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       Tizi-Ouzou (Le col des genêts) 
        par 
        Edgar Scotti 
      Habitants des montagnes pauvres, surpeuplées, les 
        kabyles ont su conserver leurs coutumes, leur langue, leur culture. Le 
        nom de "Amazirt " ou de "Tamazirt " fréquemment 
        employé, signifie homme libre, en berbère. L'étymologie 
        même du mot " kabyle " est incertaine. Pour certains, 
        elle pourrait dériver de l'arabe Kabila " ou de "Kibila 
        ", tribu berbère. Pour d'autres, "Kabel ", c'est 
        celui qui, à défaut de la langue, a accepté vers 
        707, la foi des "cavaliers d'Allah ". Enfin une origine phénicienne 
        lui est même parfois attribuée. 
         
        Au XIVe siècle, l'historien IbnKhaldoun relate que dans les villages 
        kabyles "fleurissent les vertus qui honorent l'humanité, 
        la noblesse d'âme, la haine de l'oppression, la bravoure, la fidélité 
        aux promesses, la bonté pour les malheureux, la charité, 
        la constance dans l'adversité. " 
         
        En raison de la pauvreté des sols, pentus, ravinés par l'érosion, 
        la densité de la population, (136 habitants au km2 en 1936, dans 
        l'arrondissement de Tizi-Ouzou), l'économie de la Kabylie repose 
        sur l'arboriculture, l'artisanat et surtout sur l'émigration. Les 
        figuiers, dont deux variétés, "Taaran'imt " 
        et " Tameriout " se distinguent par l'inoubliable succulence 
        de leurs fruits, poussent jusqu'à une altitude de 1200 mètres. 
        Les Berbères, premiers occupants de l'Afrique du Nord, appartiennent 
        à la civilisation de l'olivier. Cet arbre fait partie de l'Histoire 
        des peuples méditerranéens. Deux variétés 
        se côtoyent, Chemlal "et " Azeradj ". Aussi, figues 
        et huiles constituèrent pendant longtemps la base de l'alimentation 
        des Kabyles et servirent de produits d'échange contre de l'orge 
        ou du blé dur, les sols siliceux ne produisant guère que 
        du " béchena ". (sorgho) 
         
        Aux ressources apportées par les arbres fruitiers et la culture 
        des légumes, il convient d'ajouter la cueillette des glands doux 
        et les produits de l'apiculture, à laquelle beaucoup de Kabyles 
        étaient très attachés. 
         
        Enfin à ces ressources agricoles, il convient d'ajouter le liège. 
        En 1905, la chefferie des Eaux et Forêts de Tizi-Ouzou en a produit 
        10 560 quintaux, soit plus de 90 des 11 705 quintaux récoltés 
        dans le département d'Alger. 
         
        L'artisanat actif a su évoluer, par le travail de la poterie à 
        Taourirt-Amokrane, de la laine pour les tapis des Aït-Hichem et de 
        la bijouterie aux Beni-Yenni. 
      Tizi-Ouzou porte et 
        capitale de la Grande Kabylie 
      
        
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             Ô village rêveur ! 
              Non, tu n'es pas un trou,  
              Couché sur le Belloua, qui sur son cur te serre.  
              Tu resteras toujours pour nous le Belvédère, 
              D'où nos yeux, plongeront dans l'espace infini  
              d'un tableau saisissant, comme l'aiglon au nid ! " 
               
              Dr Ferdinand Huchard ancien maire de Tizi-Ouzou 
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      Capitale de la Grande Kabylie, la ville de Tizi-Ouzou 
        est située au pied du djebel Belloua qui culmine à 695 mètres 
        d'altitude, au-dessus de la vallée du Sébaou. Le vénéré 
        marabout éponyme, Sidi-Belloua, était souvent invoqué 
        dans les conversations en témoignage de sincérité 
        ou de véracité absolue. 
                     Hak 
        Rabbi, Sidi-Belloua 
        Sa kouba, étincelante de blancheur, se dressait solitaire, à 
        l'abri d'un olivier noueux, au milieu des pierres blanchies d'un petit 
        cimetière. De nombreuses processions de femmes convergeaient fréquemment 
        vers ce lieu de prières et de recueillement. 
         
        Par sa situation géographique, au centre d'un important massif 
        montagneux, Tizi-Ouzou est une agglomération propice aux échanges 
        et aux rencontres. 
         
        Son marché du samedi, notamment, est particulièrement apprécié 
        en raison de sa fréquentation par des commerçants venus 
        de fort loin proposer des dattes et des céréales en échange 
        d'huile et de figues. 
         
