Urbanisme, architecture à Alger, en Algérie
L'URBANISME
La mystique du logement,
2°/Pas de politique d'habitat sans politique financière,
3°/ Délibérations diverses du conseil municipal

Illustrations, textes extraits de "bulletin municipal de la ville d'Alger",juillet 1953, n°7 - collection B.Venis
mise sur site le 17-2-2008

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« Les sans logis ont davantage besoin d'un toit que de phrases...». Ainsi s'est exprimé le député-maire d'Alger, Jacques Chevallier, au cours
de l'importante séance publique tenue par le Conseil Municipal, le 3 juillet.

On pourra lire, dans ce bulletin, le compte rendu intégral de la déclaration de M. Jacques Chevallier qui, en cette occasion, a défini les grandes lignes des projets d'habitat municipal en cours d'élaboration et dont certains (Sifaoui), sont déjà en cours de réalisation.

Le programme municipal exposé par M. Jacques Chevallier comprend 5.000 logements. Si tous les techniciens montrent la même diligence que M. Fernand Poullion, architecte en chef de la Ville, 1.935 logements seront en chantier à Alger avant la fin de l'année 1953.

" La venue de M. Fernand Poullion a eu pour effet de recréer un climat d'émulation et de concurrence, de susciter des techniques nouvelles et partant d'orienter certains esprits parfois assoupis dans la routine ou dans la facilité, sur la nécessité pour eux, s'ils veulent continuer à exercer, de rechercher ardemment à baisser leurs prix de revient " a dit encore le député-maire.

Alger attend avec impatience la pose de la première pierre de la Cité du Bonheur (Diar EsSaada), édifiée sur les hauteurs de la Ville à Sifaoui.

Alger espère son 4 août de l'Habitat. Alger ne sera pas déçu !

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Pas de politique d'habitat sans politique financière,

par M. Paul DELBAUFFE,
Conseiller Municipal
Membre du Conseil Algérien du Crédit et du Crédit Populaire Algérien.

La priorité donnée par M. Courant à la construction des logements du secteur privé pose pour l'organisme prêteur : (le Crédit Foncier) un problème de crédits dont la solution n'a pas encore été trouvée.

Il convient de remarquer que le problème des crédits à la construction s'insère dans le cadre de la politique du crédit telle qu'elle est pratiquée par la Banque de France et le Conseil national du Crédit (1). Dans son septième rapport annuel, le Conseil national du Crédit, après avoir insisté sur le déséquilibre des finances publiques, observait " que la politique du crédit ne peut se départir d'une certaine prudence. La poursuite, si désirable, de notre essor économique ne sera saine et durable que si elle
(1) En Algérie, la Banque de l'Algérie, le Conseil Algérien du Crédit et le Crédit Foncier d'Aigérie et de Tunisie sont les homologues des organismes métropolitains cités dans cet article. L'Algérie, bien qu'autonome du point de vue financier, suit nécessairement la politique générale de la Métropole en matière de crédit. Il y a, d'ailleurs, interpénétration d'intérêts, le potentiel économique algérien étant insuffisant à assurer un auto-financement. repose sur un développement de l'épargne, subordonné lui-même à une plus réelle rigueur dans tous les aspects de la gestion publique ". Cet avertissement du Conseil national du Crédit, présidé par le gouverneur de la Banque de France, exprime bien l'ambiguïté de la situation : la Banque de France attend de l'Etat des mesures autoritaires pour développer le crédit, alors que le Gouvernement attend des crédits de la Banque de France pour développer la construction.

L'OPINION DE M. DEROY Gouverneur du Crédit Foncier

M. Deroy, gouverneur du Crédit Foncier, exprimait très nettement la même idée lorsqu'il observait récemment : " le volume global des crédits spéciaux à la construction se trouve en pratique limité d'une part, dans l'immédiat, en fonction des possibilités de réescompte de l'institut d'émission dans le cadre de la politique générale du crédit, d'autre part, pour l'avenir, d'après la situation du marché des capitaux ou, ce qui revient au même, d'après l'importance de l'épargne. Il est donc indispensable de veiller à ce que les crédits spéciaux soient réservés au financement des dépenses les plus urgentes tant au point de vue économique que social ".

