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          |  |  une page de tickets 
              divers juin 2019
 |  LES TA
 -------La 
        création du réseau des "Tramways 
        algériens" procéda d'une démarche 
        très différente des CFRA ou des TMS. Il ne s'agissait pas 
        là de relier à Alger différentes communes de banlieue, 
        mais bien de constituer un réseau intérieur à la 
        ville, touchant en particulier les nouveaux quartiers situés à 
        mi-pente et permettant de bien irriguer les zones résidentielles. 
        La concession en fut donc donnée par la ville d'Alger et les TA 
        constituèrent toujours un réseau à la fois très 
        urbain et très "européen", souvent même 
        largement copié sur les transports parisiens.-------La 
        société concessionnaire fut fondée en 1898. Elle 
        était alors une filiale de la Société Thomson-Houston 
        qui, après ses succès dans la construction électrique, 
        souhaitait se diversifier dans l'exploitation, avec l'arrière-pensée 
        de fournir du matériel aux réseaux dont elle détiendrait 
        des parts. Le régime administratif prévoyait une régie 
        intéressée, dont les grandes décisions seraient prises 
        par la ville mais ceci souffrit plusieurs exceptions.
 -------Le 
        principe du réseau de base était une très longue 
        ligne parcourant Alger à quelques hectomètres en deçà 
        du Front de mer (lequel était du "domaine" CFRA) pour 
        grimper sur les collines de Mustapha supérieur puis se diviser 
        en deux branches, vers la Colonne Voirol et vers le boulevard Bru.
 -------Rapidement, 
        cette ligne fut scindée comme suit
 -Hôpital du Dey-Plateau Saulière.
 -Opéra-Colonne Voirol.
 - Opéra-Boulevard Bru.
 -------Malgré 
        le profil sévère atteignant 5,2 %, les petites motrices 
        Thomson de couleur verte tiraient souvent 
        une et même parfois deux remorques "jardinières", 
        avec des fréquences qui atteignaient 4 minutes en heures de pointe. 
        En 1935, le parc de matériel était de 40 motrices et 60 
        remorques, toutes à deux essieux et plates-formes ouvertes. Mais 
        l'urbanisation des collines se développant, ces trois lignes apparurent 
        insuffisantes en débit et trop limitées géographiquement. 
        De plus, Alger n'a,sauf en Front de mer, que des rues de faible largeur 
        de sorte que les artères construites vers 1890 étaient déjà 
        saturées en 1914.
 -------En 
        1925, une convention nouvelle avec la ville prévoyait le financement 
        d'extensions éventuelles. Puis, en 1928 cette dernière, 
        en liaison avec le Conseil Général, préconisa la 
        mise en souterrain d'un grand axe parallèle à la mer, avec 
        des ramifications d'une part vers le domaine TA (Colonne Voirol), d'autre 
        part vers le domaine CFRA (Le Ruisseau et Maison Carrée). Chiffré 
        à 600 millions de francs, ce projet dépassait largement 
        la puissance financière des autorités de tutelle. Cependant, 
        à cette époque, la Sté des TA fit, sur ses deniers 
        propres, l'acquisition d'un vaste domaine qui avait appartenu au célèbre 
        général YUSUF afin d'y édifier un grand dépôt 
        moderne pouvant remplacer les modestes remises antérieures de Mustapha 
        supérieur (Rue Ampère et Boulevard Beauprêtre). Le 
        dépôt de YUSUF fut l'un des rares au monde à s'étendre 
        sur deux niveaux : tramways en bas et bus en haut.
 -------La 
        circulation ne faisant qu'empirer, en 1933, un nouveau projet de métro 
        fut élaboré, ne dépassant pas 220 millions grâce 
        à de nombreux tronçons à l'air libre. Mais la crise 
        étant passée par là, ce modeste programme ne put 
        pas mieux être financé que le précédent. Déçue, 
        la ville d'Alger, sur les conseils de la Société des TA, 
        admit que l'on pourrait se contenter d'enterrer à faible profondeur 
        la ligne TA entre l'Opéra et Yusuf, ce qui limiterait le devis 
        à 75 millions. Mais il faudrait auparavant remplacer les tramways 
        d'origine, dont la puissance, la vitesse et le confort étaient 
        insuffisants.