        Par Tizi-Ouzou, il est possible d'accéder à des villages 
        kabyles portant des noms bien particuliers, comme Tikobaïn, Oumzizou, 
        Tamda situés au nord-est, après avoir franchi le pont de 
        Bougie sur lequel n'étaient admis que les véhicules pesant 
        moins de 10 tonnes en charge. Au sud-est, d'autres villages dont l'origine 
        toponymique soulève beaucoup de questions, comme Tirmitine, Aït-Ouanech, 
        lchardiouène, Taguemount-Azzouz, Taguemount-Oukerrouch, Igoulmimène. 
      L'arrivée des 
        Français 
      Jusqu'en 1848, la pénétration française 
        en Kabylie était seulement limitée à l'occupation 
        de quelques points, comme Djidjelli en 1837, Dellys 1844, Bougie 1847. 
         
        En 1851, Bou-Baggla, " l'homme à la mule " pousse ses 
        attaques contre les tribus fidèles à la France, jusque dans 
        la vallée du Sebaou. C'est alors que le gouverneur général 
        Randon ouvre des routes stratégiques de Dellys à Aumale 
        par Dra-elMizan et Bouira. En 1854, les colonnes françaises traversent 
        de part en part le massif kabyle et acquièrent une meilleure connaissance 
        de cette région. En 1856, un nouveau fanatique, Hadj-el-Amar, soulève 
        les tribus du littoral ; le 22 janvier, une colonne venant d'Alger dégage 
        Tizi-Ouzou, rétablit une tranquillité momentanée 
        dans la vallée du Sebaou. 
         
        En 1857, les 30 000 hommes de trois divisions commandées par les 
        généraux Renault, Mac-Mahon et Yusuf sous la direction du 
        gouverneur général Randon attaquent le 19 mai le centre 
        des Beni-Raten. Le 14 juin la première pierre du Fort Napoléon 
        est posée suivant les plans du général Chabaud la 
        Tour. En dix-sept jours, une route carrossable relie ce fort à 
        Tizi-Ouzou et le télégraphe électrique transmettant 
        des signaux " morse " les unit l'un et l'autre à Alger. 
        En laissant aux Kabyles, leurs biens, leurs coutumes, leur administration 
        municipale, djemaa ", leurs institutions particulières, Randon 
        obtint la pacification de la région. Jusqu'en 1857, Tizi-Ouzou 
        fait partie du dispositif de défense mis en place à Dellys. 
         
        Durant les insurrections d'avril 1871, les villages isolés comme 
        Bordj-Ménaïel et Palestro seront saccagés et leur population 
        européenne massacrée. Dans les villes et postes fortifiés, 
        les assauts seront repoussés par les garnisons de Bougie, Tizi- 
        Ouzou, Dra-el-Mizan. Fort National résistera durant soixante jours, 
        jusqu'à l'arrivée d'une colonne de secours. La population 
        de Tizi-Ouzou avait pour consigne, en cas d'attaque, de se replier sur 
        le fort, l'école de garçons et la prison civile. 
      Tizi-Ouzou et son bordj 
      La construction de Dra-el-Mizan, (le bras de la balance) 
        en 1851 et de Tizi-Ouzou en 1855 démontre la volonté des 
        Français de s'opposer à la farouche résistance Kabyle. 
         
        En 1855, l'armée française s'installe au " bordj ancien 
        fort turc construit sur l'emplacement de fortifications romaines. Situé 
        au sud de Tizi-Ouzou, face au djebel Belloua, il dispose d'épaisses 
        murailles, surmontées de casemates s'ouvrant sur l'extérieur 
        par d'étroites meurtrières. Dans la cour du fort, une " 
        kouba " et un puits ; de nombreuses sources jaillissent dans les 
        environs. L'une d'entre elles ruisselle au-dessus du bordj, accroche les 
        rayons du soleil au zénith comme les facettes d'un diamant. 
         
