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La toilette d'Alger
camions-bennes et arroseuses.

La Ville d'Alger s'organise

Ça n'est pas une petite affaire que de procéder à la toilette d'une ville de près de 300.000 habitants dont la configuration géographique et la population créent des besoins sans cesse accrus et toujours plus exigeants. Long ruban de 18 kms, Alger offre au technicien un aspect particulièrement redoutable tant ses quartiers sont différents les uns des autres par leur topographie et la disposition de leurs rues. Ici, c'est Bab-el-Oued, le pittoresque faubourg Bab-el-Oued, avec ses anciennes bâtisses adossées les unes aux autres dans un enchevêtrement de murs branlants, alignées sans symétrie, au petit bonheur, témoins symboliques de cette première " poussée " d'une race dont Louis Bertrand se plut à nous dépeindre l'idéologie et les caractères dans un de ses livres restés fameux. Il est, évidemment, très agréable pour le psychologue en quête d'une étude de mœurs pittoresque de déambuler entre ces vieilles choses qui sentent le moisi, parmi ces boutiques d'épiciers alicantais. ces bodegas qui débitent dans une atmosphère âpre et lourde de fumée des anisados plus ou moins authentiques et ces fabriques d'espadrilles d'où s'élèvent le soir venu tant de murmures, de rires et de chants. Mais pour le spécialiste dont la mission est de veiller à l'hygiène de la cité, il ne saurait être question de philosophie ce d'idéalisme, et l'on comprend qu'il soit partisan d'une réorganisation complète des plans d'alignement proposée par quelques urbanistes connus dont nous voulons bien croire que leur doctrine n'appartient point au domaine si vaste de l'utopie, mais repose plutôt sur une base solide et rationnelle. Un peu plus loin. C'est la Kasba, une cascade de maisonnettes qui se heurtent, se bousculent, s'écrasent dans un bouillonnement diluvien, laissant peu de place aux passages, humides et sans lumière, artères étroites où coule comme un sang noir et trop épais une foule naïve de types hétéroclites. Et là, enfin, c'est le nouvel Alger qui s'enfle, s'étale, escalade la colline prétendue inviolable et dresse dans le ciel bleu les 10 ou 15 étages de ses impressionnants gratte-ciel.

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Afrique du nord illustrée du 25-2-1933 - Transmis par Francis Rambert
mis sur site : mai 2021

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La toilette d'Alger

La Ville d'Alger s'organise

Ça n'est pas une petite affaire que de procéder à la toilette d'une ville de près de 300.000 habitants dont la configuration géographique et la population créent des besoins sans cesse accrus et toujours plus exigeants. Long ruban de 18 kms, Alger offre au technicien un aspect particulièrement redoutable tant ses quartiers sont différents les uns des autres par leur topographie et la disposition de leurs rues. Ici, c'est Bab-el-Oued, le pittoresque faubourg Bab-el-Oued, avec ses anciennes bâtisses adossées les unes aux autres dans un enchevêtrement de murs branlants, alignées sans symétrie, au petit bonheur, témoins symboliques de cette première " poussée " d'une race dont Louis Bertrand se plut à nous dépeindre l'idéologie et les caractères dans un de ses livres restés fameux. Il est, évidemment, très agréable pour le psychologue en quête d'une étude de mœurs pittoresque de déambuler entre ces vieilles choses qui sentent le moisi, parmi ces boutiques d'épiciers alicantais. ces bodegas qui débitent dans une atmosphère âpre et lourde de fumée des anisados plus ou moins authentiques et ces fabriques d'espadrilles d'où s'élèvent le soir venu tant de murmures, de rires et de chants. Mais pour le spécialiste dont la mission est de veiller à l'hygiène de la cité, il ne saurait être question de philosophie ce d'idéalisme, et l'on comprend qu'il soit partisan d'une réorganisation complète des plans d'alignement proposée par quelques urbanistes connus dont nous voulons bien croire que leur doctrine n'appartient point au domaine si vaste de l'utopie, mais repose plutôt sur une base solide et rationnelle. Un peu plus loin. C'est la Kasba, une cascade de maisonnettes qui se heurtent, se bousculent, s'écrasent dans un bouillonnement diluvien, laissant peu de place aux passages, humides et sans lumière, artères étroites où coule comme un sang noir et trop épais une foule naïve de types hétéroclites. Et là, enfin, c'est le nouvel Alger qui s'enfle, s'étale, escalade la colline prétendue inviolable et dresse dans le ciel bleu les 10 ou 15 étages de ses impressionnants gratte-ciel.

Il n'y a qu'à songer aux soucis quotidiens de la maîtresse de maison que le bon ordre et la propreté de ses trois pauvres petites pièces d'appartement obsèdent au point de la rendre quelquefois irascible à l'égard d'un époux qui n'en peut mais, qu'à évoquer certaines scènes tragi-comiques inspirées par une domesticité de moins en moins docile et souple pour comprendre et admirer l'effort louable de ceux auxquels la Municipalité algéroise a confié le gouvernail d'une organisation qui compte un effectif de 500 hommes et doit procéder chaque jour à la collecte de 140 tonnes d'ordures ménagères éparpillées un peu partout sur des voies dont il convient d'assurer en même temps le balayage et le lavage indispensables.

Cet effort est réel, absolu. Il n'était possible qu'à la condition de rompre avec les méthodes périmées et le processus traditionnel des administrations classiques. Mais seuls des jeunes, au risque d'en faire blêmir d'effroi les conservateurs rébarbatifs et bougons, pouvaient voir grand, large, juste. En faisant appel à eux, nos édiles ont eu un geste qu'il convient de souligner et dont les conséquences, riches de surprises heureuses, ne laisseront pas. nous l'espérons, d'avoir une répercussion souhaitable sur les organismes officiels de la Colonie.

L'été dernier, les exigences de notre devoir professionnel nous avaient conduit jusqu'aux installations municipales du marché Tafourah. Nous n'avions trouvé là que du provisoire, de l'à-peu-près mais aussi des compétences qui ne pouvaient qu'inspirer l'optimisme : vous verrez dans quelque temps! nous avait dit le sympathique directeur du Nettoiement. M. Marcou. Et aujourd'hui, en effet, le Marché Tafourah a fait place aux magnifiques bâtiments du boulevard Beauprêtre où sont centralisés les bureaux de la Direction, les garages des véhicules automobiles, les ateliers et les magasins. Piloté aimablement par M. Brunier, le lieutenant fidèle de M. Marcou, nous avons pu visiter de fond en comble cette véritable usine. Les différents véhicules employés à l'entretien de la voie publique - 48 camions de 3 à 12 m3, 14 charretons, 17 arroseuses et 160 appareils luto-cars - le matériel mécanique, imposant et habilement utilisé par une équipe de mécaniciens avertis et jusqu'aux lavabos réservés aux employés furent minutieusement passés en revue.

Mais il faudrait des pages entières pour décrire cette réalisation grandiose que l'on doit à l'inlassable labeur de MM. Marcou et Brunier et au précieux appui d'un de nos magistrats municipaux les plus agissants, le docteur Murât, à qui nous sommes tout particulièrement heureux d'adresser ici nos bien sincères compliments.