sur site le 27/11/2002
-L'Abbé Dahmar a rejoint le Paradis des Justes
vicaire de Saint Augustin
-Georges était né le 19 mars 1920 (Était-ce une pirouette de la destinée !) dans un petit village du douar des Beni Douala à Tizi-Hibel en Kabylie (Algérie Française). Comme Saint Augustin ou Saint Cyprien c'était un Berbère, descendant de ces numides qui, au début de notre ère, peuplaient le nord de l'Afrique et qui fournirent à l'Église tant de prêtres, d'Évêques et de Saints.
pnha n°60, sept 1995.
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-----Georges était né le 19 mars 1920 (Était-ce une pirouette de la destinée !) dans un petit village du douar des Beni Douala à Tizi-Hibel en Kabylie (Algérie Française). Comme Saint Augustin ou Saint Cyprien c'était un Berbère, descendant de ces numides qui, au début de notre ère, peuplaient le nord de l'Afrique et qui fournirent à l'Église tant de prêtres, d'Évêques et de Saints.
-----De parents Kabyles, il fut élevé et reçu toute son instruction primaire des "Pères Blancs". II a poursuivi ensuite ses études secondaires et religieuses au Petit Séminaire - puis au Grand Séminaire à Notre Dame d'Afrique St Eugène (Alger). II était aussi un excellent musicien et un organiste remarquable.
-----Ordonné prêtre, il fut nommé en 1947 vicaire à El Biar puis à la Cathédrale.
-----En 1950, l'Archevêque d'Alger qui avait su détecter ses grandes qualités de musicien, l'envoya à Rome, à l'Institut pontifical de Musique Sacrée, d'où il rapporta deux ans plus tard un diplôme rarement attribué - Professeur au Petit Séminaire. Les signes avant coureurs de la rébellion le font réfugier en Suisse.
-----Les évènements d'Algérie l'ont profondément marqué. Il revient en 1957 en Algérie. Il désirait de toutes ses forces - de toute sa foi chrétienne réunir les deux communautés pour qu'elles soient plus fraternelles. C'est ce qui arriva le 13 mai 1958. Il appelait cela " Le Miracle de Fatima". Aux évènements tragiques d'Alger - il porta "Aux barricades" de la Rue Michelet le soutien de Jésus Christ en donnant la Communion à tous ceux qui étaient présents.
-----De la ressort le trait majeur de sa personnalité qui était : AMOUR - FRATERNITÉ - UNIR
-----Contraint d'abandonner l'Algérie en 1961, il se réfugia dans le Var à Draguignan avant d'être nommé en 1962 vicaire à la Cathédrale de Toulon. Il y restera jusqu'en 1969 et beaucoup se souviennent de la façon magistrale dont il tenait les orgues.
Aumônier de Pomponiana à Hyères en 1969, il devint en 1973 curé du Rayol-Canadel et de Cavalière, charge qu'il exerça jusqu'en 1975.
-----Ce fut une période où il osa se compromettre avec ses frères Pieds-Noirs et Harkis attirant sur lui les foudres de la hiérarchie, pour l'Unité des "Rapatriés "...
-----II sera nommé, alors, parce que personne ne veut y aller, Carnoules et Puget-ville, deux communes "rouges" du Var.
Ses années de purgatoire terminées. il sera nommé en 1985 curé de Saint Tropez.
-----Depuis très longtemps, il s'était engagé dans le mouvement associatif devenant l'aumonier de la Sépia et en 1981, président de la maison du Pieds-Noirs de Fréjus et Saint Raphaël, qu'il partagea à titre honorifique en 1982 avec Hubert Masquefa.
-----En 1987, il deviendra le curé du Pradet avant de se retirer comme aumonier en 1990 chez les Petites Soeurs des Pauvres à Toulon qui surent l'apprécier et prirent soin de lui jusqu'à son dernier souffle. Mais déjà sa santé se dégradait et il perdait peu à peu la vue.
-----Atteint il y a quelques mois d'un cancer généralisé, il devait s'éteindre le 10 mai dernier.
-----L'espoir qu'avait exprimé soixante ans plus tôt Monseigneur Leynaud de voir renaître autour de lui une pépinière de chrétiens et de prêtres retrouvant l'antique tradition augustinienne s'était évanouie depuis longtemps, et là était peut-être la principale souffrance de Georges.
-----Celui-ci avait toutefois, tout naturellement, trouvé des frères à aider et à aimer dans la population déracinée des rapatriés d'Algérie, auxquels il se consacra jusqu'à la fin et qui éprouvaient pour lui une très grande affection. Plusieurs centaines d'entre eux assistaient à la messe de Requiem célébrée le 11 mai dans la chapelle des Petites Soeurs des pauvres par Mgr Madec, Evêque de Toulon, Mgr Forno. Vicaire Général (qui devait prononcer un émouvant panegyrique de l'Abbé qu'il avait eu l'occasion de connaître à Alger) et tous les prêtres du secteur pour le repos de l'âme de notre vieil ami.
-----Mais la Kabylie était aussi présente : le frère de Georges et plusieurs autres membres de sa famille avaient en effet franchi la Méditerranée pour venir lui rendre les derniers honneurs, et ce fut un moment bouleversant lorsque, à la fin de la cérémonie, au premier rang de l'assistance, ils chantèrent, seuls, le Notre-Père. En berbère.
-----Tout son parcours en France il l'a vécu sans broncher - sans se plaindre avec beaucoup d'humilité et de dévouement. Seul l'intéressait le Rassemblement de toute la Communauté Chrétienne Rapatriée pour qu'elle soit toujours UNIE - FRATERNELLE et LIBRE !
-----Là se dessine un autre trait important de son caractère : ETRE UN HOMME LIBRE ET FIER (Fierté qui n'a rien à voir avec l'orgueil qui est un péché ! ETRE "AMAZIR",expression Kabyle qu'il affectionnait particulièrement et qui veut dire : Homme Libre
-----II est mort du moins il n'est plus parmi nous physiquement depuis le 10 mai 1995 - entouré des siens et de tous ses inombrables amis. II repose en paix à Toulon. Il a rejoint la Maison du Père. Il ne sera jamais oublié. C'est sans doute cela une forme de la Vie Eternelle sur la Terre !