        Le " bordj " va se transformer rapidement en un important entrepôt 
        fortifié. En effet, jusqu'à la construction en 1857 de Fort 
        Napoléon, (Fort National), Tizi-Ouzou est un point d'appui stratégique 
        dans la région et notamment pour Bou-Khalfa, situé à 
        quatre kilomètres sur la route d'Alger. Le bordj, enfoui dans les 
        arbres, se dresse face au Belloua au nord et à la vallée 
        de l'oued Sébaou à l'ouest. 
      Création spontanée 
        du village 
      Vers la fin de 1856, le maréchal comte Alexandre 
        Randon, gouverneur général de l'Algérie, inspecte 
        à Tizi-Ouzou les travaux d'ouverture de routes et de construction 
        de fortifications. Il constate l'établissement d'une nombreuse 
        population de cantiniers et d'ouvriers, sur les pentes, autour du fort, 
        dans des conditions précaires et sans aucune protection contre 
        les attaques. Un projet, approuvé par le gouverneur général, 
        permet l'attribution de lots à bâtir à des commerçants 
        et ouvriers possédant les moyens d'y élever des constructions. 
        D'autres commerçants affluent et s'y établissent sans autorisation. 
        Au mois de juillet 1857, le commandant Lallemand, responsable au sein 
        de la subdivision de Dellys du cercle de Tizi-Ouzou, remarque que ce village 
        créé par la force des choses n'a pas d'existence légale. 
        En effet, aucun décret n'autorise sa création. Plus grave 
        encore, le deuxième plan d'allotissement ne prévoit pas 
        de terres agricoles. Toutes celles des environs sont déjà 
        cultivées par les Kabyles dont le douar est mitoyen avec le village 
        en projet. Pour compenser l'absence de surfaces agricoles, le déplacement 
        d'une smala " de spa his de la tribu des "Amaraoua " est 
        envisagé. Il permettrait la libération de terres susceptibles 
        d'être affectées à des indigènes en compensation 
        de celles qui seraient utilisées pour la création du village. 
         
        Le 8 juillet 1858, le commandant Lallemand fait dresser un état 
        des 57 premiers concessionnaires. Les terres disponibles ne permettent 
        pas à raison de 4 hectares par famille de les satisfaire tous. 
        Plusieurs dizaines d'autres attendent. 
      Incertitudes sur l'orientation 
        économique 
       
        Par lettre du 21 mai 1858, le secrétaire du Gouvernement général 
        s'adresse au Général commandant la subdivision de Dellys." 
        Comme vous, mon cher Général, je pense que Tizi-Ouzou 
        sera bien longtemps encore un centre plus commercial qu'agricole et qu'on 
        peut dès lors réserver une bonne partie des lots urbains 
        aux industriels qui viendraient s'y établir et à qui l'on 
        n'accorderait point de terres de culture 
        Mon opinion est, du reste, que la population de Tizi-Ouzou tendra plus 
        à décroître qu'à augmenter et que sur les 102 
        lots urbains inscrits au plan il n'en restera pas de longtemps occupés 
        plus de 50. J'estime en conséquence qu'il y a lieu de répartir 
        les 246 hectares disponibles à Tizi- Ouzou, entre les 50 premiers 
        habitants de ce centre qui paraissent devoir se livrer à la culture 
        des terres avec le plus d'avantages. Si plus tard le village prend de 
        l'extension on verra à augmenter aussi son territoire agricole. 
        Veuillez bien donner des instructions dans ce sens. " 
         
        Ces incertitudes se poursuivront après la création par décret 
        du 27 octobre 1858, du village de Tizi- Ouzou. Un territoire agricole 
        de 286 
        hectares 5 ares et 65 centiares lui est affecté. Cependant les 
        parcelles réservées à divers usages militaires, urbains, 
        carrières, marché, briqueterie, cimetières, couvrent 
        plus de 58 hectares limitant sensiblement le territoire agricole, qui 
        ne dépasse pas 200 hectares. Comme ces reprises sont postérieures 
        au travail de lotissement. M. Tharaud, chef du service topographique, 
        estime qu'il serait nécessaire d'indemniser les colons qui se trouveraient 
        ainsi dépossédés, avant même d'avoir la jouissance 
        de leur lot. 
         
