Laboureurs et moissonneurs de la mer
mémoire , Edgar Scotti- Joseph Palomba

........Monsieur Joseph Palomba m'a fait parvenir un livret, avec photos, dessins (22) et glossaire. Il l'a écrit en collaboration avec monsieur Edgar Scotti. "Vous pouvez en disposer à votre convenance", écrivait-il. Eh bien, voilà. Je vous en fais profiter...
........A noter que mr.Joseph Palomba est l'auteur de "Hommage aux scaphandriers", voir sur le site.
........Merci à tous deux....

sur site le 9-04-2005...+ le 27-9-2007

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----------Alger 1947 - Retour de pêche : les Chalutiers

----------En Algérie, le départ en pêche se réduisait à un banal appareillage effectué de nuit, depuis un port ou une crique, souvent sous le vent d'une mer glacée.
----------Par contre le retour d'une modeste "pastéra", d'un palangrier trapu ou d'un chalutier avec ses lourds filets pendus au mât arrière est un spectacle. Le mythe de la pêche miraculeuse toujours vivace, reste chargé de symboles bibliques. Pour nos esprits de latin, la pêche se pare toujours un peu d'un prestige mystérieux et confus comme un rite religieux. Elle est souvent présente dans l'Evangile des Chrétiens et avec la CROIX, le Poisson fut le premier symbole de la Chrétienté.

----------Les Grecs qui étaient des marins n'ont pas su trouver un dieu pour les pêcheurs, mais le CHRIST en fit ses premiers disciples... et PIERRE, le premier homme qui le représentera sur terre était un pêcheur !

----------Dans ces lignes nous parlerons, en trois parties, particulièrement des chalutiers du port d'Alger, des lamparos, des conserveurs, des scientifiques et de tous ceux qui par leur capacité et leur travail contribuèrent au développement des pêches maritimes en Algérie. Etant entendu, que cette description s'applique également à l'ensemble des pêcheurs des autres ports du littoral algérien, de Nemours à la Calle, tant le métier était identique et les gestes immuables, chez tous les marinspêcheurs que nous avons rencontrés.

----------Concernant le port d'Alger, après une longue journée de chalutage, par fonds de plus de deux cent mètres sur une zone à l'Ouest allant du Chenoua au Cap Caxine, la dernière calée mise à bord, les panneaux bien arrimés, filets bien amarrés au mât, rivalisant de vitesse, les chalutiers se hâtaient vers le port, passant devant la colline de Notre Dame d'Afrique escortés de nuées de mouettes affamées, poussant leurs cris aigus, virevoltant, plongeant sur le moindre déchet évacué par les sabords, sous la pression des manches à eau.
Après avoir doublé le "Kassour" et la longue jetée Nord, les bateaux franchissaient la passe se dirigeant vers le môle de pêche du quai Jérôme Tarting. Ces arrivées étaient toujours un beau spectacle. Spectacle qui enchantait les nombreux algérois se pressant sur le boulevard dominant la pêcherie ainsi que la foule de curieux et de professionnels qui attendaient sur le quai.

----------Car les chalutiers étaient aimés des algérois. Et comme l'écrit J. BRUNE : "Et tous regardent rentrer les chalutiers qui dansent dans les vagues hargneuses des crépuscules d'hiver, parce que le chalutier représente toujours pour ces latins qui naissent avec les cheveux teintés par l'iode et les lèvres déjà salées, le fabuleux bateau des pêches miraculeuses!".

----------Dès l'accostage, aussières engagées sur les bollards, les commis et les portefaix du mandataire arrivaient avec des longs charretons sans ridelles à roues ferrées pour procéder au déchargement du produit de la pêche, sous le regard de l'Armateur ou de son représentant, toujours présent.

----------Bien rangée contre le plat-bord, les casiers de poissons passaient de bras en bras depuis le bord, aussitôt saisis et empilés avec précautions sur les charretons.

----------Alors, sous les yeux admiratifs des curieux, défile toute la variété des poissons de "chez nous".

----------D'abord, parfaitement triés, impeccablement présenté, bien "acaber" par catégories, le poisson "noble" : rougets, barbets, ouïes frémissantes ; dorades, pageots, marbrés, loups étincelants, soles et turbots, gros merlans ai'x reflets brillants, rascasses, vives appelés aussi araignées de mer, grondins majestueux, tous, poissons rois d'une bonne bouillabaisse, baudroie à large gueule, que les pêcheurs espagnols désignent du nom de "bocca dé rappa" suivit des poissons de catégories différentes comme les sépias ou seiches et les petits supions si délicieux cuisinés avec son encre, les raies de toutes sortes, les gros poulpes, encore vivants qui tentent de s'échapper du casier, le "chien de mer" émisole royal et ses petits, catarelles ou roussettes, puis la "mouraille", le vrac, maquereaux, galinettes, sars, saourels, saupes ou thelbas, bogues, bazouks, murènes, congres et bien d'autres. Certains jours s'ajoutent sur le haut de la pile, les casiers de "grosses pièces" ombrines aux riches écailles, mérous ou mérots, ventrus teintés d'arc-en-ciel et de belles langoustes, antennes dressées !