 -------Immédiatement, 
        en décembre 1934, un prototype de motrice moderne fut essayé 
        entre l'Hôpital du Dey et Yusuf. Il s'agissait d'un engin révolutionnaire 
        composé en fait de deux motrices extrêmes, à deux 
        essieux chacune, reliées par une partie centrale suspendue par 
        pivots aux précédentes. De la sorte on obtenait un véhicule 
        de près de 20 m pouvant admettre jusqu'à 150 personnes avec 
        un poids de 21,5 t seulement. Pour réduire le gabarit du futur 
        tunnel, la largeur du nouveau matériel était limitée 
        à 2 m, mais la vitesse normale était prévue à 
        40 km/h, grâce à une puissance de 180 ch sur quatre moteurs. 
        Les portes étaient automatiques avec marchepieds relevables. Le 
        plafond était isolé thermiquement, avec aérateurs 
        de toitures. Le frein était électrique, avec achèvement 
        du freinage par air comprimé. Le roulement se faisait par boîtes 
        Isothermos et l'attelage était simplement à barres et manchon, 
        attendu qu'on ne pensait pas avoir besoin d'accoupler ces véhicules 
        de très grande capacité. Enfin, la perche était utilisée 
        pour la prise de courant, avec frotteurs analogues à ceux des trolleybus 
        envisagés en correspondance des tramways. La possibilité 
        d'alimenter le véhicule par frotteur latéral en souterrain 
        restait réservée.
 -------Les 
        premiers essais démontrèrent l'excellence du prototype, 
        de sorte que 25 autres véhicules furent commandés très 
        rapidement et livrés au cours de l'année 1937. Ils différaient 
        du prototype par l'isolation du wattman dans une cabine vitrée, 
        par des sièges simples et réversibles, et par l'emploi de 
        double-portes à toutes les ouvertures. C'est la Société 
        SATRAMO qui avait fait l'étude 
        de ce matériel et en avait sous-traité la construction avec 
        la Société Franco-Belge, de Raismes (Nord). Bien entendu, 
        l'équipement électrique était fourni par Alsthom, 
        émanation de l'ancienne Thomson-Houston, actionnaire du réseau. 
        Ces voitures, de couleur crème et vert, 
        étaient servies par 3 agents : un wattman 
        et deux receveurs s'en partageant la longueur. Il est à 
        noter d'ailleurs, qu'aux TA comme dans certains autres réseaux 
        africains, la casquette et le fez distinguaient les employés chrétiens 
        des employés musulmans.
 -------Dès 
        1938, l'ancien matériel fut démoli, sauf une motrice gardée 
        pour le service de la voie.
 -------Or, 
        dans le même temps, M. GALLOIS, administrateur délégué 
        des TA, très convaincu de la supériorité de la traction 
        électrique, avait décidé d'expérimenter des 
        trolleybus dont le renouveau s'amorçait déjà à 
        Rouen. Il choisit pour cela le site de la basilique Notre-Dame d'Afrique. 
        Ce lieu de pèlerinage se situait au nord de la ville, sur un piton 
        rocheux difficilement accessible, à plus de 2 km du terminus des 
        tramways de l'Hôpital du Dey. Dans le courant de l'été 
        1934, un trolleybus fut essayé sur une simple ligne bifilaire installée 
        le long du chemin abrupt de la basilique. Là aussi les résultats 
        furent excellents ; 4 autres trolleybus furent mis en service avant la 
        fin de 1934 et assurèrent un service parfait malgré des 
        rampes de 11,2 % et des courbes de 8 m de 
        rayon.Mais la ligne de Notre-Dame d'Afrique étant très éloignée 
        du dépôt unique des TA à Yusuf, il fallait matin et 
        soir acheminer les trolleybus par les lignes de tramways, avec une perche 
        levée et le retour du courant électrique assuré par 
        une "souris" glissant sur l'un des rails.
