le jardin d'essai, le Hamma -Alger,
Organisme scientifique peu connu, d'une immense portée,
L'INSECTARIUM
sauvegarde l'agriculture algérienne.

"Alger-revue", été 1960 - collection Bernard Venis
sur site le 4-1-2008...+ oct. 2017

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Au Jardin d'Essai, le bâtiment de l'Insectarium (face Est).
Au Jardin d'Essai, le bâtiment de l'Insectarium (face Est).
En Algérie, les 2/3 de la population vivent de la terre. Or, la terre est en danger...

" ...Le parasitisme gagne, s'étale et submerge tout, car le terrain biologique perturbé par la science conformiste voit proliférer de nouvelles générations d'insectes déprédateurs absolument inconnues jusqu'alors. Ces insectes détruisent plus de la moitié de la production. Plus on " soigne ", plus on " traite ", plus il faut " soigner ", plus il faut " traiter ". Les semences ne donnent rien l'année qui suit. Cela n'en finit plus et s'aggrave chaque année davantage ( A.-L. Crozet, la Semaine du Lait). "

Nous avons tenu à faire connaître l'oeuvre de l'Insectarium d'Alger qui, dès sa création relativement récente, a sauvé du désastre la culture algérienne des agrumes. Son action bienfaisante s'étend du reste à bien d'autres domaines...

Au Jardin d'Essai, le bâtiment de l'Insectarium (face Est).
Dans le cadre magnifique du Jardin d'Essai se trouve un établissement peu connu du grand public, créé il y a près de 40 ans par le Service de la Défense des Cultures. II s'agit de l'Insectarium dont le nom indique la destination principale : élever des insectes utiles à l'agriculture. C'est le seul établissement de ce genre qui existe en Afrique du Nord. II y en a un en Métropole, à Antibes, rattaché à la Station de Zoologie agricole, dépendant de I'Institut national de la Recherche agronomique ; et un autre à Menton organisé par le Comité international de Lutte biologique.

L'Insectarium d'Alger a été créé en 1923 pour importer, multiplier et répartir dans la nature des coccinelles d'origine australienne connues sous le nom de Novius cardinalis

un destructeur insensible aux traitements chimiques...

En 1 920, en effet, les services officiels avaient identifié la présence à Boufarik sur des orangers et des mimosas provenant de la Côte d'Azur d'une cochenille de même origine que les coccinelles. Cette cochenille se multipliant très rapidement et étant pratiquement invulnérable aux traitements insecticides, une véritable panique s'empara des agriculteurs. On coupa les branches des orangers et autres arbres envahies par cet insecte, on arracha même des arbres et on les brûla ensuite : rien ne put enrayer l'invasion.

...vaincu par l'Insectarium


C'est alors que l'on recourut à l'importation de coccinelles spéciales, se nourrissant uniquement de cette cochenille et qui se multipliaient encore plus rapidement que leur hôte. Le Novius se répandit vite dans toute la zone de culture de l'oranger ; faisant " tache d'huile ", il gagna de proche en proche à peu près toutes les régions d'Afrique du Nord. Son action bénéfique prit une telle importance et se généralisa tant que la distribution par l'Insectarium de colonies de cet insecte alla en diminuant d'année en année jusqu'à la dernière guerre. Le Novius est en effet maintenant parfaitement adapté à notre climat. Seuls sont à craindre les " coups de sirocco" les plus forts et les plus longs qui arrivent à tuer les adultes et les œufs fraîchement pondus.

les insecticides, arme à double tranchant


toutefois l'utilisation massive, aussitôt après la guerre, de produits insecticides chlorés, à longue persistance, et agissant par contact, avait pratiquement éliminé la coccinelle. Celle-ci est très sensible de par sa nature et, de plus, très mobile, ce qui augmente les chances d'entrer en contact avec les dépôts d'insecticides laissés par les pulvérisations ou les poudrages. Le D.D.T. employé à partir de la fin de l'été contre la mouche méditerranéenne des fruits, est le principal responsable de cet état de choses. II a donc fallu reprendre les élevages de coccinelles dont une souche est gardée tout au long de l'année avec un soin vigilant.

