Alger, Algérie :
Alhambra, l'Opéra, le Casino, l'Aletti...


A L' ALHAMBRA D'ALGER...et la bodega

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On aurait pu croire qu'elle avait atteint le summum du confort et du luxe. Mais voici qu'au début de celle saison 1930-31, elle nous propose une formule absolument différente. D'abord le dancing a été supprimé et la Bodéga entièrement et gentiment renouvelée, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Le style hispano-mauresque est respecté, mais on l'a utilisé cette fois avec beaucoup plus d'ampleur.

Tous les jours, de 5 à 7 heures, les apéritifs-concerts sont le rendez-vous de l'élite mondaine et des amateur de porto, car inutile de vous dire que le porto de la Bodéga est aujourd'hui célèbre. Et, après dîner, de 8 h. 30 à 11 h. 30, des concerts symphoniques montés avec un soin tout particulier attirent, dans la coquette bonbonnière de la rue d'Isly, une foule de mélomanes enthousiastes. Devant ce succès si significatif, l'organisation de grands récitals de musique classique est prévue pour bientôt. La Bodéga est ouverte après le spectacle, ce qui permet à ceux qui viennent d'assister à la représentation théâtrale d'émettre leurs opinions et de discuter aussi longtemps que bon leur semble devant les boissons exotiques du barman ou les rafraîchissements les plus agréables.

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1930. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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Afrique du nord illustrée du 8-11-1930- Transmis par Francis Rambert
en ligne : mars 2021

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Guides bleus 1916
Théâtres :
- Opéra (Théâtre Municipal), pl. de la République. Saison d'hiver (grands opéra, opéras-comiques, drames et vaudevilles)
- Alhambra , rue d'Isly, 29 (drames et vaudevilles)
- Casino, rue d'Isly, 9 (concerts, spectacles variés)
- Kursaal, esplanade Bab-el-Oued (intermittent, music-hall)

Guides bleus 1930
En suivant la rue d'Isly [à partir de la rue Dumont d'Urville] on rencontre le casino -music-hall (à dr.), et, du même côté : les Galeries de France, grands magasins de style néo-mauresque édifiés en 1914, et l'Alhambra où se jouent le vaudeville, la comédie et l'opérette (réédifié en 1929, il comporte des salles de conférences et d'exposition, un bar américain et des salles de jeux), puis la place d'Isly.
PS: merci Francis pour ces informations.



A L' ALHAMBRA D'ALGERA l'Alhambra d'Alger.

Le Français - le fait est universellement connu - est un Monsieur qui porte d'innombrables décorations mais qui ignore la géographie. Et cela est assez admissible si l'on songe qu'il éprouve pour les longs déplacements une aversion profonde et qu'il préfère la délicieuse pantoufle bien fourrée à toutes les joies plus ou moins réelles que peuvent lui procurer le chemin de fer et le bateau. Or, il n'est pas utile d'être précisément un érudit en matière de pédagogie, pour savoir que le meilleur mode d'enseignement et d'éducation est encore et restera toujours - malgré la perfection apportée aux nouveaux manuels - la méthode visuelle ou, si vous préférez, objective : les Étrangers l'ont compris, qui, faisant abstraction de tous sentiments affectifs, envoient leurs enfants dès l'adolescence dans les régions du globe qu'ils jugent dignes d'être les mieux connues.

Tout ceci - qui n'est nullement, comme vous seriez en droit de le supposer, l'introduction d'une étude ou l'exorde d'un discours de fin d'année scolaire - pour vous démontrer qu'il n'y a pas lieu de s'étonner outre mesure de l'ignorance quasi-absolue de nos compatriotes métropolitains quand ils s'imaginent, avec une délicieuse naïveté, trouver à Alger un orientalisme à la Loti où traînent lamentablement quelques traces de civilisation occidentale.

