cinémas d'Alger
de l'A.B.C au Vox
1.- M. Marcel Lherbier tourne à Boghari des scènes de « La route impériale »
Echo d'Alger des 22/ 26-5-1935 et 11-7-1935 - Envoi : Francis Rambert
sur site : mai 2019
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L'Afrique du Nord illustrée du 25-5-1935 (Images et texte) - Envoi : Francis Rambert
sur site : nov.2020

Affichettes, photos et renseignements trouvés sur "https://www.filmsdocumentaires.com/films/3851-la-route-imperiale

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Boghar, 20 mai. — M. Marcel Lherbier, suivant les traces de M. Julien Duvivier, est allé tourner dans l'admirable décor édifié à Fort-de-l'Eau, non une suite de « Golgotha », mais la « Route Impériale », film qu'il tire du roman de Pierre Frondaie, intitulé « la Maison cernée ».

L'action de la « Route Impériale » étant située dans l'Irak, les nobles murs de Jérusalem virent défiler des rebelles druses et des soldats anglais.

Puis M. Marcel Lherbier descendit à Boghari et tourna, hier, avec le concours du 5° chasseurs d'Afrique, en manoeuvres dans la région, d'importantes i séries de chevauchées dans les plaines qui bordent la route de Laghouat et dans les méandres du ksar.

M. Marcel Lherbier rentrera bientôt à Alger et réalisera dans le décor de Fort-de-l'Eau d'importantes scènes, à la fin desquelles le décor sera dynamité
(suite dans les articles.)

affiche
La Route impériale (98 mn)
Compromis dans une affaire de trahison et acquitté, un officier de l’Intelligence Service britannique (Pierre Richard Willm) décide de reprendre du service actif à Bagdad. Il reconnaît dans l’épouse de son colonel une femme qu’il a aimée avec passion autrefois (Kate de Naguy). Avant de partir pour une mission périlleuse, il veut lui faire ses adieux. Surpris, il choisit de laisser croire à une trahison plutôt que de compromettre la jeune femme. Mais celle-ci le disculpera.
Acteurs principaux : Pierre Richard-Willm, Kate de Naguy

affiche
Kate Von Nagy
Kate Von Nagy
Pierre Richard Willm
Pierre Richard Willm
Jaque Catelain
Jaque Catelain
Pierre Renoir
Pierre Renoir

Aimé Clariond
600Ko
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Tous les renseignements ci-dessous , je les ai trouvés sur :
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Route_imp%C3%A9riale

Distribution
Käthe von Nagy : Joyce
Pierre Richard-Willm : Brent
Jaque-Catelain : Dan
Pierre Renoir : le major Hudson
Aimé Clariond : Colonel Stark
Kissa Kouprine : Alia
Jean Forest : Lieutenant Drake
Jean Gobet : le barman
Paul Escoffier : le colonel Simpson
Marcel Charvey : un maître d'hôtel
André Nicolle










UN GRAND ANIMATEUR AU TRAVAIL
En regardant tourner Marcel L'Herbier

Dans ce décor énorme et majestueux où, deux mois durant, les foules du GOLGOTHA évoluèrent sous l'œil vigilant de Julien Duvivier, règne aujourd'hui un silence religieux que vient à peine troubler l'aboi lointain d'un chien kabyle qui poursuit son troupeau.

Les anciens remparts de Jérusalem et la porte monumentale d'Ephraïm, habilement transformés pour satisfaire aux exigences du scénario de LA ROUTE IMPÉRIALE, se découpent dans un ciel d'un gris laiteux et, assis sur son fauteuil de toile, Marcel L'Herbier attend, posément, un soleil qui lui boude depuis sept heures.

