SALAOUETCHES - Paul Achard
Evocation pittoresque de la vie algérienne en 1900
VINGT ANS APRÈS
pages 211 à 221
2 - LE GRAND BAL, LA GUERRE... TOUJOURS..., SUR LA ROUTE DE LOUVIERS, LA PAUSE, BAL MASQUÉ, REPOS, EPITAPHE, IN MEMORIAM
Illustrations de Charles Brouty
Editions Baconnier

 


mise sur site le 10-6-2011

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VINGT ANS APRÈS

L'ON excuse l'auteur si, afin de sortir un peu des chemins battus et pour ne pas refaire une fois de plus l'éloge des soldats algériens pendant la guerre, et cela parce que les beaux et véridiques récits abondent en la matière, il croit devoir faire appel à un témoignage saisissant dans sa sobriété. Le 30 Août 1914, le gouverneur militaire de Paris, chargé par M. Millerand de défendre la capitale jusqu'au bout et résolu à former à la hâte cette armée de Paris qu'il devait jeter sur le flanc de Von Kluck, le 30 août 1914 le vieux soldat qui sauva la France d'une invasion totale, d'une paix honteuse et peut-être d'une mort nationale, demandait au Ministre " que la 450 division (composée de réservistes algériens) cantonnée à ce moment aux Aubrais, fût mise à sa disposition et dirigée sur Paris ". Curieux destin que celle de cette division, commandée par Drude. Arrivée trop tard pour Charleroi (grâce à un hasard providentiel) mais trop tôt pour la Marne, elle dut marquer le pas, avant de s'élancer aux côtés des troupes héroïques et fatiguées de Maunoury pour percer le 40 corps de réserve allemand et culbuter la garde prussienne.

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La " division des salaouetches " va donc s'installer comme réserve générale entre Noisy-le-Sec et Vincennes, ayant devant elle, au Bourget, la brigade des fusilliers marins de Ronarch.

LE GRAND BAL

Avant de laisser la plume au général Galliéni, qui écrit dans ses " Mémoires " ce qui va suivre, rappelons que nous sommes le 3 septembre 1914 : l'armée française bat en retraite devant les Allemands qui avancent à une vitesse de 60 kilomètres par jour ; l'armée anglaise hésite à reprendre l'offensive ; le camp retranché n'est pas encore en état de résister au torrent germanique ; le gouvernement a laissé la clef sur la porte ; Paris est bombardé chaque jour par les tauben ; le général Galliéni a en tout et pour tout 9 avions à sa disposition ; et c'est par ce service de renseignements squelettique qu'il va être informé du mouvement de l'envahisseur : Von Klück porte son armée vers le Sud-Est afin d'encercler l'armée française épuisée, il offre ainsi son flanc à une armée dont il ne soupçonne pas l'existence, mais qui compte, à côtés d'effectifs épuisés, cette " division algérienne " et ces " pompons rouges ", l'audace et le génie de Gallieni vont permettre à Joffre d'accepter la bataille sur la Marne. Voici donc comment Gallieni décrit le passage des réservistes algériens dans un Paris qui demeure crâne et calme, certes, mais se fait peu d'illusions sur le " repli stratégique prévu ", dont lui parlent les communiqués officiels :

" Son passage à Paris par le Boulevard Saint-Michel et le Boulevard de Sébastopol avait fait sensation. Les régiments de zouaves et de tirailleurs algériens qui le composaient avaient un effectif renforcé. Elle avait ses organes au complet, son régiment de chasseurs d'Afrique, son artillerie de 75, ses convois dont les voitures étaient du type africain. Le général Drude avait bien dû se mettre en marche avant d'avoir reçu tous ses services de l'arrière, mais, telle quelle, la division donna aux Parisiens qui la virent défiler en tenue de guerre à travers quelques-unes des principales voies de la capitale, l'impression d'une force sérieuse. Pour moi, cette division algérienne constituait surtout une troupe fraîche qui n'avait pas connu l'influence déprimante d'une retraite qui avait influé d'une manière si grave

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vint ans après

sur l'état moral et matériel des divisions de réserve de la 6e armée. "

C'est là une citation avant la lettre, citation que les salaouetches vont gagner dans quelques heures car chacun de leurs pas en avant est un pas en avant dans la légende et compose une ligne pour l'Histoire de France. Désormais, les Jouettes, les courros et les pataouètes d'Alger sont inséparables de la bataille de la Marne, de celles de la Somme et de Verdun, de la Victoire. Et c'est justice. Car la France, qui a pris des barbares, a rendu après les avoir brassés sur son sein, des civilisés de la qualité la plus rare car ils portent en eux toutes les vertus, tout le fond, tout le passé des races méditerranéennes.

Si le vaincu avait absorbé le vainqueur, si le climat avait fardé et composé un type : l'Algérien, la nation avait donné à ces transplantés une seule et même âme : l'idée française.