On comprend mieux dans ces conditions la portée réelle des mesures récemment prises pour consentir des avances atteignant 80 % du coût de la construction pour des logements dont le prix était en moyenne de 4 millions. L'avance consentie par logement était donc de 2.500.000 fr. En 1952, 30.000 logements ont été financés grâce à l'aide du Crédit Foncier. Le plafond avait été porté à 70 % du coût de la construction, mais le prêt moyen n'a été que de 60 (Yo du prix réel qui atteignait en moyenne 3 millions par logement. On voit donc pourquoi en prêtant 80 % du coût de la construction sur des logements économiques inférieurs à 2 millions de francs, le Crédit Foncier, en consentant une avance maximum de 1.600.000 fr., peut augmenter le nombre de ses prêts sans augmenter son découvert dans le même temps où il limite les prêts aux logements qui ne respectent pas les normes des maisons Courant.

FORMULE DE PRETS ASSEZ DANGEREUSE


Cependant, cette formule de prêts est assez dangereuse, car il n'est pas possible d'envisager une extension indéfinie des prêts à la construction du Crédit Foncier tant que la Banque de France refusera d'abaisser le taux d'escompte et d'élargir la politique du crédit qui peut être consenti par l'ensemble des établissements bancaires. Les avances du Crédit Foncier représentant par ailleurs des effets escomptables en cinq ans à la Banque de France, toute augmentation du volume des prêts entraînerait une augmentation des billets en circulation provoquant par là même un danger d'inflation. En 1951, 30 milliards ont été accordés mais non encore intégralement réalisés ; en 1952, 73 milliards ont été accordés, portant à plus de 100 milliards l'effort financier directement supporté par le Crédit Foncier. On estime cependant que le " plafond " de 160 milliards pourrait être atteint sans que la Banque de France freine la politique des prêts à la construction. On sait que la doctrine de la Banque de France - et par voie de conséquence celle du Crédit Foncier - reste la stabilisation des prix et le retour à une économie saine. Quoiqu'on ne puisse parler d'un plafond des prêts à la construction, ceux-ci dépendant du nombre des primes accordées, les logements qui pourraient être financés à concurrence de 80 % ne pourraient dépasser 70.000. Au delà, la politique de stabilisation financière risquerait d'être compromise. On doit remarquer cependant que les récentes avances consenties par la Banque de France à l'Etat vont limiter d'autant les possibilités de crédit. Aussi M. René Mayer a-t-il fait allusion à un nouveau recours à l'épargne sous la forme de vastes emprunts spécialisés. S'il n'est pas possible, selon M. Courant, d'envisager le lancement d'un emprunt " construction " dans un délai assez court, l'emprunt constituerait un moyen de relayer les prêts du Crédit Foncier le jour où le nombre des demandes dépasserait les possibilités financières de l'organisme prêteur.

Il est peu probable, cependant, qu'au cours de cette année le nombre des logements économiques dépasse 70.000. Aussi le Crédit Foncier n'aura-t-il pas à appliquer sur les instances de la Banque de France un système de freinage. Il est même possible que les avances qui seront finalement consenties par le Crédit Foncier ne soient pas plus fortes en 1953 qu'elles ne l'avaient été en 1952, alors que le nombre des logements financés sera sensiblement plus grand.

IL FAUT ENVISAGER D'AUTRES MOYENS DE FINANCEMENT


Il n'en reste pas moins qu'il faut dès maintenant envisager d'autres moyens de financement que le Crédit Foncier pour construire les 240.000 logements prévus par le plan Courant.

