Le pétrole au Sahara, aujourd’hui
une réalité ...
IL Y A PLUS DE 50 ANS LE PÈRE CALMETTE
DÉCOUVRAIT PRÈS DE RELIZANE. LE PREMIER GISEMENT
Le 18 mars dernier, au cours
d’une conférence de presse, M. le ministre Louvel faisait
le point de la situation des recherches pétrolières en Algérie.
Quatre sociétés, annonçait-il, ont ou vont bénéficier
de permis de recherche et d’exploitation sur des zones couvrant 550.000
km.
Deux grands sondages sont, d’autre part, en cours à Colomb-Béchar
et Berriane, utilisant un matériel revenant à 300 millions.
La prospection va être poussée dans le Nord également.
Le pétrole est devenu officiellement un sujet d’actualité.
Officieusement on en a souvent parlé en Algérie.
Nous croyons intéressant de publier l’article et le document
communiqués par notre correspondant
de Relizane.
Au moment où d’importants capitaux sont investis, d’importants
moyens matériels et techniques mis en œuvre, il est bon, croyons-nous,
de rendre hommage aux pionniers désintéressés de
la recherche pétrolière en Algérie.
Et dont l’aboutissement favorable peut avoir, de nos jours, des conséquences
économiques innombrables. Hommage au père Calmette
C’est un descendant des déportés de 1848, M. Jean Calmette,
qui découvrit, sur le terrain de M. Kraloua, à 30 kilomètres
de Relizane, le premier gisement pétrolifère.
Dans ses recherches, qui s’avérèrent très difficiles
au cours de nombreuses années, il fut encouragé et aidé
par de rares et regrettés Français : le maire, Lucien Carriol,
l’Ingénieur Rousseau et Maîtres Raoul Pastorlno et Frédéric
Moll, frère de l’héroïque colonel explorateur
Henri Moll.
Malheureusement, après avoir connu une ère de prospérité,
les sociétés d’études et d’exploitation
du pétrole algérien crurent devoir licencier une grande
partie de leur personnel et réduire leurs travaux.
Dès 1897 et pendant la guerre de 1914-1918, des compagnies anglaises
portèrent leur activité dans cette même région
des Douaïrs-Flittas entourée d’une immense ceinture de
grès, et autour de Saint-Aimé et des monts de Bel-Hacel,
où des poches du précieux liquide bitumeux furent découvertes.
Parmi les meilleurs sondeurs, venus de Galicie, de Varsovie et du Canada,
citons MM. Bosaski, Rakowski, Kréjeï et Andrew Flemming qui
firent, de Relizane, la capitale de leurs premières recherches
pétrolières en Algérie. Et c’est à l’hôtellerie
de la mère Saint-Martin si recherchée pour la préparation
de ses mets exquis et où on les voyait après leur rude besogne,
que ces braves gens disaient tous leurs espoirs sur la productivité
d’une de nos plus grandes richesses. Mais au bout de quelques années
d’efforts presque tous les puits furent pratiquement fermés
et les travaux cessèrent brusquement au vif regret de nos populations.
En 1929, un heureux coup de trépan faisait jaillir le pétrole
à une hauteur appréciable dans la fraction berbère
de Tliouanet, sur les terres de MM. Chaouch et Kraloua et à l’endroit
précis où le père Jean Calmette, portant notre vieux
casque colonial, au visage hirsute et rayonnant de joie, s’écriait,
il y a plus de cinquante ans :
« El-zeft 1 El-zeft ! »
(Du pétrole !).
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