Peu importait que leur visage fût resté une carte géographique plus forte qu'un état-civil. Peu importait qu'ils parlassent un idiome normé d'argots latins déformant toutes les langues mères, d'un espagnol changé en pataouète, d'un maltais mué en dialecte arabe, d'un romain transformé en un amalgame fait de tous les idiomes italiques, d'un hébreu
devenu un yddish composite, enfin d'un rançais ayant pris figure de sabir. Les langues se mêlaient, empruntaient les unes aux autres ; la langue de Voltaire et de Chateaubriand ne triompherait jamais complètement de ce langage affectif, primaire, créant des triphtongues

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dont les trois syllabes réunies en une seule sont impossibles à traduire, aussi impossibles que la notation manuscrite du langage du chien, du lion ou de l'oiseau. L'essentiel, le résultat, le " miracle "> comparable au miracle grec, c'était cette troupe coiffée de chéchias et vêtus d'uniformes à la turque et de falzards d'opérette, qui allait opposer son coeur national à la furie de l'envahisseur, et montrer de telles vertus antiques, qu'à tout jamais le souvenir de l'armée d'Afrique demeure glorieusement attaché à la plus sanglante des défaites militaires, à la plus imprévue, à la plus miraculeuse, à la plus sanglante des victoires du monde.

Voilà, au moment où la vieille civilisation française faisait appel aux enfants à demi sauvages recueillis par elle, ce que donnait l'union de ces races éternelles, poussées comme de fortes plantes aux racines indestructibles, sur cette terre qui avait enfanté des Tertullien, des Apulée, des Saint-Augustin et donné des empereurs à Rome.

LA GUERRE... TOUJOURS...

Marne, ton nom, doux comme la caresse d'un soir d'automne, deviendra dans l'histoire des Hommes l'égal de l'abomination de la désolation. Tu demeureras à travers les siècles la plus poignante des illustrations de cette lutte à mort qui dressera toujours les races du nord contre celles du sud. En t'évoquant, l'esprit se laisse envahir par des images curieuses, cocasses, burlesques : cette vague occidentale, cette marée d'aïoli, de sauce piquante, cette verve gallo-romaine, vient déferler contre ce flot tumultueux de symphonies, de philosophies et de cathédrales nordiques ; tout cet harmonieux désordre méditerranéen affronte cette rectitude et cette ponctualité, en une des innombrables reprises de ce duel séculaire entre la force et la ruse ; et cela donne la Marne. L'histoire n'est qu'un perpétuel recommencement. Comme dit, dans la tranchée, ce Salaouetche, ce professeur d'histoire : " Toujours ces gens sont allés vers le Midi, toujours ils ont reçu le coup de caveçon ". Dans ce match à perpétuité entre le Latin et le Germain, ce n'est là qu'un round victorieux. La bataille a d'autres aspects plus généraux : nous avons tout inventé, vous avez tout utilisé souvent vous avez porté aux nues ; la musique, par vous, a rejoint

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ce ciel que vous prétendez atteindre ; premiers navigateurs, nous avons découvert des continents et créé des civilisations ; vous avez bâti des escadres ; nous avons inventé la religion, l'art, la philosophie, la politique et les sciences ; vous les avez magnifiées pour tenter de dominer le monde ; l'électricité, c'est nous ; la T.S.F., c'est nous ; le cinéma, c'est nous. La vie moderne, c'est nous qui l'avons faite. Tout est à nous. A l'origine de tout progrès, il y a un Latin ; à l'origine de toute exploitation, il y a un Anglo-Saxon. Quelle compétition titanique ! Vous et nous, dans nos luttes fratricides, nous rajeunissons éternellement le thème du combat des géants et des dieux. La moyenne entre nos défaites et nos victoires établit l'équilibre de la condition humaine, l'harmonie nécessaire aux dieux pour régner : la misère et l'esclavage du pauvre Monde... à croire que les divinités entretiennent nos querelles et empêchent notre union par crainte de nous voir conjuguer nos efforts pour les détrôner et nous mettre à leur place. Mais pourquoi espérer rompre cette servitude acceptée : inch Allah !...

SUR LA ROUTE DE LOUVIERS

Suivant le cours charmant de l'Eure, des soldats qui ont couché à Evreux, gagnent Mantes, au pas de route. De là ils seront dirigés sur l'Aisne et la Marne, où le Dieu de la guerre, après trois ans de combats, a une fois de plus et comme en 1914, fixé le destin des batailles. Vraiment il n'y a rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est cette troupe composée d'hommes nés à Alicante, à Valence, à Palma, à Carthagène ou à Barcelone. Ils s'avancent en chantant. Leurs capotes et leurs casques sont couleur de brumes, de halliers, de crépuscules, d'horizons. Leurs noms sonnent comme des noms de conquistadors.