Le nombre de " colonies de Novius " demandé par les agriculteurs est devenu beaucoup plus considérable qu'avant la guerre, ce qui s'explique aussi par l'extension des plantations. On peut estimer à 10.000 le nombre moyen des insectes répandus chaque année dans les vergers.

Un autre insecte utile fut introduit un peu plus tard en Algérie, multiplié et répandu dans les vergers de pommiers par l'Insectarium. Il s'agit d'un petit hyménoptère qui pond, se développe et se transforme finalement en adulte à l'intérieur du corps de pucerons. Ceux-ci sont parfaitement protégés contre les traitements insecticides par des filaments cireux qu'ils sécrètent en abondance et qui les isolent du milieu extérieur. Cette introduction s'est révélée très efficace ; à I'heure actuelle on peut considérer ces hyménoptères comme parfaitement acclimatés et suffisamment répandus pour que tout élevage soit devenu inutile depuis de nombreuses années.

Ces élevages d'insectes utiles ne représentent qu'une part du travail des techniciens de l'Insectarium. Des tâches d'abord complémentaires, puis essentielles, sont venues s'y ajouter.

un gigantesque travail de recherche et de classement


L'Insectarium a été chargé d'établir l'identité des insectes parasites des cultures ou dont la présence dans Ies champs laisse planer un doute sur leur action nuisible éventuelle. Il a donc fallu se procurer et par ailleurs créer de toute pièce les instruments de travail nécessaires.

C'est en premier lieu une bibliothèque spécialisée d'ouvrages et de revues traitant de questions entomologiques, et, en particulier décrivant les caractères distinctifs, et éventuellement le mode de vie, des différentes familles, genres et espèces d'insectes. II a fallu aussi créer un fichier permettant d'obtenir rapidement les renseignements cherchés en fonction du nom du parasite ou de son hôte. Ce fichier permet d'utiliser au mieux tous les travaux parus sur un sujet précis, dont les différents aspects sont toujours dispersés dans plusieurs ouvrages très divers quant à leur origine et à leur date.
L'autre instrument essentiel à la détermination est une collection aussi complète
que possible, qui doit être entretenue avec un soin minutieux et constant. Elle est dans toute la mesure du possible, enrichie par des achats de collections particulières, augmentée par les envois faits par des correspondants répartis à travers le territoire algérien.

Pendant des années, des instituteurs ont recueilli dans la région où se dressait leur école, des coléoptères dont beaucoup n'étaient pas encore représentés dans les cartons de l'Insectarium. Une collection est absolument indispensable, car elle permet seule la comparaison directe, absolument irremplaçable, d'un insecte à déterminer avec les espèces que l'on possède.

Cette identification est toujours délicate, car les caractères distinctifs sont souvent très peu apparents et échappent à un œil peu averti. Elle exige donc une véritable spécialisation. Mais celle-ci implique un personnel qualifié et suffisamment nombreux pour que chaque branche importante de l'entomologie systématique ait son spécialiste. Ce n'est hélas pas le cas de I'Insectarium.

Clic et l'image grandit.

Dans leurs prisons de verre disposées sur ces tables, vivent dans leur milieu naturel
Dans leurs prisons de verre disposées sur ces tables, vivent dans leur milieu naturel
reconstitué les insectes pensionnaires de l'Insectarium. Mlle Daumale consigne chaque
jour les observations sur l'évolution des différentes colonies.

Certes, ce Laboratoire détermine la très grande majorité des insectes soumis à son examen par les services techniques de l'Agriculture ou du Commerce et même par des particuliers. Mais certains échantillons présentent des difficultés d'identification telles qu'ils doivent être expédiés à des techniciens de la Métropole ou de I'Etranger -plus spécialisés encore.

II faut préciser que la détermination du nom d'un insecte n'est nullement un travail d'amateur, d'intérêt uniquement scientifique, sans répercussions pratiques réelles. Bien au contraire, elle est indispensable pour connaître au moins approximativement, le mode de vie d'un insecte et, par conséquent, de quelle manière on peut, avec le plus de chances de succès entreprendre la lutte pour enrayer ses dégâts.

de difficiles et délicats élevages d'étude...


Cette détermination n'est possible, dans une très large mesure, que sur des adultes.

