LE CINEMA FRANÇAIS en AFRIQUE du NORD
Texte issu , avec autorisation, de la revue n° 71 d'"A.F.N. Collections"
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sur site : octobre 2012

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-LE CINÉMA FRANÇAIS DE L'AFRIQUE DU NORD.

1896 - Les origines
Au 19e Siècle, une nouvelle génération de peintres ont été attirés par cette terre tle lumière qu'est l'Afrique du Nord. Ce fut la naissance de l'orientalisme.

Des années plus tard le cinéma découvrait l'Algérie, puis le Maroc et la Tunisie.

Des décors authentiques, de grands espaces, une intense luminosité, et l'exotisme ne pouvaient que plaire aux caméras !

En 1896 les usines de cinéma des frères Lumière envoient en Algérie l'opérateur Alexandre Promio ; il devait y tourner quelques bobines de courtes durées sur la vie quotidienne à Alger : "La rue Bab-Azoun", "Le marché arabe", "La Place du Gouvernement", etc...
Alexandre Prumio était né à Lyon en 1868.

D'abord photographe il se tourne vers le 7eme Art naissant. Après un premier séjour à Alger, il revient en 1903 dans la capitale algérienne où il occupe les fonctions de chef de service Photo- cinématographique du Gouvernement Général. Il y restera jusqu'en 1924.

Il est à peu près certain qu'Alexandre Prumio fut le premier cinéaste à planter une caméra sur le sol Algérien.

Il nous quitte quelques mois après son retour en métropole en 1924.

Des années 20 aux années 50

C'est à partir des années 20 que sont mis en chantier les premiers grands films de fiction.

En 1921 Jacques Feyder s'installe dans la région de Touggourt pour y tourner la lère version de "L'Atlantide" inspirée du Roman de Pierre Benoit.

Ce film à grand spectacle avec Jean Angelo coûta une petite fortune, mais fut un succès triomphal.

En 1922 Franz Toussaint signe "Inch' Allah", également dans le désert du sud algérien ; on peut dire que le 7ème art avait fait son entrée en Algérie.

Au Maroc le Maréchal Lyautey accorde son soutien au monde du cinéma en lui donnant l'autorisation de tourner sur tout le territoire du Maroc.

Des films comme "L'Occident", "Les hommes nouveaux", "Itto", "Barocco" fon découvrir en France une vue positive sur la récente conquête marocaine.

Réaliser des films dans les années 20 n'a pas été toujours une partie de plaisir ; les conditions de vie étaient particulièrement difficiles, les acteurs et le personnel, peu habi- tués à la chaleur torride du Sud, accomplissaient leur travail avec parfois de grandes difficultés.

Un exemple : Jacques de Baroncelli qui tournait en plein désert, dans la région de Touggourt "S.O.S. Sahara", devait se battre contre une tempête de sirocco d'une telle violence qu'il dut un temps cesser les prises de vue. Comble d'ironie une dépanneuse à six roues venant de Touggourt pour porter secours à l'équipe du film fut plusieurs fois ensablée !

En 1929-1930 le cinéma est devenu parlant ; de nouvelles générations de cinéastes et d'acteurs vont remplacer, en partie, les gens du cinéma muet.

Dans les années 30 et 40 de nombreux films sont produits, la plupart en Afrique du Nord, pour mettre en lumière les grandes valeurs françaises comme notre armée, notre époque coloniale : "Le grand jeu" 1935, "Itto" 1934, "Les réprouvés" (Bat-d'Af), "Trois de St-Cyr", "La grande inconnue" et bien d'autres envahissent les écrans de cinéma.

D'autres sujets sont abordés, intrigues policières mêlées d'exotisme comme"Sarfati le Terrible" ou "Mission à Tanger" 1949. Bien sûr n'oublions pas le film le plus populaire, tourné en partie dans la Casbah et sur le port d'Alger, "Pépé le Moko" de Julien Duvivier. La scène finale où Jean Gabin accroché aux grilles du port voit s'éloigner à jamais le bateau qui devait le ramener à Marseille est un grand moment d'émotion.