 -------Les 
        trolleybus 
        CS 35 étaient des véhicules 
        courts (7,25 m), étroits (2,20 m) et légers (6,6T);avec 
        une carrosserie-poutre sans châssis et un moteur de 72 ch. Ils donnèrent 
        entièrement satisfaction pendant 27 ans de service très 
        dur.
 -------Or, 
        dés 1925, un autobus Berliet de 25 places avait été 
        lancé par les TA à l'assaut des pentes du quartier escarpé 
        du Telemly. Très lent et asthmatique, il avait été 
        surnommé "le Cafard". 
        Il n'est pas étonnant que le succès des trolleybus de Notre-Dame 
        d'Afrique ait encouragé à remplacer "le Cafard" 
        par des trolleybus. Ce fut l'apparition des 
        Vetra CS 60, plus longs (8,78 m), 
        plus larges (2,35 m) et plus lourds (7,5 t) que les précédents 
        ; ils furent mis en service en 1935, sous une ligne aérienne construite 
        par les Ets. BOMPARD d'Alger. Devant ces brillants résultats, l'électrification 
        maximale du réseau fut vite décidée. Certes des autobus 
        avaient bien été achetés : Somua 35 places puis 40 
        places en 1929, Panhard 50 places un peu plus tard pour créer des 
        relations Grande Poste/ El Biar ou La Redoute, et Bab El Oued/Beau Fraisier. 
        Mais il était évident que les trolleybus seraient autrement 
        efficaces sur de telles lignes en rampes. Or, en 1935/36 Vetra n'avait 
        encore qu'une capacité productive assez réduite et se trouvait 
        accaparé par les commandes de Rouen, Lyon, Casablanca et Strasbourg. 
        Sans hésiter, les TA se lancèrent alors dans la fabrication 
        intégrale de trolleybus, à partir de châssis d'autobus 
        Somua et de moteurs de tramways récupérés à 
        Rouen et qui n'étaient autres que ceux des motrices L de Paris.
 -------La 
        plupart de ces trolleybus "maison" avaient, contrairement aux 
        Vetra, une plateforme arrière ouverte "à la Parisienne". 
        32 d'entre eux furent construits, ce qui portait le parc à 41, 
        permettant la conversion des lignes de La Redoute, Clos Salembier, puis 
        El Biar.
 -------Le 
        bilan de la société s'améliora nettement avec l'arrivée 
        des trolleybus ; aussi 10 trolleybus CS 60 furent-ils encore commandés 
        à Vetra, et livrés en 1937. Cela permit de parachever l'évolution 
        du réseau en convertissant aussi les lignes d'Hydra et du Boulevard 
        Bru. La première fut un rare exemple français où 
        les transports en commun précédèrent l'urbanisation 
        puisque le trolleybus y arriva avant même que le lotissement fut 
        habité, ce qui d'ailleurs permit de vendre les terrains beaucoup 
        plus cher.
 -------Parallèlement, 
        la perception fut améliorée par l'introduction des "moulinettes" 
        à la Parisienne, oblitérant des tickets en carnets. Les 
        rares autobus restant au parc des TA furent limités à la 
        desserte de Beau Fraisier et Rampe Vallée. Un essai d'intrusion 
        des autobus dans le domaine CFRA du Front de mer se solda par un échec 
        sans lendemain et une recrudescence de la lutte entre les réseaux.
 -------A la 
        déclaration de guerre, le 2 Septembre 1939, il n'est pas exagéré 
        de dire que le réseau TA était le 
        plus moderne du monde. L'âge moyen de ses 80 véhicules 
        s'établissait à moins de 3 ans, alors, par exemple, que 
        le réseau de Lyon accusait une moyenne de 32 et d'autres (Toulon, 
        Douai, Laon, Cherbourg, Bourges etc...) frisait les 40.