Ceux-là ne sont pas encore naturalisés. Ils veulent entrer dans la carrière, la carrière de Français. Il leur faut gagner ce titre ; alors ils ont débarqué à Brest, on les a habillés, instruits, armés ; ils s'en vont Lebel sur l'épaule, Lebel au côté ; on en a formé une légion, étrangère au premier chef,

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mais qui n'a ni la gloire, ni l'honneur d'être " La Légion ". Et voici ce qu'ils chantent, avec un accent à tout casser, qui, quatre ans auparavant, aurait fait rire les Français de France invités aux soirées de la Lyre Algérienne :

Pour lé plasir, lé répos del militario
Il est là-vas à dos pass della forrrêtt
Ouna mason ail' toit tout courbert dé lierre
Al torloro es' el nomm del' cavarett
La serbante est djone y djentilla
Lédjère comm' oun' parpaillonn
Como son binn son oil petilla
Nous l'appelons la Madalonn
Nous y pennsons lé djour
La nuit nouss en rêbons
Cé n'est que Madalonn
Ma por nous c'est l'amour.

Refrain

Quand Madalonn bient nous serbir à voire
Sous la tonnell' on frôle son d' joupon
Y chacon loui racont' oun histoire
Oun' histoire à sa façon.
La Madalonn por nous n'est pas sébère
Cuando on loui prend la taille y lo mentonn
Ella rit es tôt' l'mal qu'ell' sait faire
Madalonn, Madalonn, Madalonn.

LA PAUSE

- Ho, Zouzou !
- Ho !
- Allume la lumière ! allume !

Et il rallumait. Après le contre-appel. Lui seul avait l'audace et le pouvoir d'enfreindre tous les règlements de l'hôpital militaire N° 6. Tout autre que lui eût été puni. Mais Zouzou jouissait d'une immunité que beaucoup jalousaient mais que tous admiraient.

C'était un zouave long, dégingandé, qui allait plus vite sur ses béquilles qu'un Alpin défilant au pas cadencé. Il glissait, patinait, la chéchia toujours en bataille. S'il y avait une belle veste dans l'hôpital, c'était pour lui ; un

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mouchoir sans trous, un paquet de cigarettes, une corvée agréable comme celle d'aller tirer le vin à la cave, c'était pour lui. Un camarade qui l'avait connu au front disait : " Ça continue ". A Mareuil, à Verdun, partout, s'il y avait un oeuf, une poule ou un jambon dans le pays, c'était Zouzou qui l'avait. Il aidait les infirmières, toujours prêt à se rendre utile, à se multiplier. Enjôleur, blagueur, menteur, monteur de coups, câlin, sympathique, c'était le chouchou de l'hôpital.

Après l'extinction des feux, chaque soir, c'était la même comédie. On entendait :
- Ho ! Moutchou !
- Ho !
- Tu me la croques ?

Cette invite quotidienne s'adressait à un tirailleur sans mâchoire. La blague prenait toujours et provoquait les rires. Les deux ou trois têtes de Turc y passaient, puis il y avait régulièrement une voix qui criait :
- Ho, Zouzou !
- Ho !
- Allume la lumière, allume !

Zouzou illuminait le dortoir, s'affublait d'un sarreau laissé par l'infirmier, passait la visite, énonçait des diagnostics inattendus :
- Gros coup d'civil dans le bide !... Et vous, mon ami, faiblesse de patriotisme... Toi, mon petit, ti as le courage indécis... Vous caporal, je vois ce qu'il vous faut : deux litres de vin par jour ; inscrivez ! Quant à vous, vous vous êtes oublié, mon garçon... ça sent la paix ici...

Il y avait de gros rires étouffés sous les couvertures. Un tringlot demandait :
- Pardon, M'sieu l' major, quand c'est qu'elle finira la guerre ?
- Va savoir...

Finalement, Zouzou, prié de distraire ses camarades et d'exécuter son numéro quotidien, faisait la danse du ventre, sans béquilles.
- Faites-moi la mata, recommandait-il auparavant, parce que si jamais ils me voient comme ça, ils me renvoient au bal masqué, ces bâtards...