Or les dégâts sont souvent produits par des larves. II faut donc recourir à des élevages pour obtenir la forme parfaite. L'Insectarium s'est en conséquence équipé pour ce travail ; travail long, délicat, exigeant une observation constante et des conditions d'hygiène rigoureuses, faute desquelles on ne saurait éviter Ies maladies qui peuvent prendre une forme épidémique et anéantir en quelques jours un élevage.

II faut avoir une connaissance approfondie des besoins de I'insecte élevé afin que I'aIimentation qu'on lui donne assure son parfait développement. II faut enfin le
mettre dans des conditions satisfaisantes au point de vue chaleur, humidité, éclairement, etc...

Il faut savoir que certaines larves ne supportent pas la présence de congénères. C'est ainsi que les" vers blancs ", larves de Coléoptères Scarabéides ont un corps très mou et une peau fragile mais par contre les mandibules développées et solides ; aussi se mordent-elles quand elles se rencontrent, ce qui entraîne leur mort dans la plupart des cas ; les blessures entraînent des infections secondaires qui leur sont fatales.

Faire des élevages pour déterminer l'identité d'un parasite amène naturellement à étudier le cycle biologique de cet animal, à noter les dates d'apparition des différents stades (ponte, éclosion des œufs, mues des larves, nymphose, naissance de l'adulte).

Cette connaissance peut rendre d'énormes services aux agriculteurs car certains moments dans cette évolution sont plus particulièrement propices à l'action de l'insecticide : ainsi en est-il de l'éclosion des œufs, par exemple, quand les chenilles néonates se déplacent sur le végétal aux dépens de certains organes duquel elles vont vivre.

ces élevages permettent de donner l'alarme

Quand cette étude est bien au point, elle peut être utilisée pratiquement sous forme d'avertissements donnés, en temps utile, aux agriculteurs par la voie de la radio et de la presse. C'est alors le Service de la Protection des Végétaux qui prend en charge ce travail ; il a monté dans ce but des stations locales d'avertissement spécialisées contre certains ennemis des cultures comme I'eudémis de la vigne ou le carpocapse des pommes et des poires.

Les recherches sur la biologie des parasites sont donc d'un très grand intérêt, d'autant plus que le cycle biologique des insectes varie parfois considérablement d'un bord à I'autre de la Méditerranée : ce qui est vrai en France ne I'est pas forcément en Algérie. C'est ainsi qu'un certain parasite des légumineuses commet ses dégâts de la fin du printemps jusqu'à la fin de I'été en métropole, en hiver et au printemps ici.

On pourrait multiplier les exemples semblables. Tous concourentà montrer la nécessité d'études " sur place " sur le plan de l'efficacité

des expertises spéciales hors de portée des particuliers

L'initiative privée a créé en Algérie des entreprises de traitement des vergers, en particulier ceux d'agrumes. A ces entreprises, fortement spécialisées dans leur matériel et leur technique, les propriétaires font très fréquemment appel pour lutter contre tes parasites les plus communs et les plus dangereux, c'est-à-dire Ies cochenilles. De l'efficacité des traitements dépend évidemment I'état de santé, c'est-à-dire la production du verger. Lourde responsabilité. Aussi l'Administration de l'Agriculture avait-elle préconisé aux entrepreneurs de présenter à leurs clients un modèle de contrat prévoyant, en cas de contestations. un contrôle, une expertise faite par l'Insectarium. La vérification de la mortalité des insectes sur les arbres traités pendant la belle saison constitue une activité importante de cet établissement. EIIe a permis de moraliser un travail pratiquement impossible à vérifier par les moyens dont disposent ordinairement Ies agriculteurs.

Toutes les études poursuivies à l'Insectarium ont permis. tantôt à un, tantôt à plusieurs spécialistes de ce Laboratoire de collaborer à divers ouvrages de portée technique et pratique : " La Lutte contre les Sauterelles en Algérie ", " Les Ennemis des Cultures Fruitières en Algérie", " Les Ennemis de la Vigne en Algérie". Ces ouvrages furent accueillis avec une grande faveur par le monde agricole d'Algérie et même de la Métropole.

la désinsectisation des produits agricoles question majeure

Le Directeur actuel de l'Insectarium a, d'autre part, consacré une part de l'activité de cet organisme à l'étude et à la vulgarisation d'une technique relativement nouvelle : l'utilisation des gaz toxiques dans la lutte contre les insectes qui s'attaquent aux produits d'origine agricole conservés plus ou moins longtemps après leur récolte.