 -------Il 
        convient d'ajouter que les TA entreprirent aussi en 1936 la construction 
        d'un ascenseur reliant la rue d'Isly au quartier 
        Berthezéne (Bureaux du Gouvernement Général). 
        Il comportait une cabine de 30 personnes et une de 12 et fonctionnait 
        sur le courant des tramways.
 -------Un autre 
        ascenseur public existait aussi entre le Boulevard de la 
        République et le Port, et un 3e entre 
        le square Bresson et le Port, mais ils appartenaient à la Chambre 
        de Commerce dont les entrepôts étaient situés en-dessous. 
        Le dernier garda même longtemps un caractère privé.
 -------Parmi 
        les particularités des TA, notons aussi que ce réseau ne 
        comportait aucune sous-station électrique, le courant lui étant 
        fourni directement en 620 volts continu par l'Electricité et Gaz 
        d'Algérie.
 -------En 
        1941, on se trouvait avec un réseau TA ainsi constitué
 TRAMWAYS
 Ligne 1 : Yusuf-Hôpital du Dey (avec beaucoup de services partiels) 
        Parc de Galland-Hôpital du Dey).
 TROLLEYBUS:
 A : Grande Poste-Hydra
 B : Grande Poste-Bd Bru
 E : Grande Poste-El Biar
 G : Grande Poste-Telemly (ligne circulaire)
 H : Hôpital du Dey-N.D.d'Afrique
 J . Grande Poste-La Redoute
 K : Grande Poste-Clos Salembier
 J barré : Champ de Manoeuvre-La Redoute
 K barré : Champ de Manoeuvre-Clos Salembier
 AUTOBUS:
 C : Place du Gouvernement-Rampe Vallée
 F : Place du Gouvernement-Beau Fraisier
 (Ces deux lignes étaient depuis 1940 réduites à une 
        simple navette commune)
 
 -------Le 
        trafic ne cessait de croître, alimenté par la foule des réfugiés 
        de toutes sortes déferlant sur l'Afrique du Nord, pour peu de temps 
        oasis de paix dans un monde en feu. D'ailleurs, l'essence rationnée 
        obligeait bien à recourir aux transports en commun. Une épidémie 
        de peste (Camus n'a rien inventé) suivie d'une épidémie 
        de typhus obligèrent à désinfecter les véhicules 
        chaque nuit, tandis qu'à la descente des tramways les mères 
        attentives cherchaient sur le crâne de leurs rejetons les angoissants 
        "poux rouges" porteurs de maladie.
 
 -------Le 
        8 Novembre 1942, le débarquement allié ne fit guère 
        de dégâts mais les bombardements allemands causeront en 1943 
        de terribles carnages en ville et sur le port. Le ravitaillement ne s'améliorait 
        guère et, pour acheminer sur les marchés quelques légumes 
        des banlieues, les TA transformèrent deux autobus Somua en trolleybus 
        à marchandises équipés de ridelles. Ils déversaient 
        chaque matin leurs précieux chargements de carottes, courgettes 
        et patates douces et ont ainsi sauvé bien des familles de la famine.
 -------Il 
        faut noter, pour l'anecdote, un accident apparemment unique au monde un 
        conducteur dépressif lança son trolleybus du haut du petit 
        viaduc entre Hydra et la Colonne Voirol et réussit ainsi le premier 
        suicide par trolleybus. Heureusement, il choisit un moment 
        où il n'y avait pas de voyageurs, mais son receveur fut grièvement 
        blessé.
 -------La 
        fin de la guerre permit de créer dès 1947 une nouvelle ligne 
        de trolleybus intitulée
 I : Grande Poste-Birmandreis, grâce à 5 nouveaux véhicules 
        de type Vetra-Berliet VDB. Ils furent suivis en 1949 de 10 Vetra-Renault 
        VCR.
 -------Dans 
        le même temps, les encombrements urbains reprirent de plus belle. 