----------Mais par dessus tout, les grosses crevettes rouges pêchées au large de Castiglione, ainsi que les crevettes blanches si recherchées le samedi par des amateurs de la pêche à la ligne. Belles crevettes rouges de nos grands fonds. De tailles et de teintes différentes selon leurs provenances : d'Alger, d'Oran, de Mostaganem, Arzew, Bougie ou Philippeville. Désignées peutêtre à tort sous le nom de "gambas" à ne pas confondre avec la "caramote" ou le "matsagoune" des Bônois, que l'on pêche en abondance à l'embouchure de la Seybouse.

"Acaber" le poisson : tout un art
"Acaber" le poisson : tout un art

----------Sachons aussi que "acaber" le poisson dans un casier est tout un art. Dérivé italien du mot acabi ou du patois napolitain cabe, qui veut dire tête, il reste affaire de spécialiste et chaque chalutier avait le sien. Cela consiste à mettre côte à côte des poissons de même taille et de même espèce, les têtes dans le même sens, afin de présenter un assortiment que la ménagère retrouvera le lendemain sur les étals des marchés de la ville.

----------Ce déchargement terminé, la foule plus dense et toujours curieuse se déplaçait d'un chalutier à l'autre pour assister au même cérémonial. Allant du "VENUS II" au "MARSOUIN", du "MARIEANTOINETTE", au "SAINT-MICHEL", du "SAINT-LOUIS" au "MEDUS II", du "MADONE DE POMPEZ II" au "SAINT-ZACHARIE", et du "JUPITER" au "BERTHE-VALERIE", deux derniers bateaux encore propulsés par une machine à vapeur en 1947. Peu après, la flottille des chalutiers du port d'Alger s'enrichira du "SAINTE-SALSA" et du "VILLE de NEMOURS"tous deux construits en Métropole, le premier à Arles (Bouches du Rhône), en Métropole, le second dans un chantier Varois.

----------A ce propos, concernant le chiffre II qui suit le nom de certains des chalutiers, il faut savoir qu'ils furent construits à titre d'indemnisation d'un bateau réquisitionné en 1939 par la Marine Nationale et coulé au cours de la guerre 39-45. Ce qui relancera la construction navale à Alger après cette date, où seront construits, le "VENUS II", le "MEDUSE II", le "NADAL II", "N.D. POMPEZ II" "Joseph MONCASSI", "SAINT-MICHEL", "SAINT-LOUIS", "SAINT-ZACHARIE", "SAINTE-LUCIE", "SAINTE-VINCENTE" et une "Pléiade" de nouveaux lamparos.

----------Le môle de pêche

----------Le déchargement des chalutiers terminés, les charretous grinçants sous le poids des casiers, ayant rejoint l'intérieur de la Halle aux Poissons, les pleins d'eau et de glace en poudre étant faits avec parfois l'échange d'un filet, le patron de pêche mettait en panne le moteur, qui s'arrêtait dans un dernier soubresaut, marquant la fin d'une longue journée commencée dès trois heures du matin. Les membres de l'équipage libérés, enjambaient alors le bordage, avec leur couffin contenant la gamelle vide du repas pris à la hâte, entre deux calées, et la part de poissons obtenue chaque jour selon l'importance de la pêche.

----------Par les escaliers de l'ancienne pêcherie, ils rejoignaient le domicile familial situé principalement, depuis la démolition du quartier de la Marine, à la "Consolation" aux "Trois Horloges" ou aux "Messageries" à Bab-El-Oued".

----------Après 1945, pour difficile qu'il était, le métier de marin à bord d'un chalutier n'avait rien de comparable avec celui que connurent "nos anciens" quelques années auparavant. Pour eux, après la navigation à voile, au temps de la machine à vapeur, il fallait prendre son tour au ponton du service des eaux pour l'indispensable plein de la chaudière et un jour sur deux procéder au chargement du charbon, briquettes ou "cardiff" à partir d'un chaland amarré le long de la jetée Pierre Emile Watier. Or, ils étaient vingt les chalutiers à pratiquer la pêche "aux boeufs" en ce temps là à Alger jugez de la contrainte !

----------Heureusement que par la suite, avec la généralisation du moteur "Diesel" sur les bateaux et l'utilisation du fuel, combustible admis aux droits réduits, directement distribué sur le quai, pas des camions citernes, ainsi que la réglementation de l'heure de sortie de nuit, apporteront une amélioration sensible au dur labeur du métier des marins-pêcheurs.

----------Toutefois, nous devons signaler que le chalutier représenté pour les marinspêcheurs du port d'Alger le "haut de gamme" de la corporation. Il était difficile d'obtenir un embarquement sur ces bateaux, particulièrement sur ceux dont les armements étaient solides et les maîtres de pêche de grande notoriété. Dans ce métier, le marin de chalutier était considéré comme un "fonctionnaire" par ses pairs. Il avait un emploi stable et assuré par une rémunération "au mois" ; c'est-à-dire un salaire mensuel de base défini par contrat inscrit sur le rôle d'équipage, accompagné du droit à une part journalière de poissons, variable selon la pêche du jour.

----------Cette part de poissons deviendra un revenu substantiel quand l'usage de la vente "au couffin" s'étendra le soir, du môle de pêche au marché des Trois Horloges à Bab-et-Oued !

----------A Alger, en ces fins de journées, s'exhalait du môle Jérôme Tarting, l'inoubliable confusion des effluves de la brise marine, du poisson frais, des cordages tendus au gré du ressac.