        Par décret de Napoléon Ill en date du 27 octobre 1858, il 
        est créé sur la route de Dellys à Bougie, à 
        proximité de " Bordj Tizi-Ouzou " dans la subdivision 
        de Dellys, province d'Alger, un centre de population comprenant 94 lots 
        urbains, non compris les établissements militaires. 
        En 1860, le lieutenant colonel d'infanterie Martin prend le commandement 
        de la place, le lieutenant Gaulet du 2e Spahis prend la direction du 
        bureal) arabe ". Un état-major de défense des places 
        de guerre est constitué à Alger. Le capitaine Bruneau, jusqu'en 
        1867, représente la place de Tizi-Ouzou, il sera remplacé 
        en 1E368 par le capitaine Jarrié. 
      Une accumulation d'obstacles 
      La délimitation des lots et l'installation des 
        colons sur les terres, soumises à de nombreuses difficultés, 
        retardent leur mise à disposition. L'Administration ne dispose 
        pas suffisamment de géomètres susceptibles d'accomplir ce 
        travail. C'est M. Garié, géomètre qui est chargé 
        de délimiter les lots et de procéder à l'installation 
        des colons sur leurs terres. Cependant par une dépêche du 
        6 novembre 1858, le général commandant la subdivision de 
        Dellys, signale que le géomètre est employé encore 
        pour longtemps à Bordj-Ménaïe1 pour un travail dont 
        il ne peut être distrait et qu'il est urgent d'envoyer un second 
        géomètre. Du fait de cet empêchement, c'est M. Chêne 
        qui est envoyé à Tizi-Ouzou, où il est d'ailleurs 
        fort mal reçu. Par la suite, M. Verpriot, reçoit l'ordre 
        de procéder au relevé cadastral. Pas avant, cependant, de 
        terminer le travail commencé à Dra-el-Mizan. 
        Les premiers colons 
         
        Souvenons-nous des noms de ces premiers colons, en soulignant que colon 
        dérive du latin colonus habitant non indigène qui cultive 
        une terre.  
        Leurs noms figurent sur l'état de lotissement dressé le 
        14 septembre 1859 par M. Tharaud, chef du service topographique. 
      
         
          |  
             M. Faure Sauveur, journalier  
              - Ledoux Louis, forgeron 
              - Birbet Bernard, journalier 
              - Berthon J. P., commerçant 
              - Paulin Fossati, conducteur 
              - Despax Jean, cafetier  
              - Richeran Marc, charretier 
              - Presty Antoine, cafetier  
              - Hilbert Jean, charretier  
              - Coccia Jean, entrepreneur  
              - Sala François, chauffeur 
              - Page Auguste, tailleur  
              - Guillaumiez M., journalier  
              - Cheuzeville Louis, boucher 
              - Morigia Antoine, jardinier  
              - Devillers Jean, cafetier 
              - Munkisturn Barthélémy  
              - Rens Joseph, ferblantier  
              - Méry Jean, jardinier  
              - Portet Aubin, maréchal ferrant 
              - Guilleton Benoit 
              - David Guillaume, boulanger  
              - Valensot Claude, charcutier  
              - Bouquet Jean Baptiste 
              - Pécollo Michel 
              - Cataly Jean, perruquier  
              - Saint-Pierre, Paul, serrurier  
              - Guyard François, journalier  
              - Guerber Jean, maçon 
              - Bedouille F., tailleur de pierre 
              - Goisnard Marie, tailleur de pierre 
              - Lespases Barthélémy, tailleur de pierre 
              - Borelly Pierre, charpentier 
              - Babin Léon, tailleur de pierres  
              - Ménard Gilbert, maçon 
              - Wassermann Charles, cafetier 
              -Thibaut Edouard, Auguste Hippolyte, épicier, boulanger 
              - Maini Richard, peintre 
              - Pépe Virgile, boucher 
              - Auradou Clara, tenant brasserie  
              - Fournet Louis, successeur, 
              - Berliotz Auguste, pâtissier  
              - Faure Théodore, cafetier 
              - Ménard Philibert, commerçant  
              - Gruet Charles, commerçant 
              - Viala Joseph, maçon 
              - Arnaud Benoit, maître d'hôtel  
              - Chénevière Louis, cafetier 
              - Tierrisse J., tailleur de pierre  
              - Faure Jean Baptiste, cafetier  
              - Foulier Florent, boucher 
              - Richard Sébastien, meunier  
              - Montbrun Jean-Baptiste 
              - Grimai Adolphe, commerçant  
              - Bourret Paul, marchand 
              - Girard Henri, commis 
              - Géry Joseph, voiturier 
              - Bouvier, tailleur de pierre  
              - Flocard Nicolas, forgeron  
              - Brau Paul 
              - Weinmann Jean-Michel 
              - Lestang Joseph-Marie 
              - Sirlone François 
              - Viala Gérémie 
              - Larané Jean 
              - Esquerré Janvier, commerçant  
              - Barami, amin des Barami 
              - Sacane Gabriel, charretier 
              - Ali ben Hamoud, entrepreneur  
              - Mme Alcaraz, droguiste 
              - Heurtaux Alfred, 
              - Ferro-Vecchio Alexandre 
              - Soulié Pascal, Pierre 
              - Ferran Jean 
              - Poussard Jean-Marie 
              - Lavagne Théodore 
              - Orlandil Ignace 
              - Rogliani Marius, 
               
           | 
         
       
      Ces premiers colons seront suivis par beaucoup d'autres 
        parmi lesquels nous relevons notamment les noms de : 
         
