sur site le 25/02/2002
-Alger : Les transports maritimes
Les relations maritimes de l'Algérie après 1830

Après la prise d'Alger, les vaisseaux à voile et les bricks de la Marine militaire de 1830 furent utilisés au service des voyageurs, de la poste et des marchandises. En mai 1832, la Compagnie Bazin de Marseille qui, en 1831, avait inauguré la navigation commerciale à vapeur et à aubes avec le "Henri IV" et le "Sully", fit, à titre d'essai, avec ce système de locomotion, exécuter un premier voyage sur Alger.
texte : H. Klein
...Illustrations : collection F et R. Rambert + Bernard Venis... Mise en page : moi!
Pnha n°41 décembre 1993
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-------Après la prise d'Alger, les vaisseaux à voile et les bricks de la Marine militaire de 1830 furent utilisés au service des voyageurs, de la poste et des marchandises. En mai 1832, la Compagnie Bazin de Marseille qui, en 1831, avait inauguré la navigation commerciale à vapeur et à aubes avec le "Henri IV" et le "Sully", fit, à titre d'essai, avec ce système de locomotion, exécuter un premier voyage sur Alger. Cette compagnie Bazin (Perlier-Bazin), dont le siège était rue de la Marine, en une curieuse maison à sous-sol mauresque, contiguë à la Grande Mosquée, assura, concurremment avec les transports de l'État, la traversée de la Méditerranée.
-------En 1841, elle organisa un service tri-mensuel avec le "Pharamond" et le "Tage" (48 heures). En 1842, le 1er février, elle obtint le service des dépêches et mit sur la ligne des navires en fer avec, à bord, un médecin et une femme de chambre.
-------En 1847, la Compagnie Bazin fut doublée de la Compagnie Touache (devenue, en 1858, Compagnie Mixte), laquelle adopta la propulsion à hélices qu'on vit peu à peu se substituer à la propulsion à aubes. En 1852, le Service maritime, mis en adjudication, passa de la Compagnie Bazin à une compagnie Crétoise (Cie impériale), qui ne tint pas, puis à la Compagnie des Messageries Maritimes.
-------En juin 1853 eut lieu l'arrivée sensationnelle du paquebot "Du Tremblay", de la Compagnie Touache. A bord se trouvait l'ingénieur de ce nom, inventeur d'un système perfectionné grâce auquel était réalisée une économie de 50% sur le combustible (il s'agissait de la combinaison des vapeurs d'eau et d'éther). D'enthousiastes réceptions, avec présence des autorités, l'honorèrent à Alger et à Boufarik.
-------Les plus anciens navires à aubes étaient le "Pharamond" de 160 chevaux, le "Mérovée", le "Tage", puis le "Charlemagne", de 200 chevaux. Quand ce dernier pyroscaphe parut, étonnant tout le monde par sa vitesse, on ne désigna plus les autres courriers que de la dénomination ironique "les 160". On était loin alors des 10.000 chevaux, d'usage courant, de nos jours.
-------En 1853 furent affectés au littoral le "Berthelot", le "Tage", le "Titan", le "Grégeois", le "Phare" et "l'Euphrate" (à l'État la plupart).
-------En 1854 s'associe à la navigation, la Compagnie Générale Maritime des frères Péreire (Rouen-Algérie) qui, en 1879, devint notre Compagnie Générale Transatlantique.
-------"En 1850, précise une publication de l'époque, les navires de l'État assurant également le transport des passagers étaient "l'Orénoque", le "Labrador", le "Montezuma", frégate de 450 chevaux , le "Titan", corvette de 220chevaux, le "Vautour", "l'Euphrate", le "Phare", avisos de 160 chevaux".
-------Le prix des places étaient de 105 francs en premières, de 73 francs en secondes. Le voyage durait 44 heures. A la Compagnie Bazin, le prix (nourriture à part) était de 80 francs en premières, de 60 francs en secondes et de 35 francs sur le pont. La traversée s'effectuait en 48 heures. En 1835, le voyage d'Alger à Paris demandait 6 jours et coûtait 300 francs. En 1815. il ne durait plus que cinq .jours, c'est à dire 48 heures en mer et 60 en berlines-postes, par Avignon, Lyon, Chalon.
-------En 1860, parmi les navires en service furent le "Nil", "l'Alexandre", "l'Indus". On faisait alors escale à Mahon.
-------En 1865, la Compagnie des Transports maritimes coopéra au mouvement méditerranéen.
-------En 1870, la Compagnie Valéry parut et mit en service, entre autres navires : "l'Ajaccio", la "Vanina", la "Colomba", bien connus des anciens Algériens. En 1879, la Compagnie Transatlantique lui succéda. Elle eût bientôt à flot son beau "Moïse" inauguré, le 3 juillet 1880, par une fête où fut le gouverneur Albert Grévy.