        De 1946 à 1950, une réorganisation des services fut essayée, 
        en vue de réduire le nombre de trolleybus atteignant la Grande 
        Poste. La ligne de tramways fut scindée en deux
 Ligne 1 : pour les services partiels Parc 
        de Galland-Bd de Provence (Bab-el-Oued).
 Ligne 3 : pour les services complets Yusuf-Hôpital 
        du Dey.
 -------De 
        plus, les voies non déposées au dessus du Parc de Galland 
        furent remises en service sur plusieurs centaines de mètres pour 
        atteindre le Bd Galliéni, permettant de créer une ligne 
        2 : Grande Poste-Bd Galliéni, qui devait donner correspondance 
        en ce point avec les lignes de trolleybus A, B,.E,.vers la banlieue.
 -------Mais 
        ce système qui obligeait à des correspondances moins commodes 
        qu'avant, fut mal accueilli et la Ligne 2 disparut.
 -------On 
        reparla un peu, sans plus de succès, d'une mise en souterrain des 
        tramways (voir 
        :" 30 ans de grands projets") , mais déjà 
        certains préconisaient leur suppression pour résoudre par 
        enchantement les problèmes de circulation. Pour faire un essai, 
        9 trolleybus VA 3 de 12 m furent acquis en 1950 et mis en service sur 
        la ligne de tramway, intercalés entre les rames articulées. 
        Puis, en 1951, un trolleybus articulé de 18,60 m fut acheté, 
        sans qu'on comprenne bien en quoi il encombrait moins qu'un tramway réversible 
        de 19,80 m. Mais ce trolleybus joua vite de malchance car son arrière-train 
        mal coordonné avec les roues avant montait sur les trottoirs.
 
 -------Le 
        bouquet fut atteint lorsque, en 1956, il faucha 
        une partie du précieux mobilier du général SALAN, 
        en cours de déménagement pour cause de nomination au commandement 
        en chef. Cela valut à ce prototype d'être envoyé aussitôt 
        à la ferraille.(Voir 
        dans l'encadré la mise au point par Christian Ripoll qui corrige 
        cette allégation )
 
        
          | Le trolleybus articulé VETRA VA4, n°101 par Christian 
            Ripoll En 1950, VETRA, qui construisait une série de trolleybus 
              du type VA3 (12 m de long, 3 essieux) pour les TA, proposa un VA4, 
              véhicule articulé à 4 essieux, 18 m de long, 
              d'une capacité de 180 places. La partie articulée 
              était une semi remorque sur un essieu équipé 
              d'un système directeur (un brevet italien) destiné 
              en principe à faciliter sa conduite. Le véhicule a 
              été essayé sur une ligne parisienne (à 
              l'époque, il y avait des trolley à Paris), et sur 
              une ligne lyonnaise. Puis il a été mis en service 
              avec le numéro 101 sur la ligne de tram entre le Bd de Provence 
              et le dépôt Yusuf, avec le projet de remplacer les 
              trams avec ce type de véhicule.
 Mais ce gros trolleybus présentait des défauts graves 
              : une conduite délicate en raison d'un comportement difficilement 
              maîtrisable du 4 éme essieu directeur ; son gabarit 
              qui rendait périlleux les croisements dans les rue étroites 
              de Bab Azoun et Bab el Oued ; l'instabilité de la semi remorque 
              en route ; les installations de maintenance inadaptées à 
              sa longueur.
 
 Devant ce constat d'échec, les TA décident en 1953 
              de l'amputer de la semi remorque et d'en faire un VA3 similaire 
              aux autres. Il est remis en service en 1954 sous le numéro 
              90.
 Cette transformation a été 
              décidée par les responsables des TA pour des raisons 
              d'exploitation. Elle a été réalisée 
              en 1953/54. Elle n'a rien à voir avec le mobilier du général 
              Salan qui prend son poste à Alger en 1956 !! voir aussi Les 
              derniers trams d'Alger 
              Texte et 
              documents : Christian Ripoll |  ------Une 
        liaison entre les plateaux de Mustapha supérieur et Belcourt (en 
        plein domaine CFRA) se révélait de plus en plus indispensable 
        pour éviter aux usagers d'aller encombrer inutilement le centre 
        de la ville. Mais le profil d'une telle relation est très sévère. 
