Ténès,terre de civilisations

Guides Bleus, Hachette, 1955- 206 km d'Alger, petite ville de 10.500 hab.,siège d'une commune mixte de 78.900 hab;, à 40 m d'alt. sur un plateau rocheux dominant l'embouchure de l'oued Alallah.


sur site le 18-2-2003
...modifié le 27-10-2010
extrait de " pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui, fév 99, n° 98 "

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un coin du port
Tenès, un coin du port

Ténès, terre de civilisations

-----En 1802, un navire de guerre français fait naufrage au large de Ténès, village de pêcheurs algériens. La plupart des marins périssent noyés ou massacrés par la tribu des Béni Haoua. Seules survivantes cinq femmes, la petite blanchisseuse de Toulon, qui séduira le Dey d'Alger, Hélène de Courtavray, première enseignante française sur le sol algérien. Marie, seconde épouse d'un cultivateur du Rif et Elise, mariée à douze ans au fils de l'émir d'un ksar. Mais le destin le plus lumineux reste celui de Mère Jeanne de l'Enfant Jésus devenue guérisseuse et membre du conseil des sages du village. A sa mort, les Béni Haoua lui érigèrent un sanctuaire considéré aujourd'hui comme un lieu saint. Ce récit, inspiré de faits authentiques, compose une fresque envoûtante où s'entremêlent avec bonheur les couleurs et la puissance épique du monde méditerranéen.
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Deux villes forment Ténès, le vieux Ténès et la ville portuaire. Les deux sites sont anciens et passionnants.

Vieux Ténès

-----Cette petite ville arabe serait fort ancienne, s'il faut en croire la tradition, qui rapporte qu'un pharaon en fit venir d'habiles sorciers, dont il opposa les miracles aux prestiges de Moïse. Sans remonter aussi loin dans les annales fabuleuses, Ptolémée donne au Vieux-Ténès le nom de Lagnouton, et El-Bekri nous apprend qu'il fut bâti en l'an 262 de l'hégire (875-876J.C.), par les marins de l'Andalousie, qui venaient passer l'hiver dans le port de Ténès, et qu'il fut peuplé par deux colonies andalouses dont l'une était venue de El-Bira (Elvira) et l'autre de Todmir (Murcie). Plus tard, Ténès, ville des Mar'aoua, une des grandes tribus du Mar'reb central, passe sous la domination des Béni-Zeiyan de Tlemcen, en 1299 (699 hég.). Kheir-ed-Dm s'en empara en 1520 (926 hég.). Ses habitants avaient une détestable réputation de voleurs et de pirates. Ahmed-ben-Youssef, le saint de Miliana, confiant dans son caractère sacré, s'étant hasardé chez les Ténésiens qui ont toujours été très mal famés, ceux-ci, qui comptaient parmi leurs nombreux défauts une dose remarquable d'incrédulité, résolurent d'éprouver le vieux marabout. Ils lui servirent à souper un chat dont ils avaient dissimulé les apparences, avec toute l'adresse du plus habile gargotier de la banlieue parisienne. Mais Sid-Ahmed-ben-Youssef indigné de la tentative, lança un formidable Sob Cette interjection usitée pour chasser les chats trop importuns, effraya tellement l'animal mis à la broche que, tout rôti qu'il était, il partit au galop, à la grande stupéfaction des Ténésiens. C'est alors qu'Ahmed-ben-Youssef, se levant avec majesté, jeta à la face de ces hôtes indignes cette allocution proverbiale en Algérie " Ténès, ville bâtie sur du fumier ; son eau est du sang, son air est du poison ; par Dieu, Sid Ahmed n'y couchera point !"(Berb).Après ce jugement, le Marabout de Miliana n'eut que le temps de prendre la fuite sur sa mule. Une des montées argileuses, au-dessus de Montenotte, a gardé le nom d'Ahmed-ben-Youssef, parce que samule, s'y étant abattue, il se releva miraculeusement et disparut, au moment où les Ténésiens étendaient la main pour saisir Ahmed.Ténès cependant ne recelait point que des voleurs Abou-Abd-MlahMohammed, l'historien des Béni-Zeiyan, mort en mars 1594 (899 hég.) est né dans cette ville.
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Vieux Ténès dont les anciens remparts ne renferment, à très peu d'exceptions prés, que des masures en ruine, une grande mosquée et la mosquée de LallaAziza, est habité par quelques milliers de musulmans, faisant le commerce des grains ou exerçant le métier de portefaix. Quelques Mahonnais se sont établis dans le ravin, au pied de cette ville, et tirent pour leur industrie horticole, un merveilleux parti du terrain, arrosé par des eaux courantes et à l'abri du soleil.
Vieux-Ténès, constitué en centre, le 31 juillet 1851,a été annexé à Tenès le 17 juin 1854.

Ténès, une ville romaine


-----Ténès entre la mer et la route d'Orléansville surgit un ressaut de terrain, très escarpé de l'est au nord, peu saillant vers l'ouest est presque de niveau avec le grand chemin du côté du sud. Là, sur une surface plane où s'élève aujourd'hui Ténès, était la ville phénicienne d'abord, romaine ensuite, de Cartenna, ou peut-être une des Cartenna dont le Vieux-Ténès serait la seconde. Des remparts encore debout, des mosaïques, des fûts de colonnes, des traces d'un monument considérable, au centre même des ruines, des citernes, des silos, des tombeaux, à l'ouest enfin de nombreuses inscriptions et des médailles, tout
indiquait suffisamment, lors d'une première reconnaissance de cette localité, l'emplacement d'une ville romaine. Une inscription de la plus haute importance, découverte à Ténès même, établit que là était l'ancienne Cartenna Colonia ou Auguste établit une colonie de vétérans, et que les Baquates (Baxoutac) mentionnés par Ptolémée occupaient l'intérieur de la province d'Oran.
L'histoire de Cartenna est peu connue ; Pline nous apprend que cette ville était le chef-lieu de la deuxième région. Rogatus, évêque donatiste de Cartenna, joue un certain rôle dans l'histoire africaine. Il avait modifié l'hérésie de Donatus, et comptait quelques sectaires, qui, de son nom, s'appelaient Rogatistes.