----------C'est à ce moment qu'intervenait, connu de tous les habitués du port, ""Mimi", coiffé de sa casquette de marin. Cet ancien inscrit maritime, invalide civil, victime d'un accident du travail, rachetait la part des pêcheurs et la cédait, aussitôt après dans d'excellentes conditions, aux amateurs de petits pageots, rougets, sardines. Les mères de famille trouvaient des anchois frais pour le bocal familial, des araignées pour la bouillabaisse, le "caldero" ou "l'aqua bassa", des gambas pour le repas du soir. Les pêcheurs du dimanche achetaient leurs crevettes grises pour leur partie de pêche, derrière la jetée Butavant. Les Algéroises appréciaient les belles sardines étincelantes de fraîcheur pour une recette de beignets dont elles détenaient jalousement le secret. Pour un de nos francs 1960, il était possible d'acquérir la nacre d'un gros brachiopode marin à coquille bivalve le Triton à bosses, appelé "Toffe" par le pêcheur napolitain.

----------Les achats de cette clientèle étant faits, "Mimi" s'en allait aussitôt après, aux "Trois Horloges" où il était attendu par des connaisseurs, amateurs de petites sépias, rougets, sardines ou allaches dont le fumet s'étalait dans le quartier et autour des cafés et des restaurants.

----------Alors, la tête pleine de souvenirs, habitués, spectateurs et pêcheurs éblouis par la vue de tous ces poissons et satisfaits de la qualité de leurs achats rejoignaient par l'ascenseur ou les escaliers de la pêcherie, les boulevards de la République et Anatole France.

----------Depuis le môle Jérôme Tarting, tout au long des escaliers de la pêcherie, sur le boulevard de la République, l'odeur iodée de la brise vespérale se mêlait successivement à celles du poisson, du fuel, de l'anisette servie à la terrasse des cafés de Bordeaux et de la Bourse, située sur la Place du Gouvernement.

----------Tel était le retour de pêche des chalutiers, un soir de la semaine dans le port d'Alger.

----------Nous aurions pu étendre le sujet et évoquer la vente des casiers de poissons pratiquée dans le passé, là-haut sous les voûtes de l'ancienne pêcherie, bien près du mur d'enceinte de la Mosquée Djemaa-el-Djedid et de l'entrée de la rue de la Marine.

----------Nous aurions pu également détailler la commercialisation de ce produit, vingt ans après, à l'intérieur de la Halle aux Poissons, telle que nous l'avons connue. Nous aurions pu surtout rendre hommage à la dizaine de Mandataires qui en avaient la charge, ainsi qu'à tout le personnel (portefaix, commis, vendeurs, crieurs, comptables, caissiers) presque tous musulmans, hommes sérieux et de très grande compétence.

----------Mais nous ne pouvons conclure ce chapitre sans un hommage particulier à deux hommes, aujourd'hui disparus, qui après 1945 furent véritablement la "cheville ouvrière" de la corporation des pêches de la côte algérienne. Nous évoquerons le souvenir de Joseph DI PIZZO, à la tête du Syndicat des Armateurs de Pêche au Chalut du Département d'Alger et Vice Président du Comité Central des Pêches en Algérie et de Monsieur Alfred DAMERDJI, Président du Groupement des Mandataires de la Halle aux Poissons de la ville d'Alger et Président de la Fédération des Armateurs et Patrons-Pêcheurs des trois Départements du Littoral Maritime, en Algérie avant notre exode. Ces hommes resteront dans nos mémoires.

Retour de pêche : Les LAMPAROS

----------Au crépuscule, alors que dans les ports, au gré du ressac, les chalutiers se cabraient sur leurs amarres, les "lamparos" larguaient les leurs. Ceux que nous avons connus étaient des bateaux semi-pontés, d'une longueur de 10 à 12 mètres du type "pointu" napolitain, à l'étrave surmontée d'une courte hampe et au gouvernail manoeuvré par une barre franche. Ils prenaient la mer, traînant en remorque une embarcation, munie de grosses lampes à abats-jours de métal, d'abord alimentées par du carbure de calcium, ces lampes à acétylène furent remplacées par de puissantes ampoules électriques branchées sur de lourdes batteries d'accumulateurs. Dès la nuit tombée, les "lamparos" traquaient les bancs de sardines, dont les écailles d'un bleu-vert émettaient des reflets argentés sous les lumières vives des lampes, qui les attiraient du fond vers la surface de la mer. Déployés tout au long du littoral, ces feux visibles depuis la côte formaient une dentelle d'étoiles qui était féerique !

----------A Alger, comme dans tous les ports d'Algérie, la fraîcheur du petit matin, n'attirait pas les curieux, mais rassemblés sur le môle de pêche quelques industriels conserveurs ou salaisonniers, les commis des mandataires et les acheteurs professionnels : détaillants et vendeurs ambulants. Car la sardine "poisson du pauvre" mais poisson riche était très appréciée par la population, particulièrement chez les musulmans.