        - Privat Joseph, Antoine, né le 10 mars 1837 à La Bastide 
        en Aveyron, marié, sans enfant, il est en Algérie depuis 
        1875. Le 30 avril 1879, il obtient le lot urbain n° 177. 
        - Verny Joseph est arrivé en Algérie en 1860, c'est un ancien 
        militaire, il habite à Tizi-Ouzou depuis 1862. Marié, deux 
        enfants, il obtient le 30 avril 1879, le lot urbain n° 298. 
        - Branche Alexandre né à Randan, Puy de Dôme, le 17 
        août 1827 époux de Panin Madeleine avec leur fils Eloi, 22 
        ans. Viennent de Randan, Puy-de-Dôme, obtient un lot urbain de 6 
        ares 63 centiares, prise de possession le 10 février 1880. 
        - Alibert Jean né à Montauban, Tarn et Garonne en 1826 ; 
        lot urbain n° 110 et un lot rural n° 104 bis. 
        - Brau Paul titre du 23 février 1864 ; lot à bâtir 
        de 5 ares 67 centiares n° 82. 
        - Brau Guillaume et son épouse Marie Rouyaroux, lot rural n° 
        41 de 13 hectares 22 ares 80 centiares, lot rural n° 126 de 2 hectares 
        5 ares 70 centiares 
         
        Ces deux lots seront cédés à Barthet Joseph. 
         
        - Tête Lucien né à Saint Laurent sur Gorre, Haute 
        Vienne, lot urbain n° 141 : 6 ares 30 centiares, lot rural n° 
        50 : 31 ha 6 ares 10 centiares. 
        - Bovis Jean-Baptiste, lot urbain n° 122 : 6 ares 60 centiares, lot 
        rural n° 117 : 26 ha 62 ares 50 centiares. 
        - Boyer André né à Saint-Germain, Puy de Dôme, 
        lot urbain n° 215 : 6 ares, lot rural n° 54 : 24 ha 98 ares 60 
        centiares. 
        - Bouvier Charles né en 1819 à Sarville dans la Meurthe 
        . 
        - Antoine Georges né à Echery, Haut- Rhin. 
        - Bouland Antoine né à Beaudreville, Eure et Loire. 
        - Bot François Louis né à Villefranche de Lauragais 
        le 21.02.1848. 
      Une famille de colons 
        raconte les événements de Tizi-Ouzou 
      Fils d'Augustin Thibaut, Edouard, Auguste, Hippolyte Thibaut 
        a servi en Algérie comme capitaine. Séduit par la beauté 
        du pays il y revient en 1849 avec son épouse, née Rose Mazet 
        et sa fille Marie âgée de six mois. La traversée de 
        la Méditerranée effectuée en voilier, ils débarquent 
        à Alger. Ils parcourent à cheval les cent quatre kilomètres 
        qui séparent Alger de Tizi- Ouzou, où ils ne trouvent qu'un 
        douar accroché au flanc du djebel Belloua. La forêt est toute 
        proche. Les incursions de bêtes sauvages sont nombreuses. Une panthère 
        attirée par l'odeur d'un jambon qui séchait sur une fenêtre 
        est mise en fuite par Rose Thibaut. Edouard Thibaut, attendra jusqu'en 
        juillet 1858, pour voir son nom figurer sur un état nominatif des 
        colons susceptibles de recevoir un lot de culture de 4 hectares. Il devra 
        encore attendre jusqu'au 14 septembre 1859 pour que son nom soit porté 
        sur l'état de lotissement dressé par M. Tharaud, chef du 
        service topographique. 
         
        Il obtient enfin : 
        - un lot à bâtir n° 35 de 6 ares 15 centiares, 
        - un lot de culture n° 37 de 4 ha 99 ares 60 centiares, 
        soit au total : 5 hectares 5 ares 75 centiares. 
         
        Le lot à bâtir est situé à l'entrée 
        de Tizi, près de la porte d'Alger. Le lot de culture n° 37 
        est desservi par le chemin dit " du camp " et par une 
        autre voie désignée sur la carte par " triq Bourkar 
        ". 
         
        Pendant plus de dix ans Edouard Thibaut exercera le métier de boulanger 
        épicier. 
         