Un autre problème de financement se posera pour le prochain exercice budgétaire. Alors que le ministre de la Reconstruction avait demandé un abaissement du taux d'intérêt du Crédit Foncier à 5,50 % au lieu de 6,40, la Banque de France a refusé cette concession dans la crainte d'une dévaluation. Par contre, les services du Crédit Foncier ont fait remarquer qu'au cours des dernières années trois milliards sur les 5 milliards prévus au titre des primes à la construction avaient été utilisés. En employant l'ensemble des crédits prévus. il serait possible d'augmenter pour un même nombre de logements le montant de la prime à la construction (soit 1.000 francs au lieu de 600 par mètre carré) et de compenser par là même le taux d'intérêt trop élevé des prêts à la construction. Cette solution, qui a été finalement adoptée, posera en 1954 des problèmes de crédit si le nombre des logements effectivement en cours augmente selon les prévisions du plan Courant.

UN PLAN DE FINANCEMENT A LONG TERME EST NECESSAIRE

Ces quelques aperçus montrent que le succès d'une politique de construction dépend essentiellement des possibilités de financement. Il serait dangereux de continuer à laisser croire que le Crédit Foncier pourrait à lui seul permettre la construction de la plupart des logements économiques et familiaux. Aussi est-il indispensable que le M.R.U. prépare pour les prochaines années un plan de financement à long terme qui ait recours à la fois aux ressources de l'épargne et aux crédits budgétaires.

A Alger où la Municipalité, suivant l'impulsion de son Député-Maire, a décidé de faire de la construction d'habitations à loyers modérés son objectif N" 1, il faut également qu'avec le concours des Pouvoirs Publics et des Assemblées Elues, un plan de longue haleine soit dressé, où les divers aspects du problème de l'habitat seront étudiés, harmonisés et coordonnés. Car on ne construit pas rationnellement en s'emparant d'un terrain et en y édifiant des immeubles : urbanisme, voirie, bâtiment, scolarisation, transports, etc... font partie intégrante du plan en parallèle avec le crédit et les ressources d'amortissement des emprunts.

Que les épargnants et les contribuables algérois ne soient pas effrayés par une politique hardie de constructions basées sur l'emprunt, car :
- d'une part, le crédit est une religion et l'on n'obtient pas de crédit si on n'a pas la foi : foi dans les destinées de la France et de l'Algérie, foi dans l'essor de la Cité, foi dans l'élévation du standing des populations ;
- d'autre part, le bâtiment reste en Algérie l'industrie-clef et le vieil adage populaire : " Quand le bâtiment va, tout va " nous évitera le chômage et ses conséquences financières, économiques et sociales ;
- enfin, la pierre est éternelle (ou presque) et le placement immobilier reste le plus sûr gage de l'épargne, comme l'élément le plus certain d'une sage rentabilité.

Il est donc nécessaire d'opter :
- ou bien, pour une aide efficace aux efforts de la Ville et de sa Municipalité ;
- ou bien, pour une régression de notre expansion et ses conséquences fatales : chômage - misère - faillite - révolution.
Nul doute que les hommes de bonne volonté sauront choisir la solution du bon sens et de la raison.

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Une délibération de la séance du 3 juillet 1953
HABITAT. - Réalisation du nouveau programme. Construction d'une tranche de 1.285 logements H.L.M. Financement.

M. Jacques CHEVALLIER, Député- Maire.

Mes chers Collègues,

Le 11 mai dernier, à l'ocasion de la première réunion publique et de travail de notre Assemblée municipale, je vous disais que, conformément aux engagements que nous avions pris vis-à-vis de la population d'Alger, la Bataille du
Logement était engagée et que nous n'aurions de cesse ni de repos qu'elle soit gagnée.

Un mois et demi s'est écoulé... et nuit et jour, sans relâche, les uns et les autres, chacun à notre échelon, puissamment aidés, tant par les architectes que nous avons désignés que par nos Secrétaires généraux, nos Services administratifs et techniques et les cadres de l'Office des H.L.M., nous avons oeuvré, apportant le meilleur de nous-mêmes, sacrifiant l'accessoire au risque de déplaire, pour tenter de gagner cette bataille difficile dont dépend le sort matériel et moral de tant de nos concitoyens.