----------Même si on en pêchait toute l'année, la sardine arrivait à maturité dès le mois de mai et les prises étaient abondantes jusqu'à la fin octobre. Manne frétillante, elle exhalait dans les casiers, tous les effluves de la mer. Elle prenait aussitôt le chemin des marchés et des friteries où des centaines de femmes et de jeunes filles à l'appel de la sirène, comme à BouHaroun et à Chiffalo se précipitaient pour vider et étêter ce poisson. Issues de familles de pêcheurs, les ouvrières chrétiennes ou musulmanes, participaient au conditionnement de ce produit de nos côtes très recherché aussi par le commerce de l'alimentation et par l'intendance militaire... pour les trouffions qui en étaient si friands.

L'industriel de la conserve

----------Une importante main-d'oeuvre féminine était en effet nécessaire pour traiter dans les meilleurs délais, sardines et anchois dès l'arrivée des lamparos.

----------Le mélange des odeurs de poissons frais et d'huile frite caractérisait l'approche de la coopérative sardinière de Bou-Haroun, dont le directeur réunissait tous les ans l'ensemble des membres du personnel avec leurs enfants.

----------Une main d'oeuvre nombreuse et qualifiée était en effet nécessaire pour traiter et conditionner le poisson dès la mise à terre de la pêche journalière. Ce qui explique la dissémination de ces ateliers dans tous les ports qui abritaient des lamparos ou des palangriers.

----------Intéressés par l'offre d'un produit de première fraîcheur et de belle qualité, des industriels se sont installés sur toute la côte. Dans des usines de taille moyenne, ils ont mis au point des procédés, toujours utilisés, de friterie des sardines et de sertissage des boites métalliques.

----------Même incomplète, la liste de ces conserveurs éclaire de façon significative leur souci de se rapprocher des points de débarquement des sardines, sardinelles et anchois ainsi que d'une main d'oeuvre familiarisée avec les activités maritimes.

Adrania Joseph
Castiglione
Amabile Frères
Courbet-Marine
Ampart Yves
Bou-Haroun
Berma
Hussein-Dey
Conserverie, Algérie-Maroc
Ténès
Coopérative de l'Avenir
Chiffalo
Coopérative de Sardinerie
Bou-Haroun
Falcone Frères
Courbet-Marine
Ferrant François
Castiglione
Ferrigno Dominique
Courbet-Marine
Idéales Conserves
Castiglione
Liguori Frères
Guyotville
Macaluso Sauveur
Chiffalo
Mercurio Dominique
Chiffalo
Pêcheries Saint-Pierre
Dellys
Salsano et Apicella
Courbet-Marine
Sarthon
Castiglione
Société Falcone Pierre "Papa Falcone"
Chiffalo
Société Le Trident
Castiglione

----------Cette liste ne fait pas mention des artisans saleurs qui produisaient des sardines et anchois salés en tonnelets de bois.

----------Sardines, allaches et anchois étaient très appréciés en Algérie. Parmi les acheteurs qui se pressaient à l'arrivée des "lamparos"", il y avait aussi des restaurateurs en renom de la rampe de la "pêcherie" de la rue Tanger ou des petites gargotes disséminées tout au long des artères du port et notamment au "rendez-vous des gueules noires" situé rue de Digne, dans l'arrière port de Mustapha.

----------Située entre le Figuier et le Cap Djinet, la plage de Courbet-Marine était très fréquentée. L'arrivée des pêcheurs attirait sur la "Calanove" les habitants des villages de l'intérieur, les Issers, Bordj-Ménaïel, Haussonvilliers, venus chercher du poissons scintillant, sardines, anchois ou grosses dorades à peine sortis de l'eau.

----------Avant de terminer ces lignes qui lui sont consacrées, nous préciserons que l'appellation "lamparo" peut être interprétée de deux façons. Celle du pêcheur napolitain, qui désigne le filet "lamparé" ou "lamparelle" ou tout simplement, celle rappelant la pêche "aux lampes" dite aussi "pêche aux feux". Nous pencherons pour la première, qui, comme le filet chalut avait donné son nom au chalutier, le filet lamparé le donnera au lamparo. Mais cela reste à prouver.

----------Quoiqu'il en soit, la construction de cette embarcation connaîtra un changement radical, après 1947 à Alger. Le traditionnel "pointu napolitain" laissera progressivement la place au bateau de type espagnol, dit "popa mona" déjà en service chez les pêcheurs oranais.

----------Bateau plus large et plus long (14 mètres) entièrement ponté, sans superstructures, équipé d'un moteur "diesel" fixé dans la calle, son tableau arrière en éventail, offrait une grande facilité pour le langage du filet au moment de la calée. Mais l'amélioration la plus importante pour ce genre de pêche, sera la suppression, dans la barque annexe des lampes à abats-jours qui le soir éclairaient la mer au dessus de la surface. Elles seront remplacées par un projecteur étanche de grande dimension, alimenté par accumulateur que l'on immergeait à plus de dix mètres sous la coque du canot.

----------A l'usage, il s'ensuivit une stabilité de la lumière plus diffuse sous l'eau, attirant ainsi plus rapidement les sardines et autres poissons bleus vers la surface de la mer !

----------Mais l'évolution, soi-disant, avancera à grands pas, avec l'apparition du filet tournant, de type "ring-net", heureusement peu employé en Algérie. Aujourd'hui, l'avènement du filet pélagique sur les chalutiers, les appareils électroniques qui garnissent leur passerelle (sondeur, sonar, radar) traquant le moindre banc de sardines, anchois et autres, même en plein jour, rend la "pêche aux feux" inutile. L'importance du matériel engagé, la force sans limite des bateaux et les prises énormes effectuées avec le filet pélagique ont sonné le glas du "lamparo" sur tout le pourtour de la Méditerranée Occidentale. Et c'est bien dommage !

