Alger : le port
Le paquebot "El-Biar", de la Cie de Navigation Mixte (Cie Touache)
mise sur site le 25-06-2003...dans 6 mois , c'est Noël !
2.- LE PAQUEBOT EL-BIAR
Le 1er septembre a eu lieu à la Seyne, avec le cérémonial habituel, la mise à l'eau du paquebot El-Biar construit par les Forges et Chantiers de la Méditerranée, pour le compte de la Compagnie de Navigation Mixte.

Afrique illustrée du 24-9-1927 6 Transmis par Francis Rambert
juin 2021
2.- Le "El Biar" -

« L'El-Biar » est un bateau moderne dans la réalisation aussi bien de sa machine, que de la disposition et de l'ornementation de ses aménagements intérieurs. Les caractéristiques sont les suivantes : longiueur, 116 m. 50; largeur, 15 mètres ; creux sur quille au niveau du pont supérieur, 8 m. 90; port en lourd, 2.500 tonnes ; jauge brute, 4.500 tonneaux ; déplacement en charge, 6,250 tonnes. L'appareil évaporatoire se compose de quatre chaudières « Prtidhon-Cappus » à circulation accélérée et'à surchauffeur. « L'El-Biar » peut transporter 10 passagers de priorité. 58 passagers de première classe, 108 de seconde et 80 de troisième classe. Son équipage se compose de 11 officiers et assimilés, 2 sous-officiers et 72 hommes,
Par Ses caractéristiques, ce navire se rapproche du type dit « Gouverneur ». Ses dimensions sensiblément supérieures lui permettent d'avoir des cabines. spacieuses et bienaérées
Ses cales étant vastes et munies d'engins de levage appropriés, donnent aux chargeurs l'assurance que leurs marchandises seront convenablement transportées..
L'inauguration de « L'El-Biar » coincide avec l'annonce qui a été faite par le Gouvernement Général, du versement d'une somrne de dix mille francs par la Compagnie .de Navigation Mixte. en faveur des sinistrés de l'Oranie.
(suite dans les articles)

Divers :
21-01-1930 Parti d'Alger, doit stopper en haute-mer suite à une avarie de machines et reste immobilisé plusieurs heures
15-01-1931 A Alger au cours d'une tempête, rompt ses amarres et endommage le cargo AIN SEFFRA

Sur ce site, on peut lire:
Alger : Les transports maritimes
- Petite histoire de la Compagnie de Navigation Mixte - Deuxième partie : 1895 - 1915 - Bernard Bernadac - extraits du numéro 105 , mars 2003 de "l'Algérianiste", bulletin d'idées et d'information, avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue "l'Algérianiste" - sur site le 26-6-2010

Série d'articles de l'Echo d'Alger des 9/13 et 16-3-1928 - Transmis par Francis Rambert
nov. 2017

5-.Le premier voyage de l' "El-Biar"

Jeudi 15 mars, à l'occasion du premier voyage de l'El-Biar, mis en service sur la ligne Marseille-Alger, la Compagnie de Navigation Mixte avait prié à un déjeuner à bord du nouveau paquebot, toutes les personnalités du monde maritime, et les membres de la presse algéroise.

Afrique illustrée du24-3-1928 - Transmis par Francis Rambert
juin 2021

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el biar
LE PAQUEBOT EL-BIAR

Le 1er septembre a eu lieu à la Seyne, avec le cérémonial habituel, la mise à l'eau du paquebot El-Biar construit par les Forges et Chantiers de la Méditerranée, pour le compte de la Compagnie de Navigation Mixte.

L'opération toujours délicate du lancement, s'accomplit à merveille, grâce à l'habile organisation technique des Forges et Chantiers de la Seyne.
L'El-Biar quitta lentement son berceau de maçonnerie, pour glisser avec une vitesse accélérée dans le bassin où sa brusque immersion fit jaillir au soleil d'immenses gerbes liquides.

Voici les caractéristiques complètes de ce bâtiment muni des 'derniers perfectionnements modernes et qui est construit selon les règles et sous la surveillance du Bureau Veritas :

Longueur totale : 116 m. 50 ; largeur : 15 m. ; creux sur quille au niveau du pont supérieur : 8 m. 90 ; port en lourd : 2.500 tonnes ; jauge brute : 4.500 tonneaux ; déplacement en charge : 6.250 tonnes. L'appareil de propulsion est une machine alternative de 5.000 C.V. et l'appareil évaporatoire se compose de quatre chaudières " Prudhon Capus ", à circulation accélérée et à surchauffeurs.