        Née en 1896, madame Gilberte Molinart a rédigé en 
        1988, un témoignage sur l'insurrection de 1871, inspiré 
        par les récits recueillis au cours des conversations de ses ancêtres 
        et de leurs amis,premiers colons de Tizi- Ouzou. 
         
        A la tombée d'un jour d'avril, sa grand-mère, Mme Marie 
        Lefèvre, fille d'Edouard et de Rose Thibaut, voit arriver furtivement 
        un Kabyle qu'elle avait jadis soigné : " Madame, il va 
        y avoir la révolte, monte vite te réfugier au fort, soussem 
        ! (tais-toi ! ) ". Là, elle retrouva la population européenne. 
        Les familles s'y installèrent comme elles purent. Toute la nuit, 
        les incendies illuminaient le ciel, les bruits de la révolte arrivaient 
        aux oreilles des réfugiés. Son mari, Constant Lefèvre, 
        officier des Eaux et Forêts en tournée dans les cantonnements 
        de la circonscription ne pourra la rejoindre que le lendemain. Il est 
        indemne, mais tous les gardes des environs de Tizi-Ouzou ont été 
        massacrés. A son arrivée les assiégés lui 
        annoncent l'incendie de sa maison ; 
         
        Qu'importe, répondit-il en riant, j'ai la clef dans la 
        poche. Le siège dura longtemps. Beaucoup de défenseurs 
        devaient y laisser la vie. Parmi les blessés, Marie Lefèvre 
        et sa soeur Constance. Les vivres s'épuisaient, l'eau surtout fut 
        rationnée, les chevaux et les mulets manquaient de nourriture. 
        " Les jours passaient et les secours n'arrivaient pas. Le désespoir 
        gagnait les assiégés, les rations étaient réduites 
        au minimum, puis à rien ". 
        Il fut décidé à l'unanimité d'attendre un 
        jour encore et, si les secours n'arrivaient pas, de faire sauter le fort 
        avec ses occupants. Ils y vivaient depuis quarante jours. 
         
        Le guet était effectué sur les remparts. Le 12 mai 1871, 
        le jour baissait, le guetteur en faction aperçut, à l'horizon 
        un nuage de poussière. Un mirage pensa-t-il ! dû à 
        ma grande fatigue. Le nuage avançait rapidement. Bientôt 
        des coups de feu, des cris. Un important renfort arrivait d'Alger. La 
        délivrance avec ! Tous les assiégés, maintenant rassurés, 
        se portèrent aux remparts, aux meurtrières. Quelle joie 
        délirante, des embrassades des pleurs ! 
         
        La paix retrouvée, chacun regagna sa maison plus ou moins endommagée 
        ou complètement détruite, les magasins pillés, dévastés. 
        Très longtemps après on retrouvait dans les douars, des 
        objets ménagers disparus durant la révolte. En dépit 
        des souffrances endurées durant le blocus, la confiance revint 
        ; blessée lors du siège, Mme Marie Lefèvre met au 
        monde en 1873, une fille prénommée Rose. Chaque année, 
        à Tizi-Ouzou, on commémorait les journées des 11 
        et 12 mai. Réunie autour des drapeaux des associations de vétérans, 
        la population se rassemblait au cimetière, devant le cénotaphe, 
        dressé au fond de l'allée centrale, puis à l'église 
        où, durant la messe, étaient cités les noms des victimes 
        associés à ceux du commandant Boyer de Rebeval et du lieutenant 
        Pierre Versini, leurs frères d'armes morts en 1857. En évoquant 
        le souvenir de ce siège de Tizi-Ouzou, on songe à la somme 
        de privations, de souffrances, de ruines et de désespoirs de ceux 
        qui reposent dans ce cimetière. 
      La protection de Bou-Khalfa 
      
        
            | 
         
       
      Jusqu'aux environs de 1890, la sécurité 
        des populations demeure une des principales préoccupations des 
        autorités tant civiles que militaires. Par lettre du 30 janvier 
        1889, adressée au préfet d'Alger, M. Vitalis sous-préfet 
        déclare : 
        " En raison de son territoire très réduit et du 
        petit nombre de ses habittants, il est regrettable que le hameau de Bou-Khalta 
        ne puisse poursuivre son agrandissement. Comme le dit M. le maire, ce 
        centre se trouve dans des conditions toutes spéciales puisqu'au 
        point de vue de la colonisation, il dépend exclusivement de la 
        société de protection des Alsaciens-Lorrains. 
        y a donc lieu de ne se préoccuper que de ses moyens de défense, 
        qui devront consister d'après la lettre ci- jointe de M. le maire 
        de Tizi-Ouzou en un réduit défensif édifié 
        sur le plaeau qui domine le village et entourera l'église ". 
         