ALGER : LES SCIENTIFIQUES ET LA PECHE !

----------Dans ces lignes consacrées aux "Laboureurs de la Mer" nous évoquerons rapidement les travaux des scientifiques ayant aidés au développement de la pêche maritime en Algérie, après 1830.
----------A Alger, avant cette date, la darse servant de port était plus un nid de pirates barbaresques qu'un port de pêche. Seuls les "chebecks" prenaient la mer pour accomplir des "razzias" sur les côtes voisines., semant la terreur et enrichissant les raïs et autres potentats de la Casbah, avec le produit de la vente et de la rançon de milliers de chrétiens- capturés. et réduits en esclavage.

----------Pourtant, dès le début de la colonisation française, des pêcheurs issus de l'émigration. étrangère, particulièrement italienne,. s'installèrent à Alger. C'est ainsi, qu'avant même que les scientifiques se penchent sur cette activité, bien des métiers de la pêche étaient exploités comme le palangrier, le tartanon, la senne ou bouliche, le badgassou, sardinale, trémail, bati-bati, bonitière et thonaire,. madrague et filet boeuf ou Bangui, plus tard le chalut.
----------Nous ne parlerons pas ici de la pêche au corail pratiquée sur ces côtes par des pêcheurs venus d'Italie, bien avant 1830.
----------C'était une véritable industrie dont ils avaient le monopole. Exploitant principalement la côte Est, on comptait encore à la CALLE, près de la frontière tunisienne, en 1846, plus d'une centaine d'embarcations corallines montées par un millier d'hommes employés à cette pêche. Le corail sera exporté ensuite vers l'Italie, de Naples à Livourne où une maind'oeuvre spécialisée transformait ce produit... en bijoux recherchés !

----------C'est dire déjà l'importance de la pêche dans ces nouveaux départements. De ce fait, l'Administration fut dépassée, autant par le problème économique que humain. Si elle s'était beaucoup préoccupée de la colonisation agricole (c'est normal) elle avait totalement délaissé la colonisation maritime. Dans ce domaine la confusion fut totale. Surtout concernant le problème de la naturalisation de pêcheurs étrangers. Ceux-ci furent sollicités, voire contraints par la loi de 1885, d'opter pour la nationalité française si ils voulaient exercer leur profession. En trois ans, à Alger 2256 Italiens obtiendront leur naturalisation. Mais, signe évident de confusion, on comprendra mal par la suite les mesures législatives à caractère protectionnistes qui furent prises par les plus Hautes Autorités de l'époque.
----------Le Gouverneur Général CAMBON, dira en 1905 : "il faut contrebalancer le nombre des pêcheurs naturalisés par des Français d'origine et même, si faire se peut amener, l'élément étranger à disparaître". (la Dépêche Coloniale Illustrée)
----------Arrêtons, on croit rêver !

---------C'est dans ce contexte qu'il fallut attendre quelques années pour que des moyens soient mis à la disposition des nombreux scientifiques, enseignants, chercheurs, hydrographes, océanographes et autres, attachés au développement de la pêche maritime en Algérie.

 

LA STATION EXPERIMENTALE D'AQUICULTURE DE CASTIGLIONE

----------Du fait de la grande guerre, ce n'est qu'en 1921 qu'eut lieu l'ouverture de la Station Expérimentale de CASTIGLIONE (aujourd'hui Bou-Ismaïl). Beaucoup de personnalités s'y illustrèrent, ne pouvant les citer tous, nous évoqueront tout de même les noms de quelques-uns de ces hommes.

----------o Le premier directeur de la Station fut le Professeur J.P BOUNHIOL de la Faculté des Sciences d'Alger, qui en conservera la direction jusqu'en 1926.

----------o Son successeur sera le Professeur Louis BOUTAN dont un bateau de l'Office des Pêches portera le nom. Il concentrera entre ses mains, comme le faisait son prédécesseur, à la fois les études techniques et les recherches appliquées à la pêche, mais il disposera pour cela, outre son laboratoire de la Faculté d'Alger, d'un laboratoire d'études de biologie marine, sur la jetée Nord du port, où viendront travailler ses nombreux étudiants.

----------Par la suite, seront à la tête de la Station : Monsieur André CURTES de 1932 à 1933, puis Monsieur le Docteur R. DIEUZEIDE auteur de nombreuses études sur les fonds de pêches en Algérie qui font toujours autorité dans les milieux scientifiques en Méditerranée.

----------Nous n'oublierons pas le professeur A. GRUVEL du Muséum d'Histoires Naturelles, qui publiera un livre sur le sujet en 1926 à Alger, ni tous ceux qui par leurs travaux ont permis de mieux connaître la biologie maritime de nos côtes, comme Messieurs GOEAU-BRISSONNIAIRE, Georges AIME, MURAOUR, ROSE, SEURAT, Gaston BETIER, J.P COULET, Robert LAFFITTE et Lucien LECLAIRE, M. NOVELLA auteur d'un dictionnaire des spécimens de la faune de tout le littoral algérien, sans oublier les travaux de Madame G. HOLLANDE.