G. Soler

-----À Georges - In Memorian
-----Notre Ami, l'abbé Georges Dahmar nous a quitté le 10 mai 1995 à 12h30. Alors que le monde entier fêtait le goulag et les Français, le gaullisme triomphant, ce prêtre français d'origine berbère, aimant passionément la France et fier de son acuvre outre-mer, s'éteignait, solitaire, dans une chambre d'hôpital. Nous perdions un ami. un frère de combat, un vrai chrétien dont la foi profonde rayonnait autour de lui. Ainsi qu'il le disait, il avait l'Aine naturellement chrétienne, comme son peuple d'origine qu'il aimait viscéralement. Ce prêtre Berbère, notre Ami, était aussi un homme, un vrai, catholique fervent, digne émule de son saint patron Augustin, le berbère santifié. Il était demeuré toujours profondément Pieds-Noirs, n'abdiquant jamais ses convictions et payant très cher, toute sa vie, cette rectitude de pensée et d'action. -----Sa foi et son espérance chrétienne étaient sans faille, et il citait "Dieu écrit droit avec la queue tordue du diable". Lors des barricades de janvier 1960 édifiées dans notre esprit pour tenter d'imposer à la mètre patrie ingrate, l'obligation de reconnaître l'oeuvre civilisatrice de ses enfants en Algérie, et à notre armée très divisée et hésitante de s'engager réellement dans celte voie de fraternisation née le 13 mai 1958. Durant cette folle semaine donc, souvent tournée en dérision par les sots, les jaloux où les ignorants, un poignée de Pieds-Noirs et de Patriotes tint tête au pouvoir de Paris et à l'autorité gaullienne, faisant, pendant ces quelques jours, hésiter le balancier. Parmi tout ce peuple Pieds-Noirs, un seul prêtre osa donner le soutien de la messe et de la communion à cette minorité de réprouvés. C'est là que j'ai connu l'Abbé Georges Dahmar, vicaire de l'Église St Augustin et Ami fraternel des malheureux.
-----Le Curé des Barricades

Le 10 mai 1995
Alain Mentzer
Adjoint de Pierre Lagaillarde,
Commandant le camp des Retranchés des facultés


 