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BAL MASQUÉ

Et il dansait sur ses jambes molles comme des queues de poisson. en s'appuyant à une colonne centrale. Un masque à gaz autour du cou, un drap de lit sur la
tête, il prenait des poses lascives, roulait des yeux d'almée en murmurant " Dites, Ahmed, vous m'aimez ? " Les blessés pouffaient. Ils ne tenaient plus rancune à Zouzou du régime de favoritisme dont bénéficiait depuis deux mois ce grand zouave désarticulé dont les longues jambes,

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lorsqu'il s'asseyait sur son lit, pendaient lamentablement, pareilles à celles d'un pantin cassé. Depuis deux mois il égayait l'hôpital et relevait le moral des combattants écoeurés par la guerre moderne. Mais depuis deux mois, Zouzou passait chaque jour sur le billard pour se faire extraire un bout d'acier, une esquille ou enfin " quelque chose ", comme il disait : il avait reçu 79 éclats d'obus dans les jambes ; c'était là son secret. Et, au bout de soixante jours de souffrance et de rigolade, il disait en faisant une grimace et un geste digne des plus classiques salaouetches : " Encore dix-neuf au jus, la p... de sa mère ! "

REPOS

Il est mort, Zouzou. C'est pourquoi l'auteur a jugé bon de raconter son histoire. Car, s'il avait vécu, il ne serait peut-être aujourd'hui qu'un pauvre cul-de-jatte sans prestige, sans gloire, et dont les aventures, racontées la sébile en main, n'eussent sans doute intéressée personne.

Il est mort à Verdun, car, selon les prévisions de ce grand psychologue, " ils " l'on renvoyé au bal masqué. Pensez : un zouave. Il est mort dans l'exercice de ses fonctions de salaouetche : en allant chercher, dans un petit poste allemand, abandonné depuis une heure, un sac de patates tout neuf, tout plein et, comme il disait " qui n'avait pas de mal ". C'était un piège : une grenade toute amorcée et bien placée a fait du grand Zouzou sept ou huit petits Zouzous. En partant, il avait dit simplement : " Donne le boutillon, donne ! " Ce furent ses dernières paroles.

EPITAPHE

Son arrière grand-père maltais avait quitté la Mélité des Grecs pour gagner la Sicile, à bord d'une tartane. A la rame, avec ses enfants, il avait fui vers la Sardaigne pour échapper à un tremblement de terre ; une balancelle espagnole les avait transportés à Livourne ; on s'était mariés avec des Lucquoises qui avaient vu arriver ces éternels émigrants,

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toujours ramant, toujours voguant " ponante " ou sciant " poc à poc ", de l'aviron. Marseille connut enfin cette famille d'hommes de mer, dont un armateur fixa bientôt le destin à Tunis. On fit souche à Bône, puis à Alger. Des grand'mères épousèrent des Espagnols, des grand-pères fécondèrent des filles indigènes. Et Zouzou, rejeton d'un arbre généalogique des plus branchus, avait pris l'habitude pour exprimer l'idée de cette complexité raciale, de répondre lorsqu'on lui demandait quelle était son origine : " Que le cul il me tombe si je sais ! " Il tenait de son ascendance multiple et diverse un grand choix de gestes et d'attitudes dont l'ensemble composait ce type qui était Zouzou, mais dont un ethnologue se fût passionné à rechercher, à discerner et à identifier les origines : ce froncement de sourcils, c'était le bisaïeul maltais, cette ruse était italienne, cette blague, marseillaise, cette colère, corse, cette vantardise, espagnole et ces yeux en coulisse : maures ; quant à ce sens des affaires, il était peut-être juif. A chaque réflexe de cet homme, le savant eût pu dire : " Ça, c'est la grand'mère ", ou " C'est tout à fait le grand-oncle ! " Et quand Zouzou remuait le petit doigt, on revoyait sans le savoir quelque ancêtre débardeur au port du Pirée. Aujourd'hui son fils, s'il en a laissé un quelque part, doit entendre, lui aussi, ces phrases éternelles : " C'est tout son père " (ce qui indiquerait déjà un beau complexe) ou " A qui est-ce qu'il ressemble au juste ? ", ce qui reviendrait à ouvrir un débat dans lequel le père de Galland lui-même aurait perdu son latin et Dieu sait s'il en avait ; autant entreprendre l'histoire tout entière de la Méditerranée...

IN MEMORIAM

Zouzou n'avait rien à défendre, que sa vie. Il l'a mal défendue.

Mais il avait une dette à payer. Il l'a bien payée. Rubis sur l'ongle. A l'échéance. En bon débiteur. Fidèle à son propre modèle vivant, il mourut en vrai zouave : le bouteillon en main. Coup de chapeau, Messieurs dames, ça vaut bien ça... Et bonsoir. La parole est à l'Algérien 1938, que l'auteur salue comme les aînés saluaient les cadets aux fêtes nocturnes des lampadopohries, quand les relais de coureurs se transmettaient l'un à l'autre les torches enflammées. Vous avez le flambeau

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en main : " Entention, il brûle ! Forsès pas, mais tiens bon la rampe, diokann ! " A vous d'écrire " Vingt ans après ".

Même sans écrire " en salaouetche ", il vous faudra tout de même trouver des mots pour chanter ce pays étonnant où c'est l'Iliade tous les jours.

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A L G E R
MARS 1 9 4 1
Censure Alger n° 1748