----------Notons aussi la publication par M. André ROSFELDER en Octobre 1954 des courbes hypsométriques et des rivages tracés d'après la carte 1/500 000° de l'Institut Géographique National. Cette carte provisoire fait apparaître de profondes vallées sous-marines que les maîtres de pêche désignaient sous les noms de "trous sans fonds" ou de "fosses" qui prolongeaient le relief terrestre. Ce document fut élaboré sous l'égide de plusieurs services : Ponts et Chaussées, Hydraulique, Service de la carte géologique, CNRS, Service hydrographique avec l'appui du Président Gaston BETIER, directeur des Mines et sous l'impulsion du Professeur Robert LAFFITTE, sans oublier la collaboration du Service d'exploration sous-marines et les plongeurs qui participèrent aux relevés en mer. A toutes ces personnalités, il nous faut rendre un hommage sincère et mérité !

----------Ajoutons en terminant cette évocation, que le bâtiment de la Station Expérimentale de Castiglione, à 40 kms d'Alger, construit sur la plage, était surmonté d'une terrasse d'où l'on pouvait admirer la mer d'un côté et de l'autre un long boulevard dominant la plage. Boulevard comparé en toute modestie par les Castiglionnais à celui de ... la Promenade des Anglais à Nice. !

----------Ce bâtiment abritera de nombreuses salles d'études, ainsi que deux aquariums en sous-sol où évoluaient les spécimens les plus rares de la flore et de la faune de la Méditerranée. Bâtiment connu aussi sous le nom d'Ecole de Pêche, il était l'objet de nombreuses visites en saison estivale.

L'ARRACHEMENT : ALGER, 1962.
Et arriva le triste jour de l'abandon !

----------Ainsi s'achevaient plus de cent trente années de labeur, où ces laboureurs de la mer, héritiers d'un savoir transmis par leurs pères, perpétuèrent un métier acquit au prix de lourds sacrifices, qu'ils aimèrent par dessus tout et qui était le but principal de leur existence.

----------Nous ne pouvons ici nous étendre sur le terrible drame qui frappa ces hommes et leurs familles en 1962. Pour eux l'alternative fut difficile et le choix de l'exode douloureux. Mais, dans ce pénible moment, beaucoup de marins et de patrons-pêcheurs s'employèrent à sauver leur bateau : outil de travail et unique richesse qu'emporteront avec eux ces hommes traités de "Colonisateurs".

----------Ainsi, bien des petits chalutiers du port de Bou-Haroun et des plus gros, de Cherchell et d'Alger, tentèrent avec courage et dans l'incertitude la plus totale l'aventure de prendre la mer.

----------Ils partiront mais laisseront derrière eux l'empreinte indélébile de leur savoir et d'une méthode de travail qui dans le domaine de la pêche maritime perdure encore aujourd'hui. Ils n'auront jamais à rougir dans leur métier. Héritiers d'un passé où on prédisait à leurs pères un "avenir réservé" et une "pêche de fonds à peu près nulle" ils occupèrent avec leurs chalutiers la première place de modernité sur tous les bateaux des autres ports français en Méditerranée ! La production des pêches maritimes à cette époque en Algérie suffisait entièrement à la consommation de toute la population du pays et nos conserveries exporteront même leurs produits en métropole.

----------Mais victimes du "Vent de l'Histoire" il est honnête de dire que pour ces hommes le départ ne fut pas simple. Ce n'était ni un retour, ni un voyage et encore moins un "rapatriement". Pour eux r qui venaient de perdre leur terre natale, c'était tristement un EXODE !

----------L'heure était venue de rompre les amarres et de franchir la passe

----------Alors, penchés au bastingage d'un chalutier ou d'un paquebot,des femmes et des hommes désespérés, le coeur serré et les yeux pleins de larmes, voyaient,dans le sillage du bateau de l'exode, s'estomper au lointain le rivage de leur pays natal ... tandis que du haut de sa colline, dominant les flots bleus, NOTRE-DATE d'AFRIQUE, tendait les bras,comme pour les retenir !

TRISTESSE ET DESOLATION
LES "LABOUREURS DE LA MER"" SONT PARTIS

----------Juillet 1962, les grilles du môle Jérôme Tarting sont fermées. Les chalutiers sont partis. Aménagé en transport de troupe, le paquebot "El-Djezaïr" franchit la passe Nord. A son bord, entassés les uns sur les autres, les "rapatriés" emmagasinent dans leur mémoire la dernière image de leur pays.

G L O S S A I R E

ACABER
----------Sur un chalutier, art de disposer côte à côte environ 15 kg de poissons dit' "nobles" dans un casier rectangulaire, en bois à l'époque, afin de favoriser sa présentation pour la vente à la criée.

LE CHALUT
----------Dénomination du filet qui donna, son nom au bateau servant à son exploitation.Sur les côtes d'Algérie après I830,les pêcheurs employaient deux sortes de filets chaluts:
-l'italien à partir du port de Cherchell et celui d'Alger en allant vers l'Est, (sauf à Bou-Haroun)
-et le filet espagnol, du port de Mostaganem à Nemours, à l'Ouest. Importés d'Italie et d'Espagne, ces filets diffèrent l'un de l'autre par l'armement, le poids des ralingues et la disposition des mailles qui avantage le chalut espagnol pour la pêche à la crevette, alors que le filet italien est plus performant pour la prise du poisson de fond. Signalons que sur la côte algéroise bien peu de chaluts de fabrication française furent employés.

