1°/Marcel Salva , du coq de France au coq d'Algérie
pnha n°28 septembre 1992 - Hubert Zakine
sur site le 17/01/2002
2°/ Marcel SALVA

extrait de "Mémoire vive-magazine du centrede documentation historique sur l'Algérie avec l'aimable autorisation de l'équipe du C.D.H.A
sur site le 8-6-2006

5 Ko / 8 s
 
retour
 
-------Comme tous les enfants d'Algérie, Marcel SALVA fourbit ses premières armes de footballeur dans d'homériques rencontres inter-quartiers sur les terrains vagues de Bal-El-Oued.
-------A 10 ans, il endosse le maillot rouge et bleu du Football Club Rochambeau, une petite formation qui vient de se créer dans le populaire faubourg algérois. Afin de jouer en ouverture de la rencontre G.S.A.-R.U.A. où évolue son idole Lucien JASSERON , il décide d'en parler à son maître d'école passionné de football plutôt que de "taper cao".
-------Bien lui en prend car la permission de manquer la classe lui est accordée. Depuis ce jour, il n'aura de cesse de rejoindre son glorieux aîné dans le firmament des étoiles du football d'A.F.N. A 17 ans, ce défenseur de grand talent signe à l'Association Sportive de Saint Eugène où il cotoie celui qui sera l'ami de toute une vie : Pierrot IZZO.
-------Mais les recruteurs "pros" veillent sur l'A.F.N., alors formidable réservoir de talents. Et Marcel SALVA part au Racing Club de Paris avec lequel il remporte deux coupes de France aux dépens de L.O.S.C. (3 à 0 en 1945 et 5 à 2 en 1949). A noter que dans l'équipe de R.C.P. 1945, 6 Pieds-Noirs défendaient les couleurs "ciel et blanc" : l'entraîneur Paul BARON, SAMUEL, JASSERON, PHILIPOT, PONSETTI et SALVA (Vive nous z'autres).
 

------Sa classe et son aisance naturelle, son calme olympien et son fabuleux jeu de tête lui valent d'être retenu à 13 reprises en équipe de France. Son retour à Alger est salué comme il se doit mais, au grand dam des supporters de l'A.S.S.E., il rejoint des rangs du rival N°1, le Gallia Sport Algérois.
------En 1958, il prend sa retraite de footballeur mais conserve la charge d'entraîneur des "coqs" algérois. L'exode de 1962 l'entraîne à Salon de Provence où il crée une Brasserie-Pizzeria.
------Aujourd'hui, retraité à Ucel par Aubénas, il suit avec fierté
le parcours du Flambeau Club Pied-Noir du Var dont il a accepté avec enthousiasme la présidence d'honneur.
------Marcel SALVA, un joueur et entraîneur d'exception dont le souvenir reste vivace dans le coeur des amoureux du ballon rond d'Afrique du Nord, de France et de Navarre.

H.Z


 

 

Le foot-ball, sport roi en Afrique du Nord, vient de perdre son plus illustre représentant. Champion de haut niveau, Marcel SALVA, le " Grand Marcel ", restera à jamais le meilleur défenseur de " là-bas ".

Né le 22 octobre 1922 à Alger, il débuta tout gamin sous le maillot rouge et bleu d'un modeste club de Bab El Oued : le F.C. ROCHAMBEAU.

Adolescent, mais déjà grand et racé, SALVA rejoignit les
rangs de l'A.S.S.E. dans le quartier voisin de Saint Eugène. Sous la direction d'un mentor d'exception, Paul BARON, il progressa à pas de géant ; sélectionné à 17 ans de la Ligue d'Alger, il remporta le Championnat en 1943 et 1944.

Mobilisé en 1942, Marcel avait endossé l'uniforme des aviateurs cantonnés sur les terrains de l'ancien Golf à la Redoute. Dans cette équipe de l "Aviation ", il retrouva son co-équipier de 1' A.S.S.E, Pierre LANDI, ses amis du R.U.A., SAMUEL et JASSERON (ce dernier avait été et restait son modèle), Pierre PONSETTI du RED STAR et l'oranais André PHILIPPOT. Ces militaires-footballeurs se distinguèrent à NAPLES lors des Jeux Inter Alliés. Dans les derniers mois de la guerre, en attente de démobilisation, cette brillante phalange se retrouva à Paris et Paul BARON, venu à la rescousse du Racing de Paris, s'empressa de la recruter.