Suivant les prévisions, le navire réalisera aux essais une vitesse de 16 nœuds. Il pourra transporter 10 passagers de priorité, 58 passagers de première classe, 108 de seconde et 80 de troisième classe. L'équipage se compose de 11 officiers et assimilés, 2 sous-officiers et 72 hommes.

C'est en octobre dernier que le paquebot El-Biar a été commandé par la Compagnie de Navigation Mixte aux Forges et Chantiers de la Méditerranée. Il doit être achevé en février prochain et sera immédiatement affecté au service de la ligne Marseille-Alger, actuellement desservie par le Manouba.

Par l'ensemble de ses caractéristiques, ce navire se rapproche du type des Gouverneurs ; il est toutefois de dimensions sensiblement supérieures, c'est dire qu'il présentera avec ses cabines spacieuses et bien aérées, toutes les qualités de confort désirables pour les passagers de toutes classes. Ajoutons que les cales du bâtiment, de leur côté, sont vastes et d'une desserte particulièrement commode. L'entrée en ligne de ce beau paquebot marquera une étape dans l'amélioration des relations maritimes entre la France et l'Afrique du Nord, but auquel la Compagnie Mixte se consacre avec une activité qu'on ne saurait trop louer.


5-.Le premier voyage de l' "El-Biar"
Echo, le 9-3-1928
el biar

el biar
Echo, le 13-3-1928
el biar
Echo, le 16 -3-1928
el biarel biar
5-.Le premier voyage de l' "El-Biar"
Le premier voyage de l' "El-Biar"

Jeudi 15 mars, à l'occasion du premier voyage de l'El-Biar, mis en service sur la ligne Marseille-Alger, la Compagnie de Navigation Mixte avait prié à un déjeuner à bord du nouveau paquebot, toutes les personnalités du monde maritime, et les membres de la presse algéroise.

Reçu à la coupée par M. Cazalet, président du Conseil d'administration et les administrateurs de la Compagnie, les invités admirèrent vivment l'aménagement somptueux de la nouvelle unité, et goûtèrent la joie d'un repas servi impeccablement dans la salle à manger des premières classes.

Au Champagne, M. Cazalet présenta tout d'abord le navire, souligna le rôle de la presse qui représente l'opinion, et parla ensuite en homme d'affaires, mais aussi en méridional, faisant entrer même dans les questions d'intérêt matériel toujours un peu d'idéal et de sentiment :
" Dans quelques instants vous allez visiter notre nouvelle unité, et notre administrateur délégué, M. Gravier fils, vous donnera les précisions techniques sur l'El-Biar, ce qu'il ne vous dira pas, c'est la part qu'il y a personnellement prise avec son expérience d'armateur en Méditerranée, doublée de l'expérience paternelle et avec sa haute compétence d'ingénieur du Génie maritime.
... Et pourtant, pour qu'une industrie aille de l'avant, se modernise, s'impose des sacrifices, réalise des progrès, il faut qu'elle prospère.
C'est ce que ne paraît pas comprendre l'opinion publique suivie, comme toujours au lieu d'être orientée pas nos dirigeants. Pour ne prendre qu'un exemple récent : Alors que nous allions améliorer les services de nos gouverneurs, compléter leur aménagement, l'État nous impose un prix de location qui va rendre précaire leur exploitation. De pareilles victoires remportées sur l'Armement, sont des victoires à la Pyrrhus. "

Après différentes allocutions, M. Luciani, maire d'El-Biar, conseiller financier prit la parole :
" La petite commune que j'ai l'honneur de représenter dit-il a été infiniment flattée de voir donner son nom à l'une des plus belles unités de la marine française. Rien ne semblait, à première vue, la désigner pour une aussi haute distinction, et à vrai dire, elle ne s'y attendait pas elle-même, sa faible population, qui n'atteint pas tout à fait 8.000 âmes, sa superficie restreinte, qui dépasse à peine un millier d'hectares, et enfin, ses modiques ressources, lui imposent la plus grande modestie. Aussi a-t-elle paru s'attacher jusqu'ici à ne pas faire parler d'elle. Elle se contentait, sans en tirer la moindre vanité, d'offrir aux promeneurs ses chemins vieux, bordés de lentisques et d'oliviers, sa verdure qui, malheureusement, tend de jour en jour à disparaître, et ses belles perspectives, d'un côté sur la mer, de l'autre sur les montagnes bleues, qui, par-dessus la Mitidja dominent le Sahel d'Alger.

