sur site le 30/08/2002
-Les débuts de la chasse sous-marine en Algérie.
-Les débuts de la chasse se situent aux environs des années 1932-1935. Cela commença avec une lunette sous-marine "bricolée" faisant eau à chaque plongée. L'armement était plus que modeste : une tige métallique...
pnha n°60 , septembre 1995

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------Vous les connaissez tous. Dans les milieux de la chasse sous-marine on les appelait familièrement, mais respectueusement, les "caïds", les "fabricants de mérous", ceux qui auraient sorti une "barrique" des eaux de l'Harrach ou de la Macta, voire même des bassins de la Place de la Concorde, s'ils avaient été à Paris !...
------Leurs noms ? Médina, Caya, Diaz, Dessault, Valentin, Lamure, Almanza, Oliva, Escoda, Triay, Peretti, Lacombe, tous ceux qui ont parté aux quatre coins du monde, la renommée et le courage des chasseurs sous-marins Pieds-Noirs.
------C'est avec ces champions que nous avons évoqué les souvenirs merveilleux de leurs sorties. Les photos étalées sur le bureau, c'était à qui se remémorerait les détails de telle ou telle expédition : "Tu te rappelles, là, c'était lors des championnats d'Algérie, en 60, à Bône. Et là, c'était au habibas, avec Dessault et Triay...". Ah ! cette virée aux Habibas... Pendant quarante-huit heures l'équipe de fer Dessault, Lacombe, Triay, écuma les eaux oranaises. Et, ce n'est pas sans un frisson sous les écailles que les mérous des Andalouses à Bou-Zadjar se souviennent de cette mémorable aventure, dont parla toute l'Algérie sous-marine.
------Les débuts de la chasse se situent aux environs des années 1932-1935. Cela commença avec une lunette sous-marine "bricolée" faisant eau à chaque plongée. L'armement était plus que modeste : une tige métallique (ou de bois) terminée par un trident ou "fouëne" propulsion par détente du bras. le respirateur fit son apparaition aussitôt après. En 1935 le chasseur troqua son harpon à main pour un fusil projetant un harpon à l'aide d'un ressort ou de lanières de caoutchouc.
------C'est pendant cette période primaire que je fis mes toutes premières armes avec Gabby Peretti d'Arzew (Otan). Il fut et restera pour moi un excellent équipier: fouineur, tireur de grande classe et le plus grand capteur de cigales que je connaisse.
------Certes, à l'époque, les chasseurs n'étaient pas légion. Mais s'il n'y avait pas la quantité, il y avait la qualité, tous étaient de fines lames : Caruana avait une solide réputation de " tueur "qui avait franchi la Méditerranée. Le " vieux Jo" accumulait ses chapelets de Bars, loups et daurades et il n'a pas encore pris sa retraite.

 

------En ce temps-à les histoires les plus fantastiques concernant de prétendus monstres n'étaient pas faites pour vulgariser ce nouveau sport. II faut avouer que les pionniers d'alors entretenaient quelque peu ce climat craignant (déjà) la concurrence.
-------Aussi, durant de longues années, la chasse demeura-t-elle inconnue du public pour qui les chasseurs n'étaient que des "fous plongeants". Elle fut révélée et vulgarisée grâce aux films sous-marins réalisés par le Commandant Cousteau et Frédéric Dumas. Clubs, compétitions, livres et conférences contribuèrent à sa diffusion.
-------En ce qui concerne l'Algérois, qu'il me soit permis d'ajouter que mon vieil ami Freddy Tondeur, chasseur et plongeur intrépide fut - ainsi que le Dr William Goeau-Brissonnière - à l'origine du grand essor pris par ce merveilleux sport, dans les trois départements français d'alors : Oran, Alger, Constantine.
-------Les cracks furent nombreux chez nous, au point qu'il est difficile de pouvoir très nettement désigner les meilleurs. Chacun se souviendra de la renommée mondiale du " Club des Chasseurs sous-marins d'Alger ", avec ses deux vedettes Caïa et Diaz. L'un champion du monde de chasse sous-marine, l'autre recordman de plongée avec 35 mètres. Ma joie (car j'étais leur manager et président du club cité) fut de courte durée. Mon club fut gagné par un mal insidieux et tenace : la championnite. Je me suis alors effacé de l' arêne subaquatique... Un jeune chasseur, cependant, montait à toutes palmes et de harpons, j'ai nommé René Lacombe. Plongeur infatiguable, tireur d'élite, c'était un véritable " radar à poissons ". Je le destinais aux grandes compétitions. Malheureusement, à mon départ, il s'éclipsa également. C'est lui qui avait fignolé et mis au point la " bombe " Dessault qui sera champion du monde.

Jean Medina