Alger, Algérie : vos souvenirs
La page de Yves Jalabert
"Mais que sont ils tous devenus ?"
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mise sur site le 16-01-2005

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---------"Mais que sont ils tous devenus ?"

---------Ces copains, compagnons, amis, camarades, de toutes conditions et de toutes religions.
---------Tous ces visages sur ces photos, que je n'ai pas oublié, seul leur nom, pour certain, s'est enfui.
---------Où sont-ils ? restés la-bas ?, hors de France ?, partis à tout jamais ?, dans une province du sud ou du nord ?
---------Que sont devenus nos compagnons de classe, nos partenaires aux noyaux d'abricots et autres jeux de récré, les copilotes de carrioles, les bâtisseurs de cabanes, nos complices des jeux du jeudi, dans la rue, au parc de Galland et son bassin à bateau, au parc Montriand, au Bois de Boulogne et pour ceux qui étaient de la paroisse du Sacré Coeur la Villa Montalembert, avec les Cœurs Vaillants.

---------Qui se souvient des chasses au Tawel (orthographe non garantie) et combats de pistolets à plomb à air comprimé, des échanges d'illustrés, les Tintin, Pecos bill, Zorro, Battler Briton, Roy Rodger, Bibi fricotin, Pieds nickelés, et bien d'autres titres que le temps a effacé de ma mémoire
---------Et, quand arrivés les grands froids, (en dessous de +15°C, balek) on restait, ensemble, au chaud, à jouer avec nos Dinky toys, petits soldats, train Hornby ou Marklin, à tresser des scoubicou, ou à s'inventer des histoires et des aventures à la Jules Verne.

---------Que sont devenus les amis et amies, les premiers flirt, des boum, rue Burdeau, rue Abbé de l'épée et autres lieux dont les noms m'échappent, les filles et les garçons, qui ont dansés des slows langoureux sur Only you, sur les rock d'Elvis ou de Ray Charles, les mêmes qui ont pleuré plus tard sur " et j'entend siffler le train ", ceux avec qui on avait monté un embryon d'orchestre pour détrôner , les Chaussettes et les chats (on avait peur de rien), les ''athlètes'' en maillot, épais comme des stockfisch,( prononcer stokafitche) des plages de la Madrague ou Sidi Ferruch, ou nous y allions, en bande, en tapant une targa, sur nos Mob . 50 cc., Garelli, Peugeot, Flandria, plus tard sur des 125, Ariel, Triumph, Terrot, Peugeot, Puch, Jawa, Rumi, Lambretta, Vespa et autres machines de légendes aujourd'hui remplacées par les belles japonaises.
---------De temps à autre une halte à la pointe Pescade pour se taper un cornet de frites devenues, depuis, CHIPS, zaarma !! c'est plus chic.

---------Où sont les copains du quartier avec qui nous partagions des cochonneries buccales, qui nous coupaient les lèvres et nous niquaient les dents, achetées chez le " moutchou " et qui faisaient notre régal. Les boites de coco, le réglisse sous toutes ses formes, les gros caramels, les ZUT, les sifflets, les roudoudou, les mistral, les sucres d'orge et les chewing gum, pas des Américains, non, non, des biens de chez nous, des verts et des roses, dont je vous laisse deviner le nom en 5 lettres (pas celui de Cambronne, non) réponse plus tard.
---------Le soir venu, rendez vous au Gabelouz club, le marchand de beignets de la rue Meissonier, pour avaler, zlabias, makrouds, gabelouz et beignets,(tarte à l'huile pour les connaisseurs) bien gras, avec ou sans sucre** , emballés dans du papier journal. Purée, qu'est ce que c'était bon !. Pour arroser et faire passer, une bonne gazouz, Pam-Pam, Crush ou la bonne Limonade d'Hamoud Boualem et bien sur le fameux, le célèbre, l'incomparable Selecto***, avec un slogan bien à nous : " ci bon, ci chô, ci silictô ".