Une sorte de mystique du logement imprègne nos âmes. Cette mystique, nous nous appliquons à la communiquer à tous ceux qui nous entourent, car la volonté et la foi qui nous animent dans la réussite de cette grande oeuvre humaine sont de celles contre lesquelles rien ne peut prévaloir.

Aujourd'hui, au moment où tant de nos concitoyens partent en vacances pour jouir d'un repos bien gagné, nous voulons que ceux d'entre eux qui sont mal logés ou sans logis emportent avec eux la petite fleur de l'espérance.

Qu'ils sachent que l'été ne retardera pas la réalisation des plans dont je vais vous entretenir car, dès maintenant, ces plans vont entrer dans les faits.

L'affaire Pouillon :

Mais je voudrais auparavant faire une brève mise au point.

Je revendique l'entière responsabilité de vous avoir proposé de désigner et de faire venir de France M. Pouillon.

Si donc des critiques doivent être formulées, c'est contre moi seul qu'elles doivent l'être et non contre une Municipalité qui m'a fait confiance et contre un Architecte engagé par la Ville qui accomplit avec une parfaite conscience la mission dont il est chargé.

Je dois dire, à l'honneur de l'Ordre des Architectes (que je ne confonds pas avec certains techniciens dont les réactions pourraient laisser supposer qu'ils ont mauvaise conscience) que les représentations qu'il m'a faites ont été inspirées de la plus parfaite courtoisie.

Loin de moi l'idée de condamner l'émotion que peut susciter chez ce corps d'élite la venue d'un compétiteur de qualité, mais la concurrence n'est-elle pas un stimulant naturel et profitable au plus grand nombre ?

Déjà ses effets se font sentir. Il n'est de jour où je ne reçoive la visite de techniciens qui me déclarent pouvoir construire à des prix inférieurs à ceux indiqués par M. Pouillon.

J'enregistre avec plaisir... et avec beaucoup d'autres. vous partagerez, j'en suis sûr, cette satisfaction, non sans regretter, toutefois, que ces vocations à la baisse se soient aussi tardivement manifestées.

Davantage eut pu être fait si elles s'étaient exprimées plus tôt et matérialisées dans les réalisations tangibles.
Mais en matière de logement à loyer modéré, cela n'apparaît guère. Dois-je rappeler que, suivant les précisions fournies par M. le Directeur général de l'Office, 549 appartements H.L.M., représentant 1.490 pièces, ont été construits au Champ de Manoeuvre pour la somme totale de 2 milliards 208 millions, terrains non compris, ce qui fait ressortir la pièce H.L.M. au prix moyen de 1.530.000 francs.

Dois-je ajouter que dans l'un de ces immeubles, les appartements, malgré ce prix, sont livrés sans cloison pour séparer les soi-disant pièces entre elles...

Devait-on continuer dans cette voie ?

Libre à d'autres de le faire, mais, quant à nous, nous nous y refusons.

Notre seul souci est de construire le plus possible et, vu les difficultés de financement, d'abaisser les prix de revient pour faire entrer dans le minimum de volume d'argent le maximum d'appartements.

La venue de M. Pouillon aura eu pour effet de réveiller l'esprit de concurence, de révéler peut- être des techniques nouvelles et, partant, d'orienter certains esprits parfois assoupis dans la routine ou dans la facilité sur la nécessité pour eux, s'ils veulent continuer à exercer, de rechercher ardemment à abaisser leurs prix de revient.

Il était nécessaire que ces déclarations fussent faites pour mettre un terme à une polémique que certains voudraient engager. mais qui n'a aucun sens.

Seules comptent les réalisations, non les affirmations.

Les sans logis ont davantage besoin d'un toit que de phrases.
(Applaudissoments).

Ceci étant, je voudrais maintenant vous entretenir, d'une part, de l'ensemble de notre plan d'habitat et de son degré d'avancement, d'autre part, des réalisations en cours qui sollicitent votre adhésion.

Abstraction faite de quelques études incomplètes' ou nécessitant des réajustements majeurs, nous pouvons dire qu'à notre arrivée en mai dernier, nous nous sommes trouvés devant un vide quasi absolu, quant à un plan d'habitat.