Cette mentalité, vexante et pénible à la fois, tend heureusement à évoluer vers d'autres conceptions et le jour est assez proche, croyons-nous, où tout le monde saura que la capitale algérienne n'est plus la ville barbaresque où le Tarasconnais sentit pour la première fois l'odeur du fauve - en l'occurrence c'était un inoffensif ânon - mais bien une grande cité moderne, d'une somptuosité inouïe. Les Américains le savent déjà. Aussi peut-on admirer, sur la couverture du guide touristique édité par une importante compagnie de navigation new-yorkaise, une superbe héliogravure dont le sous-titre invite les yankees à visiter Alger, le Paris de l'Afrique du Nord.

Et la nuit venue, les artères centrales, que les ampoules, les diffuseurs et les néons inondent de lumière, font songer à quelque boulevard des Italiens ou, plutôt, à certaine avenue voisine de l'Étoile, fameuse par ses théâtres, ses music-halls et ses multiples attractions.

De tous les établissements qui contribuent à créer cette gracieuse illusion, l'Alhambra est assurément l'un des plus remarqués.

Poussée par les exigences toujours grandissantes du public et soucieux de satisfaire ses moindres caprices, la direction de l'Alhambra n'a cessé d'apporter des améliorations nombreuses à ses aménagements. On a pu apprécier l'an dernier l'effort considérable qu'elle a tenté en transformant complètement d'une part, le hall d'entrée et le foyer du théâtre, d'autre part le bar de la Bodega.

On aurait pu croire qu'elle avait atteint le summum du confort et du luxe. Mais voici qu'au début de celle saison 1930-31, elle nous propose une formule absolument différente. D'abord le dancing a été supprimé et la Bodéga entièrement et gentiment renouvelée, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Le style hispano-mauresque est respecté, mais on l'a utilisé cette fois avec beaucoup plus d'ampleur.

Tous les jours, de 5 à 7 heures, les apéritifs-concerts sont le rendez-vous de l'élite mondaine et des amateur de porto, car inutile de vous dire que le porto de la Bodéga est aujourd'hui célèbre. Et, après dîner, de 8 h. 30 à 11 h. 30, des concerts symphoniques montés avec un soin tout particulier attirent, dans la coquette bonbonnière de la rue d'Isly, une foule de mélomanes enthousiastes. Devant ce succès si significatif, l'organisation de grands récitals de musique classique est prévue pour bientôt. La Bodéga est ouverte après le spectacle, ce qui permet à ceux qui viennent d'assister à la représentation théâtrale d'émettre leurs opinions et de discuter aussi longtemps que bon leur semble devant les boissons exotiques du barman ou les rafraîchissements les plus agréables.

Il serait superflu d'ajouter que ces conversations consistent en de vibrants dithyrambes à l'adresse de la direction artistique dont l'éclectisme et l'autorité se manifestent particulièrement cette année par le choix d'un répertoire de comédie et d'opérette unique et d'une troupe dont l'homogénéité approche la perfection. La IIIème Chambre, Azaïs et Un Bon Garçon nous ont donné la juste valeur des pensionnaires de l'Alhambra, aussi bien dans le répertoire dramatique que dans le répertoire lyrique. Les pièces à venir parmi lesquelles nous relevons les titres de La Lettre, Un Trou dans le Mur - récemment adaptés à l'écran - Miche, Kadubec, Olive, Arthur, Frédérique, Coup de Roulis, pour ne citer que les grands succès du jour, viendront confirmer la brillante impression que nous conservons de leurs débuts sur notre première scène de variétés.

Avec la troupe sédentaire, plusieurs vedettes ont été engagées pour quelques galas. Le véritable triomphe remporté mardi, à la générale de Couchette n° 3, par la blonde et troublante divette Suzanne Chatellier - qui vient d'être engagée par une firme cinématographique - et la prestigieuse Yvonne Yma, est suffisamment éloquent en soi pour que nous croyions devoir émettre le moindre commentaire.

Ajoutons encore que le foyer est maintenant décoré de magnifiques lustres arabes, qu'il est pourvu d'un petit bar et que la salle de baccara est plus élégante que jamais.

MM. Mathon et Haïst ont réalisé là une œuvre qui leur attirera certainement les sympathies unanimes de la population algéroise.

Avec l'assurance réitérée de notre cordialité, nous leur adressons ici tous nos compliments, simplement mais sincèrement.