        Cette lettre du sous-préfet, entraîne aussitôt une 
        réponse négative rédigée le 12 mars 1889 par 
        M. Dandrade du troisième bureau du Gouvernement Général. 
         
        " Tizi-Ouzou-Bou-Khalfa, ne doit pas être considéré 
        comme un centre qui périclite, sa population augmente au contraire 
        de jour en jour, dans des proportions très sensibles. Quant à 
        la construction d'une redoute défensive à Bou-Khalfa, préconisée 
        par le maire, elle ne me parait pas plus justifiée qu'à 
        vous. 
        Ce centre n'est situé qu'à une faible distance de Tizi-Ouzou, 
        où il existe un fort et une garnison et où les colons de 
        tous les environs, trouveront un abri sûr en cas de danger. 
        D'ailleurs le centre de Bou-Khalfa est entièrement dominé 
        par le Belloua, la défense de ce village serait dès lors 
        très difficile à organiser. En cas d'insurrection, les habitants 
        de ce centre auront tout avantage à se replier sur Tizi- Ouzou 
        ". 
      Etat de population au 
        14 décembre 1888 
      
         
          |  
             Centres  
           | 
           
             Nombre de feux  
           | 
           
             Population  
           | 
           
             Travaux à effectuer 
           | 
         
         
          |  
             Tizi-Ouzou Bou-Khalfa  
           | 
           
             408 
           | 
           
             1322 
           | 
           
             Pas de travaux 
           | 
         
         
          |  
             Bou-Khalfa-Guynemer 
           | 
           
             48 
           | 
           
             125  
           | 
           
             Réduit défensif à 
              construire 
           | 
         
       
      Coût du réduit défensif à construire 
        autour de l'église de Bou-Khalfa : 14 000 francs 
      Bou-Khalfa-Guynemer 
      
         
          |  
             Non loin du Sebaou, serpentant 
              à ses pieds 
              Comme une nymphe en pleurs qui laisserait sur l'onde, 
              Flotter en vagues d'or, sa chevelure blonde,  
              De la plaine de Bou-Khalfa à Fort-National,  
              Qui brille chaque nuit comme un lointain fanal. 
               
              Docteur Ferdinand Huchard Ancien maire de Tizi-Ouzou. 
           | 
         
       
       . 
         
      Rattaché à la commune de Tizi- 
        Ouzou, ce hameau est situé dans la vallée du Sebaou, en 
        contrebas du djebel Belloua, après Mirabeau et à quatre 
        kilomètres du centre. 
         
        C'est sur la concession de M. Jean Dolfuss de Mulhouse, que s'installent 
        vers 1871, neuf familles d'Alsaciens-Lorrains. En raison des redoutables 
        difficultés qu'elles rencontrent sur des terrains marécageux, 
        M. Dolfuss confie à la Société de protection des 
        Alsaciens-L.orrains le soin d'implanter de nouveaux concession naires. 
        La société a construit vingt et une maisons. 
         
        Vingt-cinq familles tentèrent successivement de s'y installer . 
         
        Parmi les derniers Alsaciens- Lorrains installés à Bou-Khalfa, 
        relevons l'acte passé le 28 juillet 1884, devant Me Brice, notaire 
        à Alger. Par cet acte la Société de protection des 
        Alsaciens-Lorrains demeurés français, accorde des concessions 
        à : 
        - Abraham Adam et à Eve Huckeltubler, son épouse. 
        - Antoine Koehl et à ses enfants. 
      En mémoire des 
        habitants de Bou-Khalfa 
      Malgré les considérables difficultés 
        du terrain, les colons parvinrent à assécher les marécages. 
        Cependant décimés par les fièvres, nombreux seront 
        ceux, qui dès le remboursement de leurs dettes revendront leur 
        lot. Vers 1886, il ne restait plus à Bou-Khalfa que quatre familles 
        d'Alsaciens-Lorrains. En 1901, toujours rattaché à Tizi-Ouzou, 
        le village est administré par M. Hygonnet, adjoint conseiller municipal. 
        Le crieur public est M. Rooz, le garde champêtre, M. Brossard. 
         
        Bou-Khalfa possède un café-restaurant tenu par M. Vix et 
        quelques agriculteurs et viticulteurs ; Mme Vve Bertrand, Mme Vve Houtmann, 
        MM. Hurtiger, Hygonnet, Kieffer, Kuntz, Lemoine, Martin, Salzmann, Vix. 
         
