard, mis au courant, il fut du même avis et prit sur lui de faire la prise de sang.

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Responsabilité oblige. Galoufa rassuré resta tranquille, tout se passa bien. L'analyse aussitôt pratiquée, révéla un taux d'alcoolémie encore très élevé malgré la nuit écoulée, pour lever tous les doutes. Les agents et les gendarmes furent si heureux après la frousse bien compréhensible, qu'ils ne portèrent pas plainte. D'ailleurs Galoufa était un fonctionnaire trop connu des services de police puisqu'il travaillait avec eux, tout le monde l'aimait bien, et après qu'il ait juré sur la Coran et par Allah, qu'il ne boirait plus, sans menottes et sans rancune, toute l'équipe repartit pour Oran, deux jours plus tard.

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Telle est l'histoire véridique du Galoufa d'Oran, comme me l'a racontée il y a bien longtemps, mon ami le docteur jean Lermac.

Docteur Pouget
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HYGIENE ET SALUBRITE. -Capture des chiens errants dans les communes suburbaines. Relèvement de la redevance.
M. ARNOLD, Adjoint.

Mes chers Collègues,

Par délibération du 1er juillet 1932, le Conseil municipal a autorisé les Services d'Hygiène à mettre à la disposition des communes suburbaines la voiture automobile et le personnel nécessaire à la capture ,des chiens errants sur le territoire de ces collectivités.

L'arrêté du 10 mai 1948 a fixé à 1.250 francs par séance de capture le montant de la redevance exigée .des communes limitrophes de la Ville d'Alger qui font appel à ses services.

Or, il est apparu qu'actuellement, cette vacation ne correspond plus aux dépenses engagées par la Ville pour assurer ce service.

On peut estimer, en effet, de la façon suivante, le prix de revient de chacune de ces opérations:

salaire du chauffeur du fourgon automobile 1.184 F
salaire du capteur 1.796 F
frais d'exploitation du véhicule (essence, huile, amortissement et entretien du matériel et des pneus 650 F
amortissement et entretien des cages 300
Total 3 930 F

Nous vous proposons, en conséquence, de décider le relèvement de cette vacation, d'en porter le montant à 4.000 francs et d'autoriser le Député-Maire à prendre l'arrêté à intervenir.

Avis favorable des Commissions réunies des Travaux et des Finances.
Adopté.