Port et débarcadère de la Cie Gle Transatlantique
Port et débarcadère de la Cie Gle Transatlantique

------Cette compagnie, en mars 1880, avait commencé ses services postaux. Avec Alger et Oran, elle desservit Arzew, Mostaganem, Bougie, Djidjelli, Bône, Philippeville, etc. Elle eut, cette année, 10 paquebots du type "Moïse", "Saint-Augustin", de 2 000 chevaux ; deux du type "Manouba" et 12 navires de la Compagnie Valery.
-------Elle arma encore, en 1881, la "Ville de Rome", la "Ville de Naples", de 1 850 tonneaux, en 1884, la "Ville de Tunis". En 1882. elle favorisa le tourisme par l'institution de billets circulaires dans la Métropole

.Arrivée du bateau La Marsa dans le port d'Alger.
Arrivée du bateau La Marsa dans le port d'Alger.

-------En 1887, elle créa la ligne Marseille - Oran, avec escale à Alicante. En 1888 est mis en circulation "l'Eugène Pereire", long de 106 mètres et de la puissance de 3 200 chevaux.

L'Eugène Peirère .
L'Eugène Peirère .

-------En 1889 vint le tour du "Maréchal Bugeaud", de la "Ville d'Alger"(1)

 

-----le premier : 1890-1921...le second (et dernier) : 1935-1968--le "Ville d'Alger"...et le "Ville d'Alger".
le "Ville d'Alger"...et le "Ville d'Alger".
le premier : 1890-1921...le second (et dernier) : 1935-1968

et du "Duc de Bragance" qui, en 22 heures fit, le 17 octobre, sa première traversée ayant comme passagers, le Directeur E. Pereire, le Colonel de Lichtenstein, Officier d'Ordonnance du Président de la République, le Président du Sénat Leroyer que vint saluer à bord le Gouverneur Tirman. En 1891, on inaugura le "Général Chanzy" (qui naufragera en 1910 aux Baléares). La même année furent ouvertes les deux lignes du Havre et de Bordeaux avec l'Algérie.

le "Maréchal Bugeaud"
le "Maréchal Bugeaud"

------Après avoir procédé à une refonte de sa flotte, la Compagnie lança, en 1907, le "Charles Roux", de 4500 tonneaux, premier navire à turbines de la Marine de Commerce française ;
------En 1910, le "Carthage" ; en 1911. le "Timgad", de 10 000 chevaux

le "Timgad" dans le port d'Alger.
le "Timgad" dans le port d'Alger.

;en 1913, le "duc d'Aumale", orné d'une belle effigie peinte du prince et doté d'une puissance de 7 000 chevaux.

 

------En 1910 fut créée la ligne Marseille - Tunis : en 1912, ce furent les services Bordeaux - Casablanca et Alger - Casablanca.
-------L'année 1912 vit le lancement du "Lamoricière" dont, le 11 mars, la musique des zouaves, venue avec le Colonel Bertrand accompagner les troupes, salua le départ aux applaudissements de la foule en même temps que celui du détachement.
-------La compagnie compta aussi le superbe "Président Dal Piaz". En 1934 parut le géant et luxueux "De Grasse" que maintes fois, on se plût à décrire. Pour sa part des "gouverneurs" construits par l'Etat, la Compagnie reçut en gestion le "Jonnart", le "de Gueydon" et "l'Albert Grévy".
-------Durant la dernière guerre, la Compagnie perdit nombre de navires, dont le "Carthage"

.Le port et la gare maritime.
Le port et la gare maritime.

-------A la Compagnie Touache, on l'a vu, avait succédé, en 1858, la Compagnie de Navigation Mixte. Cette Compagnie fut ainsi désignée parce qu'elle a eu, au début, des navires à impulsion "mixte" (à vapeur et à voile), et des machines d'action "mixte" également, comme le "Du Tremblay" (évaporations combinées à l'eau et de l'éther). Ses courriers furent à hélice. Ses navires, utilisés comme transports militaires, participèrent activement à l'expédition de Crimée.
-------De 1856 datèrent son "Sahel", son "Kabyle". Elle eut aussi le "Tell", "l'Oasis", "l'Alger". A mentionner encore, pour des temps plus récents, la "Medjerda", le "Mustapha II". Au cours de la Grande Guerre, l'ennemi lui coula "l'Algérien", "l'Omara" et la "Medjerda".(2)
-------La Compagnie de Navigation Mixte employa, pour le service d'Alger, le "Gouverneur Général Tirman", le "Gouverneur Général Cambon", le "Djemila", "l'El-Goléa" ; pour Oran le "Gouverneur Général Lépine". Elle utilisa ensuite "l'El Kantara", lancé en 1932 ; "l'El Biar", inauguré à Alger le 15 mars 1928 ; "l'El Djezaïr", de 121 mètres et de remarquable célérité, inauguré par de magnifiques réceptions les 24 et 25 avril 1934.