Mais il devient clair aujourd'hui que sa modestie apparente cachait une ambition effrénée. On se demande par quelle série d'intrigues, elle a réussi à se faire conférer une célébrité inattendue par la Compagnie de Navigation Mixte. C'est un mystère dont les aimables directeurs de la Compagnie et plus particulièrement MM. Coudray, pourraient seuls nous donner la clef. Je ne la leur demanderai pas, puisqu'ils nous ont mis en présence du fait accompli et d'un excellent déjeuner ; deux choses également respectables. J'essaierai plutôt de chercher moi-même les titres que le centre d'El-Biar peut avoir à leur sympathie.

El-Biar est de fondation relativement peu ancienne. Sa naissance, comme centre de population, est de quelques jours seulement antérieure à la prise d'Alger. Il me serait donc très difficile de faire remonter son histoire à l'antiquité. Les deux statuettes romaines qu'on a découvertes à Ben-Aknoun, et qui pendant quelques temps servirent de cible pour le tir au pistolet du quartier de cavalerie de Mustapha, sont restées muettes sur son passé lointain. On sait cependant, qu'il y a environ quatre siècles, le plateau d'El-Biar reçut la visite de Charles-Quint. Des hauteurs du Fort-1'Empereur, le puissant monarque assista au désastre de sa flotte, mouillée près de l'embouchure de l'Harrach. Mais voici que le jour de gloire est arrivé. Vers la fin du mois de juin 1830, l'état-major de l'armée française s'installe dans la villa du Khaznadji qui existe encore à El-Biar. C'est là qu'une délégation des habitants d'Alger vient offrir au général en chef la tête du bey. Tous les bords du plateau, depuis l'emplacement actuel de l'infirmerie de Bir-Traria jusqu'au balcon de Saint-Raphaël, se garnissent de batteries. Le Fort-l'Empcreur, le soltan Kalassi des Turcs, saute, et quelques moments après, une chemise, hissée en guise de drapeau sur ses ruines fumantes, annonce la victoire de la France.

A cette époque, les consulats d'Espagne, des Pays-Bas, de la Suède et du Danemark étaient installés sur le territoire d'El-Biar. Plus tard, lorsque la France étendit sa conquête dans l'intérieur du pays, au cours de la période qu'on pourrait appeler l'époque des maréchaux, de grands seigneurs arabes ou kabyles, pour mieux faire leur cour et marquer leur attachement au représentant de la France, fixèrent leurs résidences temporaires aux environs d'El-Biar. Ils habitaient de riches villas aux blanches coupoles, et aux boiseries sculptées de chêne et d'acajou massif. C'étaient les bach agha Ben Ali Chérif de Chellata, Mograni de la Medjana, Ould Kadi de Frenda, et le terrible cheikh du Ferdjioua Ahmed Bou Akkaz. Ils tenaient à se rapprocher du Gouverneur général, comme des satellites autour d'un astre de première grandeur.

A ces souvenirs, El-Biar, peut encore ajouter le charme de ses horizons, la pureté de son atmosphère, et ses coteaux parfumés, qui en font un des sites les plus heureux des bords de la Méditerranée. Voilà, je crois, quelques-unes au moins des raisons qui ont attiré sur lui l'attention de la Compagnie de Navigation Mixte. Les Biarrais pensent n'en être pas indignes, et ils en expriment par ma voix toute leur gratitude.

Et maintenant, commandant, à Dieu Va... comme disaient les anciens marins, que les vents et la mer vous soient toujours propices.

Je lève mon verre à la prospérité de la Compagnie de Navigation Mixte, à l'heureuse, carrière du superbe paquebot que nous sommes venus admirer, à EL-BIAR, sur mer et sur terre. "