LA PALANGRE
----------Cordage très long auquel on suspend perpendiculairement par intervalles réguliers, de courtes lignes avec hameçons à leurs extrémités. Elle servira à la pêche pratiquée sur une barque nommée palangrier.

FILETS FLOTTANTS
----------Les filets flottants sont de deux sortes : ceux qui restent entre deux eaux mais sont amarrés sur un grappin fixe, et ceux qui dérivent au gré du courant marin et peuvent parcourir ainsi de longues distances. Ils sont nommés flottants parce qu'ils sont maintenus par des flotteurs de liège de distance en distance fixés sur la ralingue supérieur,tandis que la ralingue inférieure est lestée de bagues de plomb enfilées sur la corde. Tenu ainsi entre deux eaux ce filet ne racle jamais le fond.
----------On classe aussi dans cette catégorie, les filets : Sardinal, Trémail ou Trois Mailles, Retz Volant, Bonitiére ou Thonaire appelée aussi dans le midi de la France Tonaille. Ajoutons dans la, même famille, le filet Bagdassou qui tient du Sa.rddin.al par le haut et du Trémail par sa partie basse, lui permettant la prise de poissons de surface comme la sardine ou l'anchois et ceux qui se trouvent entre deux eaux. Citons encore le filet Mugière pour la capture des muges ou mulets, le Boguière, le Bati-bati , le Gangui et bien d'autres, tous rangés au musée du souvenir!

SENNE ou BOULICHE
----------La senne ou bouliche que les italiens appellent " rissole " est un engin traînant bien connu, qui se tire à terre, généralement sur des plages de sable ou de sable vaseux. Il est constitué par deux ailes latérales, faisant suite à une poche centrale, plus ou moins profonde. L'emploi à Alger était réglementé par le décret du 2 juillet 1894 qui indique que lla plus petite maille du filet doit avoir 20 millimètres au carré. Son usage était interdit pendant les mois de mars, avril et mai. A Alger il fut beaucoup employé par les pêcheurs sur les plages de la" Consolation " à Bab et--Oued et des " Sablettes " entre le Jardin d'Essai et Hussein-Dey.

LE TARTANON
----------Le tartanon est un petit chalut-boeuf dont les ailes ne dépassent guère 13 mètres de longueur et 1a poche,en cul de sac, à peu près 8 mètres. Le bateau qui sert à manoeuvrer ce filet était à rames et souvent, à tort, appelé tartane. L'usage du tartenon. a été tantôt toléré, tantôt interdit par les réglementations du fait que cet engin état traîné tout près de la côte, dans des fonds qui ne dépassaient Pas 30 mètres. Il fut interdit à l'usage après la venue des chalutiers.

LE CHALUTIER
----------Bateau de pêche servant à l'utilisation du filet chalut qui lui donna son nom. CCe n'était en Algérie, avant 1914, qu'une grosse barque à voiles et à rames désignée sous le nom de balancelle.Plus tard on trouvera, des bateaux plus importants, équipés d'une machine à vapeur, atteignant une longueur de 20 à 25 mètres et jaugeant près de 40 tonneaux. Draguant par paire le même filet sur le fond de la mer, ils étaient appelés " bateaux-boeufs ". Ils seront plus de dix paires à pratiquer ce métier en 1930 à Alger.

MAITRE de PECHE (de)
----------En Algérie, le réglement- maritime, imposait qu'un chalutier devait être commandé par un patron borneur français détenteur d'un brevet de capacitaire. En réalité, la majorité des maîtres de pêche que nous avons connus à Alger, surtout les plus âgés, ne purent jamais obtenir ce brevet, faute de scolarisation. Ils étaient inscrits sur le rôle d'équipage comme simple matelots. Toutefois certains purent commander leur bateau par dérogation spéciale. Marins de talent ,ils décidaient seuls du lieu de pêche et du parcours à accomplir pour la traîne du; chalut. Hommes de métier, ils étaient responsable envers l'armateur de la bonne marche de l'entreprise..

CALEE ou TRAINE
----------Parcours effectué sur le fond de la mer par le filet chalut tracté par un chalutier. Cette traîne pouvait être rectiligne ou sinueuse selon la, nature du fond : sans obstacles ou parsemé de roches ou d'épaves dont les emplacementsétaient connus du maître de pêche, commandant le bateau. Sur la côte algéroise la durée d'un parcours pouvait varier entre une et quatre heures selon le lieu de pêche.
----------A l'Ouest d'Alger par exemple : " à terre " c'est à dire plus proche du rivage, mais en respectant la limite .légale des trois miles marins, on " au large," sur le plateau des grands-fonds ,entre Guyotville et le Chenoua pour la pêche à la crevette.

PATRON PALANGRIER
----------Désigne le. marin-pêcheur propriétairee de son embarcation pratiquant le métier de la palangre et de la pose de nasses. Signalons la grande importance de cette fonction pour l'aide dans le développement de la pêche au chalut. Le patron d'un palangrïer, de par la nature de son métier, connaissait la position des roches éparses sur le fond de la mer, pour y avoir souvent accroché ses lignes. Il connaissait les fonds disait-on " les yeux fermés". Ce savoir transmis au maître de pêche d'un chalutier, souvent un parent ou un ami , permettait à ce dernier d'établir avec sureté un parcours de traîne sans danger pour son chalut.