-----"Laissez-nous leur donner l'Evangile, avait averti le Père Charles de Foucault à partir de son Ermitage de Tamanrasset où bien viendra le jour où ils vous rejetterons à la mer!!!
-----Ce n'était pas du chantage, ni même un prophétie, c'était du simple bon sens. Mais quand le bon sens est habité par la Foi, alors il peut être, en effet, prémonitoire.
-----Le Cardinal Lavigerie, de son côté, ambitionnait de rendre le peuple Berbère à son antique grandeur Chrétienne, celle des Augustins, des Cyprien, des Tertulien, celle de l'illustre Eglise de Carthage plus fameuse encore que celle de Rome à cette époque.
L'Islam, en effet, malgré ses plus de X siècles de présence et d'occupation n'avait pas réussi à entamer l'âme berbère. Cette religion n'avait été acceptée que du bout des lèvres, comme un revêtement extérieur, le fond de son être restait inchangé, animiste, celui de toutes les religions naturelles et primitives dont les croyances et les pratiques sont induites des relations avec l'invisibles, "l'âme naturellement chrétienne" justement selon Saint Augustin.
-----On le voit aujourd'hui où les Kabyles revendiquent, avec quelle vigueur, une identité préservée à travers les siècles. L'usage de leurs coutumes, de leur langue, de leur culture, ce qu'ils ont toujours été, et ne cesseront jamais d'être, malgré les incessantes invasions et occupations de son sol.
-----Croyant dominer ou réduire plus facilement ce peuple farouche et indomptable, la France maçonnique et athée s'est employée à son Arabisation et à son Islamisation forcée. Interdisant l'Apostolat Missionnaire, elle a introduit dans ses écoles, soi-disant laïques, l'enseignement du Coran jusque là inconnu en Kabylie.
-----La grande erreur du Cardinal Lavigerie fut de se rallier à cette République foncièrement anticléricale, s'illusionnant sur les chances de modifier ou d'abolir ces lois sous prétexte qu'il fallait s'inscrire dans la marche du Temps. Déjà le fameux "sens de l'Histoire" !! II ne soupçonnait pas que c'était introduire le ver dans le fruit de son admirable Mission. Il fallait donc une Algérie Nouvelle, c'est sûr !!! Des erreurs, des fautes, des injustices ont été commises certes, outre que c'est une autre injustice de le faire payer à des innocents, la Foi Chrétienne nous demande de les regretter de les corriger et surtout de les réparer et non d'en tirer vengeance. La Foi Chrétienne appelle à la CONVERSION et non à la REVOLUTION. On a honte d'avoir à rappeler des choses aussi élémentaires à des gens qui se disent Chrétiens.
-----Le miracle du 13 mai 1958 nous montrait, lui, la voie à suivre. Nous fêtions alors l'anniversaire de l'Apparition de Notre Dame de Fatima. Et cette étrange coïncidence aurait dû nous avertir que MARIE était finalement plus habile stratège que les ambitieux à courte vue pour qui ce n'était là que machination d'un retour au pouvoir.
-----La Fraternisation et la Réconciliation étonnante, fabuleuse, de deux peuples réunis sur le Forum d'Alger pour repartir ensemble d'un pied nouveau et bâtir enfin ensemble un Avenir de fraternité fut un évènement si inattendu, si incroyable, si miraculeux que la seule explication, le seul sens à lui donner était de se rappeler que l'Afrique du Nord a de tout temps jouer le rôle de charnière entre le monde Oriental et le monde Occidental, que mieux ce rôle elle l'avait tout récemment encore joué de façon éminente en servant de tremplin pour la victoire décisive lors de la seconde guerre Mondiale.
-----Comment ne pas imaginer alors l'autre tournure qu'aurait pris l'Histoire si la direction indiquée par le Ciel de la Fraternisation avait été suivie. L'entente surtout et l'amitié avec le peuple Berbère que tout rapprochait étrangement : histoire, géographie, race (le Berbère n'est pas sémite mais Indo-Européen) même langue aussi, puisque des racines identiques apportent de nombreux mots dans des dialectes du pourtour de la Méditerranée.
-----Voilà ce qu'entrevoyaient, ce que souhaitaient ardemment les officiers Chrétiens, l'idéal auquel ils se sont donnés corps et âme, jusqu'à y perdre leur prestige, leur carrière, leurs biens, leur tranquilité "TOUT SAUF L'HONNEUR".
-----Le plus douloureux reste pour moi, la responsabilité encourue par mon Eglise dans ce drame. Du moins par ceux qui prétendaient parler seuls en son nom, se désignaient comme son Aile Marchante, Chrétiens-Marxistes !!! Chrétiens libéraux (ceux qui croient que l'adversaire a toujours raison) et plus affligeant encore l'Action
Catholique, les Séminaristes, le noyau dirigeant de l'Episcopat, tous ignorants des réalités algériennes ou ne les connaissant qu'à travers le prisme déformant de l'idéologie.
-----C'étaient sans doute des cousins ou des héritiers de l'Ancien, mais à coup sûr gagnés par un étange et nouveau ralliement.
Sidérés, je veux dire, éblouis, égarés, éberlués, par un "SENS DE L'HISTOIRE" érigé en dogme infaillible, ils ont succombé à l'attrait d'un mirage qui n'a pas mis 30 ans après notre exode à s'effondrer lamentablement ne laissant derrière lui que désastre, ruines, misères et cendres, "si la Russie ne se convertit pas, avait averti Notre Dame de Fatima dès 1917, elle répandra ses erreurs dans le monde entier". Voyait-elle en 1958 que l'Algérie serait le plus sûr agent, le fourrier aveugle de ce matérialisme athée, " intrinséquement pervers", avant de sombrer dans le plus absurde et le plus noir des funatismes ?
-----La question vaut la peine qu'on la pose et qu'on y réfléchisse sérieusement !. Mais la joie de la fidélité qui nous rassemble et que nous célébrons en ce jour est plus forte que toutes les tristesses et toutes les morosités. Cette joie, c'est celle aussi de l'Espérance Chrétienne que nous fêtons en ce temps de Noël. Car comme dit un proverbe de là-bas, de chez nous, " Dieu écrit droit avec la queue tordue du diable".

Georges Dahmar
écrit à Noël 1994, remis en avril 1995