sur site le 17/10/2002
-Les Spahis en Algérie
(suite de Les Spahis de 1834 à 1954)
Voir aussi dans "Documents algériens"
-Dix régiments ou groupes d'escadrons de Spahis ont participé, entre 1955 et 1962, à ces opérations : cinq régiments de reconnaissance blindés (1er, 2è et 8è Algériens ; ler et 6è Marocains) et cinq à cheval (5è, 9è, 10è et 11è Algériens ; 3è Marocains).(1)
pnha n°66, mars 1996

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------Dix régiments ou groupes d'escadrons de Spahis ont participé, entre 1955 et 1962, à ces opérations : cinq régiments de reconnaissance blindés (1er, 2è et 8è Algériens ; ler et 6è Marocains) et cinq à cheval (5è, 9è, 10è et 11è Algériens ; 3è Marocains).(1)
-----Les régiments blindés sont principalement utilisés pour assurer la surveillance et l'étanchéïté des frontières, c'est-à-dire des missions de "herse" en intervention rapide le long des barrages électrifiés oranais et constantmois, avec trois régiments dans le Constantinois, et le 2è Algériens toujours en Oranie. Les unités montées, composées en majorité de Spahis musulmans peu enthousiastes et manquant en général de jeunes cadres ayant une certaine expérience du cheval, des NordsAfricains, du service en campagne, de la cavalerie montée et de la rigueur de tous les instants requise dans le commandement de telles troupes, n'ont en général pu jouer qu'un rôle de quadrillage et de "pacification" dans les secteurs de l'intérieur.
-----Quoi qu'il en soit, quelques actions spectaculaires et "payantes" d'interventions ont été menées (à cheval pour la dernière fois de notre histoire) par des escadrons ou pelotons des 5è, 9è et 23è Spahis, notamment. Il n'est pas de notre propos de parler davantage de cette dernière campagne de régiments de Spahis. Comme chacun le sait, il n'y a jamais eu de véritables actions d'envergure de cavalerie (blindée ou à cheval) comparables à celles de 1940-1945, ni de combats de choc aussi brutaux qu'en Indochine, et partant, aucune citation collective n'a été attribuée dans notre armée pour des opérations dites de "maintien de l'ordre" dans ces départements perdus qui pendant plus d'un siècle avaient fait partie de la France.

LA MORT DES RÉGIMENTS
-----L'évacuation de l'Algérie par l'armée française an 1962 après les accords d'Evian devait bien entendu sonner le glas de la vieille Armée d'Afrique qui n'avait plus sa raison d'être. C'est ainsi qu'avec quelques traits de plume l'on a fait disparaître en quelques mois Zouaves, Chasseurs d'Afrique et Tirailleurs... Il devait en être de même pour les Spahis dans leur ensemble.
-----Mais grâce à l'intervention du Général Dodelier, glorieux et très ancien Spahi Marocain, qui était alors chef de l'état-major particulier de De Gaulle à l'Élysée, une seule exception à cette règle a pu se faire.
-----Une fiche avait, en effet, appelé l'attention du Chef de l'État sur le fait qu'il restait encore dans notre arme blindée, à cette époque. de nombreux et loyaux soldats marocains et algériens dont le contrat d'engagement sous nos drapeaux n'était pas terminé. Ce même document rappelait également au Général qu'il existait encore précisément, à Sedan, un régiment de Cavalerie Blindée dont l'étendard, seul de toute la Cavalerie d'Afrique, était décoré de la croix de la Libération. Il s'agissait du 21è Spahis rapatrié d'Algérie, héritier direct du 1er R.M.S.M. La réponse écrite du Général De Gaulle à cette requête est aussi rapide que laconique et se résume au seul mot "soit".
-----Ce que le Général ne sut probablement jamais, c'est que l'actuel 1er Spahis, régiment de tradition du 1er R.M.S.M. et de la France Libre, ainsi que de toute la subdivision d'arme des Spahis n'est pas le "vrai" 1er Marocains. En effet, 48 heures après sa décision, le vieux glorieux 21è Spahis sous la pression d'un groupe de notables des Ardennes se trouve contre son gré transformé en 12è régiment de Chasseurs (ex-Chasseurs à cheval), nom du régiment de Cavalerie qui avait tenu garnison à Sedan "entre les deux guerres".
 

-----Ce sera le 22è Spahis, c'est-à-dire le 2è Marocains (celui de Marrakech, de La Horgne et d'Indochine) qui reprendra la dénomination de 21è Spahis. C'est donc ce régiment, très glorieux également, en garnison à Spire en Allemagne, puis à Valence en France, qui ne reprendra l'appelation de
"1er régiment de Spahis" que le 1er février 1965 (qui est appelé à devenir l'héritier unique de toutes les formations grandes ou petites, montées ou non montées, de la cavalerie dite indigène, quelles qu'elles soient.

-----"Que sont devenus tous les autres Spahis ?" pourrait se demander le lecteur.
-----Certains ont été transformés en régiments métropolitains en 1962 et 1963
--Le 1 °' R.S.A. rentré de Médéa à Coulommiers est devenu 9è Hussards (puis baptisé 2è Hussards en 1979, en garnison à Sourdun près de Provins) ;
--Le 3è R.S.A. à Lichen en Allemagne devient 6è Dragons en 1965
-- Le 24è Marocains, à Pforzheim en Allemagne, devient 3è Hussards en 1962;
-----Tous les autres ont été dissous en 1962, parfois presque dans l'ombre, "sans tambour ni trompettes", et sans laisser beaucoup de traces ni de souvenirs concrets, sauf dans le coeur de quelques centaines d'anciens cavaliers nostalgiques et dans les archives du Service historique de l'Armée.
-----En dehors de tous ces étendards chargés de gloire, pieusement conservés aux Invalides, que sont devenus les souvenirs de cent trente ans de chevauchées, où sont passés tant d'objets si précieux et si émouvants de toutes ces belles salles d'honneur de l'Armée d'Afrique qui existaient de Sfax à Meknès, en passant par Batna, Médéa et Tlemcen ? Mystère.
-----A part quelques fanions, quelques képis, tuniques, banderoles de trompettes, burnous et photographies fanées au Musée de l'Armée, au Musée de Senlis, à Sauteur, Spire et Sourdun, il ne reste presque rien pour témoigner de tout ce passé extraordinaire de la Cavalerie d'Afrique.

Colonel Paul Willing

(1) En 1956, lorque le Maroc est devenu indépendant, afin de ménager la susceptibilité du nouvel État, les régiments de Spahis Marocains ont perdu leur qualification de Marocains, ce qui n'a pas manqué de créer pendant deux ans une immense confusion dus la désignation des unités puisqu'il y avait désormais deux 1er Spahis, deux 2è Spahis etc... Ce n'est qu'en 1958, exaspéré par les fréquentes erreurs dans les mutations et affectations et par la "pagaille" courtelinesque existante dans l'acheminement du courrier, que le "commandement" s'est souvenu que jusqu'en 1929, les régiments Marocains s'intitulaient 21è, 22è , etc... Par conséquent, les quatre "vieux" régiments Marocains ont repris ces numéros à deux chiffres jusqu'à leur dissolution en 1962 (jusqu'en 1965 en ce qui concerne le 21è ). Pour une raison assez obscure mais probablement parce qu'il n'y avait plus de 6è Algériens à ce moment-là, le 6è Marocains est resté 6è Spahis "tout court" (tout en conservant le sceau de Salomon sur ses attributs) jusqu'à sa dissolution.