690 logements environ du plan d'ensemble du Champ de Manoeuvre et de la rue Hélène Boucher (Architecte Zerfhus, Sebag, Tombarel, Emery et Luickz), dont, à l'exception des projets Tombarel et Luickz, les plans ne sont pas établis.

Ces projets sont en principe financièrement dotés par le M.R.U. En réalité, il semble qu'il sera difficile de dépasser au Champ de Manoeuvre plus de 500 logements nouveaux.

Concurremment, il nous fallait, tout en faisant activer la terminaison de ces projets et leur mise en oeuvre, découvrir ou acquérir d'autres terrains, faire les études et plans et assurer le financement.

Notre premier souci a été de faire l'inventaire des terrains existants.

C'est ainsi qu'en accord avec l'Office d'H.L.M. de la Ville d'Alger avec lequel nous opérons maintenant en parfaite symbiose, nous avons décidé d'affecter les terrains Thiers et Revoil, d'une superficie de 15.000 m2 environ, à la construction d'appartements.

Nous comptons pouvoir implanter là 325 appartements. Les plans en ont été confiés à l'équipe Pouillon.

Cette affectation faite sur des terrains tenus en réserve par l'O.P.H.L.M., la suite de l'inventaire des disponibilité€ nous ramenait, d'une part, aux terrains de la cité Legendre, superficie 25 hectares, dont la consistance glaiseuse interdit d'envisager des constructions collectives et qui, de ce fait, font l'objet d'une étude en vue de réaliser un habitat individuel léger mais définitif et, d'autre part, aux terrains du Nador, superficie 12 hectareso, actuellement occupés par de nombreux bidonvilles, donc inutilisables avant recasement préalable.

Pour réaliser ce grand ensemble, c'est-à-dire des cités nouvelles complètement équipées avec leurs services sociaux, écoles, marchés, garderies d'enfants, P.T.T., il nous fallait donc envisager des acquisitions nouvelles.

C'est pourquoi nous levions l'option consentie à l'O.H.L.M. sur les terrains Sifaoui (7 hectares environ).

Vous avez, au cours d'une précédente réunion de notre Conseil, accepté de faire participer la Ville à cette dernière opération en inscrivant 33 millions à notre budget supplémentaire.

La déclaration d'utilité publique de l'acquisition Sifaoui (Note du site : futur Diar-es-Saada) a été signée par le Gouverneur Général le 30 juin. La mise en adjudication des premiers travaux de mise en état des sols a été lancée et certaines entreprises ont déjà officiellement remis les plis contenant leurs intentions de participer aux travaux. Nous comptons construire sur les terrains Sifaoui 900 logements.

Les études menées par l'Architecte Pouillon et ses 53 collaborateurs, dont plusieurs architectes algérois, sur Thiers, Revoil et Sifaoui, soit 1.285 logements, sont à un stade tel que je suis fondé à révéler aujourd'hui les détails du déroulement pratique des travaux.

Travaux de voirie :
- Intention de soumissionner, date limite : 5 juillet.
- Adjudication : du 15 juillet au 15 août.
Ordre de service pour début des travaux : 20 août.
- Fin des travaux prévue pour le 30 octobre.

Tous corps de métiers:

- Intention de soumissionner : 15 août - 1er septembre.
- Adjudication : 5 septembre - 5 octobre.
- Ordre de service pour début des travaux : 15 octobre.

Ces travaux seront financés suivant un plan que je vous soumettrai dans quelques instants, une fois terminé le tour d'horizon de nos possibilités.

En effet, notre désir de créer des ensembles vastes et cohérents, des cités nouvelles, nous incline à vous proposer également, au cours de ce débat, de donner un avis favorable à l'acquisition par l'O.H.L.M. de parcelles importantes du terrain El Mansali, d'une superficie de 12 hectares environ.

Jeudi, à l'occasion de la réunion de la Commission du Fonds de dotation de l'Habitat, nous avons réussi à obtenir, au profit de notre O.H.L.M., une subvention de 84 millions pour l'achat de ce terrain sur lequel nous pensons pouvoir construire 1.500 logements.