        Un funiculaire avait été envisagé, mais en 
        1956, les TA construisirent un 
        téléférique Belcourt-Clos Salambier, dont 
        l'équipement fut confié à la Sté Applevage. 
        Un téléférique aussi purement urbain était 
        une première mondiale. 
 -------A l'horizon 
        des Aurès, les nuages tragiques s'amoncelaient. L'insécurité 
        devenait omniprésente en Algérie, surtout à partir 
        de 1956. Des grenades ayant été 
        lancées dans des tramways au passage des rues étroites de 
        Bab El Oued, il fut décidé de munir tramways et trolleybus 
        de grillages protégeant les fenêtres. Ces superbes véhicules 
        prirent des airs de fourgons cellulaires ! Nuit et jour 
        il fallut garder les dépôts pour prévenir des attentats 
        sur le matériel. L'officier préposé au dépôt 
        de Yusuf n'était autre que le lieutenant 
        LE PEN qui s'illustrera plus tard en politique.
 
 -------En 
        1958, le Général de GAULLE décréta que le 
        "Plan de Constantine" devrait permettre - avec bien du retard 
        - d'industrialiser l'Algérie et d'en assainir l'économie. 
        Entre autres, une usine Berliet fut construite à Rouiba pour produire 
        des camions et des autobus, que le nouveau pétrole saharien devait 
        approvisionner. Hélas, le tohu-bohu politico-militaire de cette 
        époque était peu propice à l'économie et à 
        l'industrie ; à part les besoins militaires, l'usine de Rouiba 
        avait peu de commandes en carnet. Alors que flottait déjà 
        dans l'air la suppression des tramways, il était tentant de la 
        rendre effective pour trouver un débouché à l'usine 
        Berliet et au pétrole saharien.
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        RSTA
 -------Le 
        1er Janvier 1959, les réseaux TA et CFRA furent enfin réunis 
        au sein d'une régie syndicale des transports 
        algérois (RSTA), dont les mandants étaient 
        à la fois le département et les communes concernées. 
        Cette régie adopta pour son matériel les couleurs crème 
        et bleu clair déjà expérimentées sur 
        les CFRA. Cette fusion, qui aurait été très bénéfique 
        si elle avait été opérée 20 ans plus tôt, 
        n'eut guère de conséquence en cette époque où 
        plus personne ne se préoccupait du sort des transports en commun.
 -------A la 
        tête de la RSTA fut nommé M. CARON, dont la doctrine était 
        de liquider au plus vite le réseau de tramways et de trolleybus. 
        L'occasion lui en fut donnée les 24 et 25 Janvier 1960. Ces jours, 
        connus sous le nom de "Journées 
        des Barricades", virent Alger s'embraser en une guerre 
        civile sans merci. Des barricades de pavés avaient été 
        dressées en travers des principales rues de la ville. A l'issue 
        de ces graves échauffourées, les dégâts aux 
        voies et aux lignes aériennes se révélèrent 
        importants. Plus jamais les tramways ne ressortirent du dépôt 
        de Yusuf
 
 
        
          | Christian Ripoll : « En réalité, 
            les lignes électriques n'ont jamais subi de dégâts 
            si graves qu'un trafic de tramways ou de trolleybus puisse être 
            définitivement interrompu !! 
 Le vrai motif de la suppression des tramways est tout autre :
 
 Avec la mise en oeuvre le 19 mars 1959 d'un plan de circulation mettant 
            les artères principales de la ville en sens uniques, rue Michelet 
            en sens descendant, Bd Saint Saens en sens montant, les trams, dont 
            on ne pouvait raisonnablement pas déplacer les voies, ont circulé 
            une fois sur deux en sens interdit, dégradant encore un peu 
            plus la circulation automobile. Certains n'hésitaient pas à 
            accuser la RSTA de sabotage du plan de circulation. Les trams étaient 
            condamnés. Ils ont été retirés du service 
            en 3 temps :
 ---------1) Création le 14 août 
            1959 de la ligne d'autobus " T ", à titre expérimental, 
            suivant un itinéraire respectant les sens uniques tracé 
            au plus prés de l'itinéraire des trams. Cette ligne 
            remplaçait les trams les week end et jours fériés.