        Par décret du 28 janvier 1917, le nom de Guynemer, sera associé 
        au nom arabe de Bou-Khalfa. Chassés de leurs villages parce qu'ils 
        voulaient demeurer français, ces Alsaciens- Lorrains ont usé 
        leurs forces dans les méandres du Sébaou. Plus personne 
        aujourd'hui ne se souvient d'eux.  
         
        Aussi, afin de rappeler leur souvenir, emprunterons-nous au Dr Ferdinand 
        Huchard, maire de Tizi-Ouzou quelques alexandrins. En effet dès 
        1908, ce magistrat municipal leur ménageait sur le mode plaisant 
        et spirituel une petite place à côté de tous ceux 
        qui ont fait cette Kabylie. 
      
         
          |  
             Non loin de Mirabeau, de Camp 
              du Maréchal, 
              Où l'on entend la nuit, plus qu'ailleurs le chacal, 
              Siffler ses sons aigus en courant sur les routes, 
              Où l'attire dit-on le fumet des choucroutes ". 
           | 
         
       
      Par la suite, la Kabylie et Tizi- Ouzou, 
        sortent de la rebellion. La ville met un terme à son isolement. 
        Elle va prendre son essor. 
         
        La Kabylie sans perdre son âme et sa personnalité, sans abandonner 
        sa langue le "tamerghiz " ou " tamazirt " ou encore 
        "tamazigh " ses assemblées de sages, ses djemaâ 
        ", s'engage à fond sur la voie de la modernisation et de l'ouverture 
        culturelle et économique. Profondément attachés à 
        leurs montagnes, les Kabyles considèrent qu'après l'affrontement, 
        ils peuvent désormais travailler leurs terres et nouer des relations 
        d'affaires avec les commerçants et artisans installés entre 
        bordj et douar. Mettant à profit l'enseignement du français, 
        un tissu d'échanges s'instaure dans l'intérêt commun. 
        Les Kabyles adoptent et maîtrisent aisément notre langue, 
        ils trouvent à cette époque dans notre alphabet l'écriture 
        qu'ils n'ont pas dans le " tamerghiz" leur idiome berbère. 
      (à suivre) Edgar SCOTTI 
        note du site : pas de suite. Je n'ai 
        pas le n° suivant. 
      Références bibliographiques 
      L. Mélia, La ville blanche Alger et 
        son département, Paris Typographie Plon, 8, rue Garancière, 
        1939. 
        A. Ibazizen, Le pont de Bereq'Mouch, 1979 La table ronde. 
        Les archives d'outre-mer Aix -en-Provence. 
        Le petit Kabyle, publication hebdomadaire, fondée en 1885. 
        Le récit de l'insurrection de 1871, par Mme Gilberte Molinard. 
        Le livre d'or du Centenaire de l'Algérie, confié par M. 
        Courtin. 
        La documentation et les conseils de M. T. Bignand. 
        Le recensement du 31 octobre 1948. 
        L'oeuvre agricole française en Algérie, 1830-1962, 430 pages,ouvrage 
        rédigé par les anciens élèves des écoles 
        d'agriculture d'Algérie, éditions de l'Atlanthrope, Versailles 
        1990. 
        Généalogie, Algérie, Maroc, Tunisie, antenne de Nice 
        pour la liste des Alsaciens-Lorrains demeurés français, 
        établis à Boukhalfa. 
        La documentation et les souvenirs de M. Louis Salcédo. La documentation 
        et les souvenirs de M. Louis Hassen. La documentation et les souvenirs 
        de M. Jean Chabrol. Les conseils du Docteur Raymond Féry. 
        La documentation de M. Martial Pons. 
         
        Iconographie 
        Cartes postales de la collection du Dr Georges Duboucher.  
        Cartes postales de la collection de l'auteur. 
        Cartes postales de la collection de M. Paul Teisseire.  
        Cartes postales de la collection de M. Francis Curtes. 
         
        Edgar Scotti, prépare actuellement un texte sur Bizerte et son 
        lac, des Phéniciens à nos jours. Il serait particulièrement 
        intéressé par des témoignages sur des personnages 
        ou des événements importants survenus à Bizerte et 
        sa région durant la période de 1881 à 1954. Prière 
        de ne pas envoyer de documents originaux, mais des photocopies ou des 
        copies de photos, cartes ou cartes postales. Les noms des collectionneurs 
        ou des détenteurs de ces documents figureront, dans les références 
        bibliographiques. 
       |