En définitive et compte tenu de ce qui précède, je récapitulerai les divers secteurs de notre plan d'ensemble :
- Thiers, Revoil, Sifaoui : 1 285 logements
- El Mansali :1 500
- Le Nador: 1 500
- Boucle Pérez : 500
- Hélène Boucher transféré à Bab-el-Oued et Champ de Manoeuvre : 500

En gros 5.000 logements.

Je précise que pour tous ces projets sans exception, les plans sont en cours d'élaboration, grâce à la collaboration d'architectes métropolitains et algérois, dans des parts sensiblement égales.

Il n'y a donc pas, contrairement à ce qui a été avancé, d'exclusive contre qui que ce soit.

Si, comme nous le pensons, les architectes chargés des plans Champ de Manoeuvre et boucle Pérez se montrent suffisamment diligents, nous mettrions en chantier, avant la fin de l'année, 1.935 logements nouveaux pour des gens à moyens modestes et quelles que soient leurs origines.

Voilà notre premier objectif.

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L'essentiel de notre délibération d'aujourd'hui est de garantir l'amortissement des crédits intercalaires qui nous' seront consentis, tant par l'Institut d'émission que par un consortium bancaire.

L'économie générale du financement Thiers-Revoil-Sifaoui se décompose comme suit :

Le programme porte dans ses grandes lignes sur la construction d'environ 1.300 appartements pour le prix de 2 milliards 600 millions.

Tant dans le but d'utiliser des possibilités financières qui nous étaient immédiatement offertes que pour encourager l'accession à bon compte à la propriété, ce qui est socialement recommandable, nous avons estimé devoir scinder notre programme en deux parties sensiblement égales.

La moitié du programme serait réalisée par le système de la location-attribution.

Cette proportion a pu apparaître trop forte à certains de nos collègues. Je leur demande de considérer le problème dans son ensemble. Elle ne représente en fait que 10 (Y, environ du programme général. 1.285 logements' 1.500 logements 1.500 logements 150 logements 500 logements 4.935 logements

Elle sera financée par le procédé des prêts du Crédit Foncier de France remboursables en 20 ans et préfinancée pendant les trois premières années par un crédit faisant intervenir le système bancaire avec la garantie de l'Algérie.

Les intéressés devant, dans ce système, apporter immédiatement 20 % environ du prix, le crédit nécessaire sera de l'ordre de 1.050 millions.

Compte tenu des possibilités de consolidation du Crédit Foncier de France, soit 350 millions par an. il devra être réparti en trois tranches d'une importance moyenne égale, mobilisables en 1953, 1954 et 1955. Toutefois, l'exercice 1953 étant déjà très avancé et les délais nécessaires à la constitution de nombreux dossiers individuels entrant dans la composition de chaque tranche pouvant être assez longs, je pense qu'il est prudent de prévoir qu'une importante partie des crédits relayables ,en 1956 par les prêts directs du Crédit Foncier de France ne pourra être préfinancée qu'en 1954, conjointement avec ceux dont les prêts directs du Crédit Foncier de France assureront normalement le relais en 1957.

En conclusion, les plafonds des crédits de préfinancement individuels afférents à cette partie du
programme devraient être de :
- en 1955 : f 350.000.000 relayables par des prêts directs du Crédit Foncier de France à raison de :
350 millions en 1956 et 350 millions en 1957
- en 1935 : frs 350.000.000 relayables en 1958 de la même manière.
Total : frs 1.050.000.000

L'autre moitié du programme sera réalisée selon les formules faisant intervenir l'O.H.L.M. ; les appartements seront donnés en location. Elle sera financée par trois emprunts à long terme de 300 mil lions chacun, réalisables par l'Office avec garantie de la Ville en 1954, 1955 et 1956 et par quatre annuités budgétaires de 100 millions chacune, servies, soit par l'Office, soit par la Ville en 1954, 1955, 1956 et 1957.