 ---------2) Suppression, à compter 
            du 3 septembre 1959, de la ligne de tram n°1, Parc de Galland 
            - Bd de Provence, remplacée par la ligne autobus T. La ligne 
            3 est maintenue en service.
 ---------3) Suppression, à compter 
            du 12 septembre 1959, de la ligne de tram n°3, remplacée 
            par la ligne T. Avec cette suppression, la dernière ligne de 
            tram de la ville disparaissait.
 
 Cette suppression, décidée par la direction de la RSTA, 
            n'a rien à voir avec les évènements de janvier 
            1960.
 
 Donc, depuis le 12 septembre 1959, plus aucun tramway n'a circulé 
            dans Alger.
 
 Il faut souligner qu'à cette époque, le tramway était 
            l'ennemi de l'automobile. C'était partout la course à 
            la destruction des réseaux. Aujourd'hui, c'est le contraire, 
            c'est la course à la construction de réseaux ! Nous 
            attendons maintenant la résurrection du tram d'Alger dans un 
            avenir tout proche. Peut être même est ce déjà 
            une réalité.
 
 |  et, peu après, des autobus Berliet 
        de types PCR, PBR, puis PLR et PH prirent la relève du réseau 
        ferré. Cela n'était certes pas une économie, puisque 
        pour remplacer les 26 motrices articulées, il ne fallut pas moins 
        de 60 autobus. -------En 
        outre le pétrole saharien, sur lequel on avait fondé tant 
        d'espoirs, s'avérait beaucoup trop riche en paraffine et nécessitait 
        des installations de raffinage complexes, à cette époque 
        inexistantes en Algérie. De dérisoires appareils à 
        filtrer le pétrole tentèrent sans succès de poursuivre 
        l'expérience, mais très vite on préféra faire 
        venir le pétrole d'Arabie- ce qui était tout de même 
        le comble - !
 De 
        1962 à ... -------Les 
        trolleybus disparurent dans la foulée, au cours des années 
        1962 à 1964 sauf la ligne de N-D. d'Afrique dont les autobus ne 
        pouvaient pas monter les rudes déclivités (elle 
        a été fermée en 1975, remplacée par un téléphérique 
        de St Eugène à ND d'Afrique). Les véhicules 
        de 1934 qui y roulaient toujours furent, en 1961, remplacés par 
        5 trolleybus Berliet VBH. -------Le 
        3 Juillet 1962, l'indépendance de l'Algérie fut reconnue 
        par le Général de GAULLE devenu Président de la République 
        depuis 1959.
 -------Le 
        réseau de transports en commun, si beau quelques années 
        auparavant, était dans un état lamentable. Tout le personnel 
        européen avait fui précipitamment, en sorte que la RSTA 
        n'était plus dirigée que par un agent de maîtrise. 
        Un service réduit fut néanmoins rapidement élaboré. 
        On envisagea un instant de remettre les tramways en service, mais les 
        lignes aériennes en cuivre étaient introuvables( 
        la vraie raison est que les voies avaient été enlevées 
        par endroits) . La revente des motrices s'avéra aussi 
        impossible en raison de leur bizarre écartement de 1,055 m, et 
        il fallut se résoudre à les démolir pour faire de 
        la place.
 -------Petit 
        à petit, la RSTA se réorganisa, embaucha de nouveaux cadres 
        et la vie put reprendre dans l'agglomération. Les autobus, déjà 
        bien insuffisants à l'époque antérieure, devenaient 
        de plus en plus surchargés avec l'afflux à Alger de nombreuses 
        populations rurales appauvries par la guerre et séduites par le 
        mirage urbain.