Cartenna a-t-elle disparu lors de l'invasion vandale ou de l'invasion arabe ? On ne le sait.
De la ville antique, il reste encore les murs d'enceinte et les portes des citernes encore utilisées par les habitants, des tombeaux taillés dans le roc (au bord de la mer, à proximité de la route de Mostaganem), une mosaïque et des pierres sculptées dans le jardin du cercle militaire.
-----Un trésor d'objets en or d'époque romaine découvert en 1936 est au musée d'Alger. Tombée sous la domination almoravide d'Ibn-Tachuine au XL s., Ténès accepta au début du XVL s. de payer tribut à Pedro Navarro. Le corsaire Aroudj profita de cette situation pour s'emparer de la localité, qui tenta vainement de se libérer du joug de son successeur Kheïr-Ed-Dine

Importance du port


-----L'émir Abd-el-Kader, qui avait incorporé Ténès dans ses possessions, essaya sans succès de ranimer son port.
La position de Cartenna, reconnue une première fois par le général Changarnier, le 27 Décembre 1842, fut choisie par le maréchal Bugeaud, le 1~' mai de l'année suivante, pour la création, d'un centre de population et de force militaire, à l'abri d'un coup de main ou d'une incursion des Arabes, entre Miliana, Mostaganem, et Orléansville, et pouvant servir de port à cette dernière ville, qui avait été créée à la même époque et dont les communications par terre n'étaient pas toujours faciles. Les développements du nouveau Ténès furent rapides. De récents et importants travaux ont eu pour objet de créer à Ténès, entre Alger et Arzew, un port de refuge pour les navires surpris par le mauvais temps et un port de commerce pour la partie centrale de la vallée du Chélif.

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Le port, à 1 800 mètres de la ville, entrepôt naturel d'Orléansville, doit revenir, dans un avenir peu éloigné, l'une des têtes importantes des chemins de fer qui rattacheront le littoral au chemin de fer central du Tell. L'anse où il est établi est assez bien abritée des vents d'est par le puissant contrefort du cap Ténès, mais battue par tous les vents dangereux du nord et de l'ouest. C'était cependant le seul point favorable pour la création d'un abri sur une longue étendue de côte inhospitalière qui, sur près de 180 miles, se développe entre Alger et Arzew. Le port se compose de deux jetées parallèles enracinées au rivage, en avant desquelles est un brise-lames.

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La surface abritée est de 24 hectares. La mer y occasionne de fréquents dégâts.

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La pêche du corail attire chaque année un certain nombre de barques, le long de la côte de Tenès

Une jolie petite ville


-----Tenès forme un trapèze de 700 mètres sur 400. Ses rues (celles, entre autres, de la Colonie, d'Orléansville et de France) sont larges, bien alignées, plantées d'arbres et bordées de jolies maisons autant, toutefois, que notre architecture privée peut être jolie. Quant aux monuments, il ne faut pas s'attendre à en rencontrer les édifices romains sont depuis longtemps écroulés, l'hôpital (pour 300 lits), les casernes, la douane, qui répondent très bien aux exigences de leur destination spéciale, ne sont pas précisément des oeuvres d'art.

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Une grande place en marque le centre, là sont groupés les principaux édifices publics, église moderne, hôtel de ville, poste.
A côté, rue Clémenceau, un bâtiment de style mauresque abrite le siège de la commune mixte.
Les curiosités de la ville sont les citernes, les silos, les hypogées, qui constituaient une Cartenna souterraine, et que l'administration et les particuliers ont utilisés pour en faire des magasins ou des caves. Quatre porte donnent accès au dehors les portes de France et de Mostaganem, à l'ouest, la porte d'Orléansville, au sud, et la porte deCherchell, à l'est c'est par cette dernière, à l'angle du jardin, qu'un escalier ouvert dans le mur de la ville descend au quartier de la Marine, où s'élève la maison du commandant du port et les bâtiments de la douane.

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Où sont passés les Romains, les Génois, les Phéniciens et tant d'autres qui prirent cette côte les uns après les autres?
Ténès restera pour toujours dans nos cœurs avec ses remparts, sa poudrière, sa pointe des blagueurs, sa grimpette, son virage de l'abattoir, son tournant du Vieux Ténès (d'où est sortie la chanson : Charlot et Martinez du tournant du vieux Ténès, au lieu de serrer les freins, ils, ont serré les … !)

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Son îlot, son usine à sardines, sa marine, sa douane, sa maison Giménez, sa plage et sa guinguette, son usine électrique, son hôtel du Port, son phare, son sémaphore, sans oublier saVierge Noire, sa campagne Blanc (lieu privilégié pour la mouna).
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Il y a aussi son UST (Union Sportive Ténésienne) de football d'où est sorti un fameux Jeannot Garcia qui entraîna l'équipe de Bergerac de la grande époque, sa fabuleuse équipe de basket qui fit trembler toutes les équipes d'Alger (la Capitale).
Je ne sais pas ce que tu es devenue mais jamais je ne t'oublierai.

J.C

A lire un roman sur Ténès et son histoire écrit par Vénus Khoury-Ghata " Les Fiancés du Cap-Ténès " chez France-Loisirs