Dans l'attente de la réalisation de ces emprunts et du dégagement des annuités en question, ainsi que de la mise à sa disposition de la dernière tranche de prêts privés à l'habitat définie ci-dessus, l'Office aura besoin d'un préfinancement d'un montant total de frs 1.250.000.000.

L'octroi de ces crédits intercalaires ne peut naturellement lui être accordé que si des garanties de remboursement lui sont apportées.

Il est donc nécessaire d'assurer par le vote de centimes additionnels appropriés le règlement éventuel de ces crédits en cinq
annuités. Ils pourront être amortis dans les conditions ci-après :
Francs : 750.000.000 en 1955
400.000.000 en 1956
100.000.000 en 1957
au fur et à mesure de la réalisation des emprunts à long terme et des prêts privés à la construction.

Au cas où les emprunts à, long' terme ne pourraient être émis ni les annuités budgétaires servies, les centimes votés permettront le remboursement en cinq ans des engagements réalisés par l'intermédiaire d'un consortium bancaire avec l'intervention du Crédit Foncier de France.

Les annuités d'amortissement calculées en fonction de ces éléments seraient de l'ordre de 305 millions.

La valeur du centime communal étant de 10.500.000 francs, le nombre de centimes nécessaires serait de 29,04.

Je vous demande donc en conséquence et conformément à l'avis favorable émis par vos Commissions des Finances et des H.L. M. réunies et par la Commission des Travaux et Finances :
1°/) d'adopter le plan financier qui vous est soumis ;
2°/ de voter pour assurer, le cas échéant, l'amortissement en cinq ans du prêt de 1.250 millions, 29 centimes 04. Ces centimes seraient, concurremment avec les ressources générales de la Ville, appelés à être mis en recouvrement mais seulement en cas de besoin ;
3°/ d'autoriser l'Office Public d'H. L.M. à accomplir, dans les moindres délais, toutes formalités utiles en vue de la réalisation directement auprès des Etablissements de crédit ou par émissions publiques de trois tranches d'emprunt de 300 millions chacune au cours des années 1954, 1955 et 1956 ;
4°/ d'habiliter le Maire à accomplir toutes formalités et à signer tous actes utiles en vue de la réalisation dudit plan financier.

Je ne voudrais pas terminer ce long exposé sans rendre hommage à la bienveillance de M. le Gouverneur Général Léonard et à celle de ses services financiers, singulièrement M. Tixier, Directeur général des Finances, et M. Du- congé qui tous, avec le plus grand esprit de compréhension des problèmes de notre Capitale, se sont attachés à nous aider pour les résoudre.

Nos remerciements doivent également aller à M. l'Ingénieur en Chef Poitevin, agissant en tant que Président de la sous-Commission technique de l'Office dont les conseils nous ont été particulièrement précieux.

Enfin, j'ai le devoir de dire que tout au long des études menées dans ce mois, j'ai rencontré, auprès des hautes autorités bancaires, le souci constant de nous accorder une audience la plus bienveillante et la plus agissante.
(Vifs applaudissements).

Adopté.

Me Rime, ler Adjoint.
- Mes chers Collègues, la délibération que vous venez d'adopter à l'unanimité constitue le signal de départ d'une véritable course à la construction, mais elle est aussi la résultante des efforts conjugués de tous les éléments d'une véritable équipe dont notre Député-Maire, Jacques Chevallier, est le chef éclairé et l'ardent animateur.

Il n'a cessé, depuis un mois et demi, de penser à ce problème de l'habitat et c'est après bien des nuits d'insomnie, de multiples et incessantes démarches qu'il nous donne aujourd'hui la joie d'enregistrer une première victoire.

Qu'il me soit donc permis, traduisant, j'en suis certain, le sentiment unanime de cette Assemblée, de lui dire notre admiration, de l'assurer de notre dévouement à la cause qu'il défend admirablement et de lui adresser les plus vives félicitations pour l'œuvre qu'il a accomplie et les lendemains plus rayonnants et en tout cas moins sombres qu'elle permet d'espérer.