Depuis 1930, les principaux ports d'Algérie et certaines oasis sahariennes ont été pourvues de stations de désinsectisation sous vide. Ces stations ont été créées et sont gérées par le Service de la Protection des végétaux. Installées suivant Ies plans de l'Insectarium, elles mettent en œuvre la technique de maintenir à la satisfaction de tous la parfaite qualité de milliers de tonnes de marchandises : figues, dattes, raisins secs, céréales, légumes secs, etc...

Avant la guerre de 39, elles utilisaient comme gaz insecticide un mélange d'air, d'oxyde d'éthylène (fabriqué en Allemagne) et de gaz carbonique (ce dernier nécessaire surtout pour éliminer les risques d'explosion dus à la grande inflammabilité du produit utilisé). Vint la guerre. Plus d'oxyde d'éthylène évidemment. Ce furent lesétudes spécialisées, heureusement entreprises dès 1938, qui permirent de remplacer le mélange précédent par un mélange d'air et de bromure de méthyle, de puissance insecticide équivalente. La transformation nécessaire des appareils se fit en une nuit : le rythme des opérations ne s'en trouva pas retardé d'une heure.

Mais, dira-t-on, pourquoi l'Algérie a-t-elle consacré tant d'attention à la désinsectisation ? C'est que celle-ci avait été rendue nécessaire dès 192-1930 par la perle ou le rétrécissement de certains marchés extérieurs. Nos produits, figues et dattes en particulier contenaient un pourcentage important de fruits véreux. Et ne parlons pas trop d'une présentation mauvaise, souvent entachée de fraudes. L'avilissement des prix, Ies difficultés d'écoulement, en étaient la conséquence fatale.

les marchés perdus ont pu être reconquis

II fallut l'action conjointe de I'OFAL.AC qui imposa la standardisation, et de la Protection des végétaux. qui réalisa une désinsectisation efficace, pour remonter le courant et revaloriser les produits d'Algérie. C'est chose faite maintenant.

Les méthodes de désinsectisation n'en continuent pas moins à être étudiées, contrôlées, perfectionnées à l'Insectarium qui est doté dans ce but d'une station pilote très bien équipée. Par aiIIeurs le Directeur de l'établissement a publié deux ouvrages de base sur I'utiIisation des gaz insecticides, dont l'un a reçu la médaille
d'or de l'Académie d'Agriculture et a été classé comme " Document Phytosanitaire " par le Ministère de l'Agriculture. Il est le principal spécialiste français et sa renommée a dépassé Iargement Ies frontières de notre pays. La Métropole I'A.O.F., le Maroc, Madagascar et des pays étrangers font appel à lui fréquemment pour résoudre les problèmes posés par la conservation des denrées d'origine agricole.

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II est à remarquer que l'insectarium d'Alger fonctionne avec un effectif très restreint.

Clic et l'image grandit.

M. André Lepigre, ingénieur en chef des Services agricoles, spécialiste d'une autorité mondiale, directeur de l'Insectarium.
M. André Lepigre, ingénieur en chef des Services agricoles, spécialiste d'une autorité mondiale, directeur de l'Insectarium.



II comprend :
M. André Lepigre, directeur, ingénieur en chef des services agricoles ;
M. Maurice Laporte, ingénieur des services agricoles ;
M. Lafay, agent technique ; Mlle Daumale, laborantine.

A ce personnel éminemment spécialisé et hautement qualifié incombent Ies différentes tâches de recherches, d'analyse, d'entomologie, d'essais et d'élevages. Toutes tâches essentielles pour la protection de I'AgricuIture.

Mais il est des cas particuliers et dans lesquels l'Insectarium est intervenu, qui n'intéressent nullement le domaine agricole. C'est ainsi qu'il y a quelques années la Société des Lignes télégraphiques et téléphoniques a demandé une consultation sur ce qu'il y avait lieu de faire pour éviter des ennuis extrêmement sérieux qui venaient de survenir. Cette Société avait installé une Iigne entre Alger et Constantine. Aux essais, les résultats furent très mauvais. Un examen approfondi permit de se rendre compte que çà et là. souvent à intervalles rapprochés et régulièrement espacés, l'isolant avait partiellement disparu. ( la suite sous l'encadré)

LE DÉLICAT APPAREILLAGE DE MACROPHOTO

Clic et l'image grandit.