PALANGRIER
----------Petite embarcation à moteur servant à la pêche à la palangre et aussi à la pose de nasses, tressés avec de l'osier en Algérie.

LE LAMPARO
----------A Alger le pêcheur d'origine italien désigne indifféremment sous le nom de lamparo, le bateau et le filet employés pour la pêche à la sardine. Toutefois, cette pêche nécessite l'emploi de deux embarcations. L'une, la plus grande, propulsée par un moteur, transporte les hommes d'équipage et le filet. L'autre, petite barque annexe que l'on remorque, est dirigée par un seul homme nommé " lampiste ". Cette barque est équipée de grosses lampes à abat-jour alimentées à l'acétylène qui seront remplacées plus tard par des ampoules électriques branchées sur des batteries d'accumulateurs. C'est pourquoi elle fut appelée autrefois " porte-feu." Elle était, avec le filet, l'outil principal de le, réussite de cette pêche pratiquée de nuit.Ses lampes projettent sur la mer une lumière très vive qui attire en surface les sardines autour du bateau, où elles seront ensuite piégées dans le filet déployé.
----------Le métier du lamparo connaitra son apogée en Algérie après 1945... mais hélas, ne durera pas. L'utilisation du nouveau chalut pélagique par les chalutiers; la force de traction et les moyens électroniques de détection employés par ces derniers, permettront d'énormes prises de sardines et d'anchois en plein jour sonnera le glas de la, pêche " au feu " et entraînera. le déclin du lamparo en Méditerranée !

POPAMONA
----------Bateau lamparo, dont la poupe arrondie de forme espagnole était très large , avec un pavois en éventail facilitant la mise l'eau du filet. Nombreux en Oranie après 1945, ce bateau fit son apparition à Alger, où il remplacera, progressivement le traditionnel " pointu " de type napolitain.

PÈCHE eu CORAIL
Dès le X° siècle des pêcheurs venant d'Italie furent les premiers à exploiter les gisements corallifères des fonds de la côte nord-africaine, Depuis le port de Tabarka, en Tunisie le corail était exporté à Naples. Après la venue des Français en Algérie, un bâtiment de la marine pu dénombrer en 1831, entre Bône et Tabarka, 106 bateaux napolitains occupés à pêcher le corail. Plus tard dans le port de La Calle(Algérie) de nombreux bateaux (Corallines) montés par des centaines de marins, d'origine italienne, naturalisés français, seront rassemblés. Ils étaient appelés : Corailleurs !

NOTRE-DAME d'AFRIQUE
----------Basilique dédiée à la. Vierge Noire, située à Alger sur une colline dominant le cimetière de St-Eugène et la mer. Sur ses murs on trouvait beaucoup d'ex-voto offerts par des marins.

CASTIGLIONE
----------Plage et village importants à 40 km à l'Ouest d'Ager où s'installèrent de nombreux marins-pêcheurs émigrés d'Italie. C'est sur cette plage que fut construit le premier bâtiment t qui abritera la Station expérimenta1e d'aquaculture et un laboratoire de recherches de biologie marine ainsi qu'une école de peche. Son inauguration eut lieu en I921, il était le seul de ce genre en Algérie.

LA CALANOVE
----------En patois napolitain: nouvelle cale ou lieu de pêche nouveau.
----------Désigne aussi la plage de Courbet-marine à 60 km d'Alger. Plage où des pêcheurs originaires de la ville de Cétara dans le golfe de Naples, installeront des ateliers de salaisons d'anchois et de conditionnement de la sardine. En Eté, lieu aussi de villigiature pour les nombreux colons des villages alentours.

POISSONS et CRUSTACES
----------Il n'est pas question ici de répertorier les poissons et crustacés vivants dans les eaux du littoral algérien. Vous trouverez dans le texte les noms des plus connus d'entre-eux... répandus jadis sur les étals de nos poissonniers

les auteurs.

coquillages

à gauche : L'escargot de mer , MUREX tinctorial désigné " Schoungil " par' nos pêcheurs. Il doit se manipuler avec la même précaution qu'un porc-épic..
----------Bien bouillie sa chair se déguste comme un escargot de Bourgogne, à la différence que l'`on remplace le beurre par un aïoli !
----------Encore en abondance il y a 20 ans sur les côtes du Golfe du Lion, il est devenu une denrée rare et de luxe aujourd'hui, où son prix de vente rejoint celui d'un Poisson "noble" comme la sole !
à droite : Gros brachiopode marin à coquille bivalve : le TRITON à bosses. Appelé aussi " Toffe: " par le pécheur napolitain.
----------Après avoir longuement fait bouillir ce coquillage, qui parfois atteint ou dépasse les 30 cm, on retire la chair intérieure, qui préparée avec une persillade ressemble étrangement à de la tête de veau) !
----------A Naples, la conque ainsi vidée, nettoyée, vernissée, prend une teinte de nacre et devient un bel objet de décoration vendu au prix fort ... aux touristes des passage.
----------Enfants, nous perçions un trou dans son bout le plus fin et en soufflant fortement par cet orifice, nous obtenions un son digne de l'olifant de Roland à Roncevaux !
dessins : Marcel POUGET