---------Où sont passés les complices de drague, les sosies d'Elvis ou de James Dean, (ça y croyaient !), les copains des séances de ciné du dimanche matin à l'Hollywood, ou des dimanches après-midi , au Rex, le cinéma du curé, pour voir, Les "Compagnons d'Emmaüs", ou "si tous les gars du monde voulaient se donner la main", les westerns à l'ABC, les films de caps et d'épée à l 'Empire ou les premiers Lino Ventura en N&B, dans le "Gorille vous salue bien" , les films à l'eau de rose au Versailles, les péplums au Régent, de guerre au Debussy, l'aventure au Français ou au Colisée, quant au Rialto et au Majestic, c'était hors de nos frontières.


---------Avant la séance on achetait, chez le marchand ambulant, des blibli, roses ou blancs, des jujubes pleins de cocos, des cacahuètes ou des Zoubli, ou bien, à la sortie, on s'offrait un créponé chez l'Italien, avant de '' faire'' la rue Michelet, en passant devant les terrasses de l'Otomatic, du Qat'Zart, de la Cafet. et du coq hardi, vêtus de pantalons taille basse ou en jean's SAM, retaillés moulant, aux innombrables poches, à faire pâlir tous les Levis.

---------Où sont les complices des premières Bastos, Job, globe ou Melia, allumées avec les allumettes "le jockey", que l'on essayait de fumer, en cachette, bien sur. Avant le vraies, on s'était entraîné aux eucalyptus.
---------On voulait être des hommes pas des coulo !….

---------Sans oublier les copains du cathé. et de la communion avec pélérinage à Madame l'Afrique, ceux des rameaux, ceux avec qui on a partagé tchoutchouka et mouna à Sidi Ferruch, pendant que " les vieux " tapés le carton ou essayés de téter le boulitch à la partie de boules, les compagnons de tours de pistes aux stades Leclerc ou Tagarins, les invités aux mariages des cousins, cousines, amis des amis de la famille, et ambiance assurée avec l'accordéon du tonton et enfin ceux avec qui, plus tard, ont à fait les manifs, nombreuses et variées.

---------Comment voulez vous après tout ça qu'on est eu le temps d'avoir la tête dans les livres et les cahiers de classe, j'avais " ot choz à faire, môa M'sieur. "*****

---------Mais, au fait ?…. Suis- je le seul à me poser toutes ces questions ?, allez tchao.

---------Et oila, une tranche de vie, vécue, d' Yves Jalabert, dit le titi pied noir.

---------À lire tout ça on pourrai croire que j'ai passé une éternité dans ce pays, et non, né le 29 juin 1944, parti le 28 juin 1962, 18 ans tout juste. Elevé avec mon frère dans une famille modeste. J'ai commencé à travailler à 15 ans½.
---------Mais 18 ans d'apprentissage de la vie, de bonheur, de joie de vivre, de belles balades avec les parents, avec ou sans voiture, d'intenses émotions, d'ennui parfois, l'échantillon d'une très longue vie concentrée en 18 années inoubliables, où chaque moment, chaque instant est gravé en moi.
---------Je n'avais pas conscience, en ce temps là, de ce que je vivais. Aujourd'hui à 60 ans, j'ai toujours 18 ans.

---------Si je raconte tout ça ce n'est pas pour flatter mon ego, pas par nostalgie, mais simplement pour retenir un peu le temps, pour transmettre, aux miens et aux autres.
---------Un jour viendra où tous ces souvenirs tomberons dans l'oubli, le plus tard possible, inch allah.
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* Je vous dirais plus tard comment, avec un manche à balai, on fabriquait un sous-marin.
**Il est plus facile, aujourd'hui, de trouver des makrouds que de la soubressade, c'est un signe des temps
*** .Boisson garantie 100% chimique, en vente aujourd'hui dans presque toutes les grandes surfaces et chez l'arabe du coin, évidemment
**** le dimanche matin était aussi consacré au choix du film de l'aprem., le choix arrêté, nos places étaient réservées et marquées d'un X par la préposée du guichet, avec son gros crayon rouge, sur un plan de la salle, ont choisissait son emplacement, oui monsieur.
***** cé a coz de sa si y a plin des fôtes avec l'ortografe, main'nant.(
note du site:" je nen né pa vues")