La macrophoto des insectes (hannetons d'Algérie sur le cliché) est réalisée avec cet appareillage.
La macrophoto des insectes (hannetons d'Algérie sur le cliché) est réalisée avec cet appareillage.

La macrophoto des insectes (hannetons d'Algérie sur le cliché) est réalisée avec cet appareillage.

Elle permet (le grossir les sujets jusqu'à 3, 5 fois sur la pellicule 24 X 36, ce qui dorure un bon agrandissement, sur papier, de 20 et même 25 fois. Ainsi la photo d'une coccinelle atteint facilement 10 cm

Les sujets photographiés étant en général vivants, donc mobiles, exigent l'instantané très rapide; les lampes à incandescence sont trop faibles et, en outre risquent de" cuire " les insectes. L'instantané au 1/1.000' de seconde est réalisé avec l'éclair électronique.

On voit sur la photo, de gauche à droite.
- le coffret de flash électronique renforcé par un condensateur supplémentaire;
-le tableau des commandes électriques;
- une première torche de flash;
-l'appareil de prise de vues monté sur un robuste pied-support, avec ses tubes-rallonge et son porte-filtre, le sujet étant placé horizontalement au-dessous;;
- la lampe de mise au point permanente;
-une seconde torche de flash.

Les agrandissements considérables à obtenir nécessitent un éclairement intense. Celui-ci est réalisé sur lu photo avec 2 torches de flash fonctionnant chacune sous 120 joules, et disposées très près du sujet. Une troisième torche est même souvent nécessaire.

La majorité des trois magnifiques séries de diapositives d'enseignement en couleur, réalisées ces deux dernières années par l'Office Algérien du Cinéma éducateur pour le compte du Ministère de l'Éducation Nationale, a été tirée à l'Insectarium. Quel progrès entre les anciens dessins an tableau noir et ces projections " vivantes "...

incroyables méfaits d'une larve

L'examen des tourets de bois de sapin sur lesquels Ies fils étaient enroulés avant leur utilisation permit de comprendre ce qui s'était passé. Un insecte vivant à l'état Iarvaire, pendant 2 ou 3 ans dans le bois de sapin du touret était devenu adulte avant l'utilisation du fil télégraphique. II s'était, à coups de mandibules frayé une galerie de sortie à travers l'isolant des fils et finalement à travers la Iame de plomb de 3 mm environ d'épaisseur qui recouvrait I'ensemble. On conseillaà la Société d'utiliser à l'avenir des tourets métalliques ou d'imprégner ceux qui étaient en dépôt avec un insecticide puissant et persistant.

10 km de route détruits par des scarabées

Une autre fois, ce furent Ies Ponts et Chaussées qui rencontrèrent des difficultés. Des insectes, par myriades, avaient soulevé et complètement endommagé une dizaine de kilomètres de route près de Souk-Ahras. II s'agissait de Scarabées de très petite taille qui normalement vivent aux dépens de matières d'origine organique. Renseignements pris. on s'aperçut que de la caséine avait été ajoutée au goudron, sans doute à des doses excessives, puisqu'elle avait attiré ces insectes et permis leur pullulation. Évidemment l'Insectarium ne pouvait guérir le mal, mais il en tira une leçon profitable pour les services techniques intéressés.

au service de la médecine

Même le domaine médical, la parasitologie en particulier, a quelques rapports avec ('Insectarium. La détermination d'in-sectes ou de débris d'origine entomologique ayant causé des désordres divers dans un organisme humain est, de temps à autre, demandé à cet établissement.

Et, pour terminer, nous n'oublierons pas la part prépondérante que prit le Directeur de l'Insectarium à la Iutte contre la peste durant la dernière guerre. Plusieurs militaires de la gestion des subsistances militaires étaient morts de la peste bubonique. Il faIIait tuer Ies rats et, ce qui était plus difficile mais indispensable, Ies puces, pour empêcher la propagation de l'épidémie

La chose fut réalisée par l'Armée sous la direction de ce technicien. Ce ne fut pas sans danger car il fallut mettre en œuvre d'énormes quantités d'insecticides violents, en particulier 3 quintaux de cyanure. Et il faut, de ce produit, un demi-décigramme pour tuer un homme. Mais enfin le résultat fut obtenu et la propagation de la peste se trouva stoppée net.