Le départ du Courrier de France.
Le départ du Courrier de France.

-------Certains courriers de cette Compagnie s'arrêtent à Palma. La Compagnie des Transports Maritimes, précédemment indiquée fut créée, le 18 mars 1865, pour le transport à Marseille des minerais de Mokta el Hadid (Bône). Son premier navire fut le "Touareg". En 1866, elle eut neuf vapeurs à quatre mâts, auxquels trois autres furent adjoints. A sa ligne de Bône, elle ajouta celle d'Alger et d'Oran. En 1867 fut créée sa ligne du Brésil. En 1871, fit impression son beau bateau la "France" long de 130 mètres et filant 12 nœuds. En 1877 elle desservit l'Espagne et le Sénégal. En 1896, elle devint postale pour l'Algérie. Disposant de vingt-cinq navires en 1914, cette Compagnie perdit, pendant la guerre, six paquebots et sept cargos. Sa flotte, néanmoins, fut, en 1919 reconstituée et augmentée de dix huit unités.
-------Sur ses lignes d'Alger, d'Oran, sur la France, la Compagnie avait en service, pour de courtes traversées qui évitent le Golfe du Lion et s'opèrent à l'abri des côtes d'Espagne, avec l'avantage d'arrêts à Alicante et Barcelone, le "Sidi Brahim", le "Sidi bel Abbès", le "Gouverneur Général Laferrière" et le "Sidi Mabrouk".
-------Pour Oran, se désigna la Compagnie Paquet qui mit en liaison Marseille, Alger, Oran, Tanger, les autres port du Maroc et relâche à Barcelone.
-------Se signalèrent, en outre, à l'attention pour leur opulence et leur grand stabilité, ces imposants paquebots faisant régulièrement escale à Alger, parmi lesquels ceux de la Compagnie Néerlandaise qui d'Amsterdam, se rendaient, toute les trois semaines, aux Indes hollandaises après avoir touché Gênes. Il ne faut pas omettre non plus ces navires de tourisme qui comprenaient notre capitale Alger dans leurs croisières et contribuaient ainsi à relier l'Algérie aux plus importants ports du monde.
-------Tels furent et tels sont ceux des principaux moyens maritimes par lesquels l'Algérie fut mise en relation avec le monde extérieur, moyens qu'on ne cessa de perfectionner à un si haut degré au point de vue vitesse et confort que, de voyage fatigue qu'elles étaient autrefois, les traversées méditerranéennes tendirent à devenir pour la majorité voyages d'agrément.

Jusqu'à la terrible année 1962.

H. Klein

les quais, la gare maritime
les quais, la gare maritime

Le Kairouan ...qui évacua ma famille--------Le Kairouan ...qui évacua ma famille un jour de fin juin 1962.
Le Kairouan ...qui évacua ma famille un jour de fin juin 1962.

(1) : C'est sur les quais de Saint-Nazaire, en 1936, que né le VILLE d'ALGER,long de 147,6 m, assurant 9.830 tonneaux, vitesse 22 noeuds, il embarque 1528 passagers entre Marseille, la Tunisie et l'Algérie pour la Compagnie Générale Transatlantique (CGT). Il sera réquisitionné en 1940 pour servir de transporteur de troupes. En janvier 1943 il est confisqué par les Allemands. Au moment de leur retraite, le 20/08/1940, il est incendié et coulé. C'est à Port de Bouc, le 26/02/1945, qu'il est remis en cale sèche et réparé et reconverti avec une seule cheminée. Restitué à sa compagnie (CGT) en 1946, il assurera son premier transport à partir de Marseille vers l'Algérie en 1948. C'est à cette période que nous l'avons tous connu. Ce fameux bateau à coque noire surmonté de ses ponts peints en blanc. Il nous ramènera en France en 1962 puis n'ayant plus grande utilité de ce côté de la Méditerranée, il sera vendu en 1966 aux frères Typaldos du Pirée où il sera rebaptisé "Poséidon" pour assurer encore des transports de voyageurs entre les ports de Venise, Le Pirée, Marseille et Haiffa. Et puis en avril 1969, on va l'amener en Italie, à Spezia, pour son dernier voyage où il sera entièrement démoli.
(
2) :Le Medjerda était un courrier français qui a quitté le port d'Oran le 10 mai 1917 à 22 heures donc en plaine guerre 14-18 avec à son bord 575 personnes dont 59 hommes d'équipages, 48 civils hommes femmes et enfants, 468 militaires permissionnaires qui rejoignait le front. Il a été coulé le 11 mai à 19h 10 au large du cap Palos à environ 20 km des côtes espagnoles, par une torpille tirée d'un sous-marin allemand, qui a atteint la machinerie et l'a faite exploser .Le bateau à coulé en quelques minutes faisant de nombreuses victimes, 344 et 231 rescapés.Cette tragédie endeuilla toute l'Oranie