La nature aime assez le paradoxe. En plein hiver, Duvivier eut à peu près continuellement du beau temps et une pureté d'atmosphère telle qu'il dut souvent retarder ses prises de vues où les nuages jouaient un rôle si important. Au seuil de l'été, L'Herbier se voit dans l'obligation pénible de modifier son programme, la luminosité étant par trop insuffisante.
Mais aucune déception ne se lit sur ce visage resté impassible. La voix du grand animateur ne trahit pas davantage une émotion qui pourrait d'ailleurs largement se justifier. Il pousse même la courtoisie jusqu'à présenter ses excuses au journaliste qui aura probablement l'occasion de " regretter l'inutilité de son déplacement ".

En guise de reproche, il se contente de dire en souriant :
- Le soleil d'Afrique est-il toujours aussi peu sociable ?

Pour ajouter immédiatement, avec philosophie :
- Il est vrai qu'il neige à Paris; qu'il p!eut et qu'il vente sur la Côte d'Azur. Alors comment pourrais-je en vouloir à votre Algérie puisque, malgré tout, elle m'a permis, il y a quelques jours à Bou-Saâda, d'enregistrer de superbes tableaux, riches d'une lumière généreuse et d'un pittoresque qu'il m'aurait été véritablement impossible de découvrir ailleurs ? J'avais prévu quatre à cinq jours de travail pour la réalisation des scènes se déroulant à Fort-de-l'Eau, après quoi j'espérais tourner à Boghari, en une journée, un assez vaste mouvement de troupe et rentrer à Paris par la voie des airs. Les éléments atmosphériques, je serais presque tenté de dire les "forces subconscientes", en ayant décidé autrement, je me place maintenant, et entièrement, sous la dépendance de cette puissance absolue qu'on appelle couramment la fatalité.
Mais le chef-cameraman Kelber vient de surprendre derrière son verre jaune une lueur encourageante et tous les regards de se porter sur ce point de plus en plus pâle qui, là-haut, laisse espérer une éclaircie prochaine.

D'un bond, Marcel L'Herbier s'est dressé. Le voici maintenant qui fait, une fois encore, répéter sa figuration, en l'occurrence des guerriers druses et des fantassins britanniques dont la patience et la bonne volonté sont pour le moins étonnantes. Les opérateurs sont à leur poste. L'interprète s'égosille à donner les derniers conseils. Le directeur de la production, M. O'Connell, n'attend plus que le signal convenu pour faire partir les explosifs, et les fusées crachent une fumée épaisse, jaunâtre, qui vous brûle les yeux et vous irrite désagréablement la gorge.
Enfin, tout est prêt. Le soleil a fait son apparition. Un coup de sifflet retentit. On tourne.

Rebelles et coloniaux en tenue de campagne s'affrontent et échangent quelques balles inoffensives dans un bruit infernal de mitraille. La terre, soulevée par la poudre, s'élève en gerbes opaques entraînant dans son ascension une multitude de cailloux qui viennent dangereusement retomber une cinquantaine de mètres plus loin, tout près des témoins de ce spectacle singulier mais admirable. On entend les Indigènes hurler leurs imprécations habituelles et les Anglais, curieusement, s'expriment, les uns en " pataouète ", patois espagnol qui fit jadis la joie de Louis Bertrand ; les autres en pur napolitain, cet idiome coloré et chantant qu'on entend à Marechiare et sur les rivages tout embaumés du parfum des citronniers de Capri-la-Jolie. Rudyard Kipling en pâlirait d'effroi et de colère. - Très bien. Coupez.

Marcel L'Herbier parait satisfait, mais le voici déjà qui prépare d'autres angles, qui régie de nouveaux ensembles.
Son autorité dans l'action, le pouvoir discret qu'il exerce sur ses collaborateurs, demeurent ses qualités les plus précieuses, et il faut voir avec quel empressement tout ce monde se met à son service dès qu'il manifeste le moindre désir !

Ce " collectivisme " spontané est peut-être bien à l'origine d'une carrière prestigieuse qui a déjà son histoire propre et ses commentateurs.
Il pourrait, en tout cas, inspirer heureusement la grosse majorité des réalisateurs français dont les idées générales sur le cinéma sont encore trop superficielles pour nous laisser espérer cette réaction salutaire que nous souhaitons tous depuis si longtemps.
André SARROUY.