Le vieux club parisien en avant dernière position avait bien mal entamé son championnat ; le renfort inespéré des joueurs venus d'Algérie fut salvateur. Le Racing ne perdit plus un seul match et dans l'autre compétition, tant convoitée, la Coupe de France, il parvint en finale et s'imposa face à Lille battu 3 à O.

Marcel, multipliant de remarquables prestations au fil des matchs, avait " tapé dans l'ceil " du sélectionneur. Il fit sa première apparition en Equipe de France à Vienne contre l'Autriche le 6 décembre 1945. A ses côtés ce jour-là : le célèbre gardien de but DARUI mais aussi la " Perle Noire " Larbi Ben BAREK et deux joueurs d'Algérie : SAMUEL et BASTIEN.

Marcel semblait promis au plus bel avenir, lui encore amateur signant chez les " pros ", d'autant qu'il avait enchaîné avec cinq autres sélections " le coq gaulois sur la poitrine ". Il préféra pourtant revenir à Alger. Jeune marié, estimant la carrière sportive aléatoire, éphémère, il retrouva donc ses proches qui avaient en charge le commerce familial de laiterie et bestiaux. Cet établissement, qui prenait beaucoup d'ampleur, sera exproprié par l'Etat en 1957 pour la construction de l'immense cité du Climat de France.

Auréolé de ses succès métropolitains Marcel reprit sa place à l'A.S.S.E. ; les mois, les matchs passèrent... A Paris on n'avait pas oublié le talentueux algérois, sans équivalent à son poste. Les dirigeants du Racing renouvelèrent les démarches et ces sollicitations répétées finirent par décider SALVA.
Pendant son second séjour parisien, il remporta une nouvelle fois la Coupe de France en 1949 et fut finaliste l'année suivante. Avec les " Bleus " il obtint 7 autres sélections internationales. Son successeur chez les " tricolores " sera Roger MARCHE qui le remplaça également dans les rangs du Racing.

 



En 1952, le retour de Marcel dans sa ville natale se fit au grand désespoir des supporters de l'A.S.S.E.. SALVA s'engagea en effet sous les couleurs du Gallia Sports d'Alger, le GSA, grand rival des Saint-Eugénois.

A la tête de ses " Coqs ", entraîneur, joueur et capitaine d'équipe, Marcel remporta 3 championnats en 1954, 1955 et 1958 et la Coupe d'Algérie en 1958. Meneur d'hommes, gagneur, fin tacticien, Marcel qui était admiré, respecté et craint sur tous les terrains d'Afrique du Nord, devint une figure emblématique du sport.

Déjà Médaille d'Or de la Fédération Française de foot-ball, il fut à nouveau distingué en 1956 par la Médaille d'Or de l'Education Physique et Sportive.

A l'orée de l'année 1959, Marcel " laissa la place aux jeunes ",
restant l'avisé coach toujours capable de renverser le cours d'un match. Très profondément attaché à sa terre, à sa famille et à la vie algéroise, Marcel SALVA vécut très douloureusement les dernières années tragiques de l'Algérie
Française et resta inconsolable de ce départ forcé. Ayant
eu le privilège de le bien connaître et de devenir son ami en France, j'ai eu maintes occasions d'apprécier l'homme de coeur, discret et sensible qu'était ce grand champion. Plus de quarante ans après ses derniers exploits sportifs, Marcel
restait l'homme le plus entouré, le plus fêté lors des rassemblements de notre communauté. C'est dire si nous ne l'oublierons pas.

John FRANKLIN

Bibliographie
" Si le Gallia m'était conté !... " -1908-58 " Quarantenaire de l'A.S.S.E. " 1908-1948
" Encyclopédie du foot bail français Gilles GAUTHEY 1962
" La Mémoire du foot bail d'Afrique du Nord " Hubert ZAKINE Auto Edition 1995
" Sports Nord Africain " - 1947 Tome 1 Editions Agence Art Graphique - 1948