On retrouvera plus tard la Casbah d'Alger dans "Au cœur de la Casbah" en 1952, avec Viviane Romance.

Sur quelques films

Je voudrais consacrer quelques mots sur des films qui m'ont fait découvrir et aimer frique du Nord bien avant que je ne la découvre réellement.
         "La soif des hommes".
En 1946 Serge de Poligny avait déjà produit "Torrents" ; une partie du film a été tourné en Tunisie et l'autre partie à Bruges : film de contraste entre les brumes de Belgique le soleil de Tunisie.

De retour en Algérie il monte "La soif des hommes" qui retrace les péripéties d'une urne corrézienne qui en 1847 s'installe dans le sud Oranais.

Ce film retrace avec vérité la vie des premiers colons, leur lutte contre les tracasseries l'administration, les maladies tropicales ; il était difficile, à cette époque, de planter de faire fructifier un vignoble.

Entièrement tourné dans la région de Relizane, pour les besoins du film, il a fallu nstruire un village tel qu'il existait en 1830.

A mon avis, S. de Poligny est le seul metteur en scène à s'être penché sur cette part de notre histoire.
Georges Marchal et Danny Robin sont les héros du film.

         "La 7ème porte"
C'est presque un conte des d'une légende arabe : un jeune condition qu'il n'ouvre jamais marocain en plein Tafilalet aux milles et une nuit que nous offre André Zwoboda, tiré mendiant est invité à vivre très riche dans un palais à la 7ème porte du palais ! Le film est tourné dans le sud abords de l'Oued Ziz.

         "La Bandera"
Julien Duvivier est séduit par l'Afrique du Nord. Avant "Pépé le Moko" il réalise en 1935 "La Bandera" : une intrigue policière qui se situe au sein de la Légion Etrangère espagnole en garnison à Riffien (Maroc espagnol).

Les légionnaires de la garnison ont participé au film. Dans ce film figure Reine Paulet dans un petit rôle. Reine Paulet est née en Algérie en 1908. A 18 ans elle obtient un ler Prix au Conservatoire d'Alger. A 20 ans elle fait la conquête de Paris comme chanteuse ; son succès dans les années 30 et 40 est dû à sa voix chaude méditerranéenne des filles de "Là-bas" !

         "Le Paradis des pilotes perdus".
Georges Lampin, en 1938, tourne un film à la gloire de l'aviation : "Le paradis des hommes per- dus". Il a pour conseiller technique le Colonel Garde qui fut le compa- gnon de Mermoz.Toute l'équipe du film a vécu trois semaines au Sahara au contact des méharistes.Henri Vidal, Daniel Gelin, Michel Auclair, Paul Bernard.

Quel casting !

         "La dernière chevauchée"
En 1946, Léon Mathot et son équipe se rendent au Maroc pour réaliser "La dernière chevauchée".

Des décors splendides ; ce film malheureusement n'a pas été un grand succès en métropole.

Ce fut la dernière apparition à l'écran de Mireille Balin, une des plus grandes stars des années 30 : "Pépé le Moko", "Gueule d'amour", "Naples au baiser de feu". Elle a payé très cher une aventure qu'elle eut pendant la guerre.

Abandonnée de tous, malade, elle cesse de vivre en 1957.

De 1896 aux années 50, le 7eme art a toujours été présent en Afrique du Nord. Tous ces films nous font revivre une partie de l'histoire de l'"Autre France".

Images d'émotion où l'on croit reconnaître un lieu, un village que l'on aimait, un moment de vie à jamais disparu. C'est cela le miracle du Cinéma !

Jacques VIDAL.

Liste des principaux films tournés en Afrique du Nord de 1896 à 1950

Liste des principaux films tournés en Afrique du Nord de 1896 à 1950