Nous ne parlerons pas aujourd'hui, car il y aurait trop à dire, de certaines autres activités auxquelles l'Insectarium se trouva conduit par la force des choses, par la simple mais rigoureuse observation de phénomènes apparus au cours d'études sur les insectes.

l'Algérie à l'avant-garde du traitement du tabac

Ainsi en est-il de la fermentation pré-accélérée du tabac qui se fait aujourd'hui en trois jours au lieu de 100 et qui découle d'un fait en apparence bien différent : des fruits frais soumis à certains gaz blettissaient avec une rapidité gênante. Ce sera peut-être le sujet d'un article ultérieur qui nous permettra de montrer comment l'Algérie est aujourd'hui le premier pays du monde à exploiter ce tout nouveau procédé avec plein succès - et ce depuis quatre ou cinq ans - sur des milliers de tonnes de tabac.

Ce coup œil rapide sur les travaux principaux ou secondaires de I'Insectarium en démontre aisément, non pas l'utilité, mais la nécessité. Son action tenace et bienfaisante s'exerce certes dans I'ombre. Rien n'est spectaculaire dans ce modeste Iaboratoire. Et cependant, s'il n'avait pas existé en Algérie, que de retard dans les progrès de I'Agriculture algérienne 1 Organisme d'étude et de perfectionnement technique avant tout, il a été récemment rattaché, et nous pouvons nous en féliciter, à l'Institut National de la Recherche Agronomique. Nul doute que, doté de ce fait de moyens plus puissants, il ne contribue à développer plus encore et plus vite la technique et la prospérité de l'Agriculture et du Commerce algériens.

chambre à gaz
Ces " chambres à gaz pour insectes peuvent traiter 500 tonnes par jour.

L'usine de désinsectisation du Service de la Protection des végétaux, sise rue de Béziers sur le port, est équipée d'un des ensembles les mieux conçus de France et d'Algérie pour la désinsectisation par gaz, suivant les méthodes et les plans de l'ingénieur en chef des Services agricoles Lepigre. Cette vue générale des "chambres à gaz " pour insectes, montre la batterie de six autoclaves d'un volume total de 163 m3 (le plus gros à lui seul fait 72 m3).

Dans ces cylindres on loge environ 100 wagonnets, ce qui permet le traitement normal de 3 à 400 tonnes par jour - (en période de pointe jusqu'à 600 tonnes).

Les gaz utilisés sont de 2 sortes, suivant que l'on désinsecticide des végétaux pour la consommation ou pour la reproduction.

Pour le traitement des végétaux de consommation recommandé par l'O.FA.LAC, ou réclamé par le commerce local, on se sert du bromure de méthyle tandis que l'acide cyanhydrique n'affectant pas la vie végétale, s'emploie pour la destruction des insectes des végétaux de reproduction.

L'opération de traitement est simple, on enferme hermétiquement les produits dans les autoclaves, on lâche ensuite à l'intérieur le volume de gaz nécessaire suivant un laps de temps codifié par la température.

Avant d'ouvrir les portes étanches, on procède par deux vidanges successives d'air à la purge des résidus gazeux.

Une échelle d'importance de l'activité de l'usine : en 1959 le tonnage de marchandises a été de 12.820 t. et l'on a consommé 47.111 m de bromure de méthyle Les principales denrées traitées ont été: les céréales (4.784 t.), les dattes (3.738 t.), les figues (2.255 t.), les légumes secs (680 t.), les pommes de terre en provenance de l'étranger, les semences, les arbres fruitiers et même les platanes importés de la Ville d'Alger.
cet homme masqué, engoncé dans une tenue de protection en caoutchouc, manipule la a mort foudroyante
Derrière la partie grillagée réservée à l'usage d'entrepôt de l'acide cyanhydrique, cet homme masqué, engoncé dans une tenue de protection en caoutchouc, manipule la a mort foudroyante ", qu'il verse avec un grand luxe de précaution dans un des entonnoirs qui communique avec le mélangeur de gaz.
(Au fond la flamme de sécurité au cas d'une fuite de bromure de méthyle).