 -------Le 
        gouvernement algérien détermina rapidement les priorités 
        qu'il entendait respecter d'abord l'Education Nationale pour former les 
        cadres manquants, ensuite la Santé, qui laissait beaucoup à 
        désirer, et enfin l'Agriculture pour assurer la subsistance de 
        la population sans recourir à de coûteuses importations.
 -------Les 
        Transports furent placés tout à fait en queue de liste priorités. 
        Avec un matériel inadapté et insuffisant, la RSTA devait 
        faire face à un afflux de nouveaux Algérois qui atteignit 
        jusqu'à 50 000 par an. Nul doute que le coefficient de surcharge 
        ait, dans les années 70, atteint des valeurs stupéfiantes.
 -------Pourtant, 
        la situation s'est améliorée progressivement. Des autobus 
        ont été achetés un peu partout : Deutz, Van Hool, 
        Renault, etc... De nouvelles lignes ont été créées 
        surtout dans la banlieue proche de El Harrach (Maison Carrée)et 
        autour de Birkadhem, Baraki et Dely Ibrahim. La longueur du réseau 
        a atteint 950 km, avec 113 lignes d'autobus (mais les services partiels 
        utilisent généralement un numéro différent 
        des services de bout en bout). Le téléférique de 
        Belcourt-Clos Salambier (devenu Sidi M'Hamed-Diar E1 Mahçoul), 
        qui avait beaucoup souffert de la guerre, a été entièrement 
        rénové en 1983 par la société française 
        Poma et son trafic atteint le chiffre énorme de 2 400 000 voyageurs 
        par an.Un autre téléférique a été construit 
        pour remplacer les trolleybus de N-D. d'Afrique, qui avaient expiré 
        définitivement en 1975, il joint Bologhine à N-D. d'Afrique, 
        en correspondance avec les autobus de Raïs Hamidou qui passent près 
        de la gare basse.
 -------Deux 
        ascenseurs fonctionnent encore : celui de l'ancien Gouvernement Général, 
        dit "Tancrède", et un autre sur le port dit "Port-Saïd". 
        Un escalier mécanique permet aussi d'accéder au Boulevard 
        Mohamed V.
 -------Enfin, 
        vers 1984, commençant à émerger des préoccupations 
        les plus immédiates, les Algériens ont pu penser à 
        l'avenir, même si l'Etat se désengage largement des transports 
        urbains. Et le fameux projet de métro revint à l'esprit, 
        d'autant plus que le trafic avait triplé sur certains axes.
 ------La Sofretu, 
        appelée en consultation, procéda à des forages et 
        mit au point un projet de métro extrêmement complet et performant, 
        mais tout de même un peu cher pour ce pays encore convalescent.
 
 Une "Entreprise du Métro d'Alger" (EMA) fut constituée, 
        qui aménagea ce projet pour en faire une ligne d'Oued Koriche (près 
        de l'ancien Beau Fraisier) à Dar El Beida, et au Gué de 
        Constantine, donc par rapport à Alger : Ouest-Centre-Sud-Est. C'est 
        à Dar El Beïda, déjà lieu de l'aéroport 
        international d'Alger que sera construite la nouvelle gare ferroviaire 
        évitant aux trains de voyageurs de pénétrer en ville. 
        Le métro utilisera donc largement l'ancienne ligne de chemin de 
        fer entre Alger et El Harrach, qui d'ailleurs restera ouverte aux convois 
        de frêt atteignant le port. On prévoit 21 stations dont 10 
        souterraines, des rames de 6 voitures à la fréquence de 
        5 minutes, pour un trafic annuel de 322 millions de voyageurs. Bien entendu, 
        une refonte du réseau de bus s'en suivra. Il semble cependant qu'une 
        certaine discorde règne entre l'EMA - conceptrice du métro 
        et la RSTA - exploitante du réseau, ceci bien dans la tradition 
        de toutes les villes où ces deux tâches sont dissociées. 
        La RSTA affecte de largement ignorer le métro et l'EMA méprise 
        un peu les autobus. Pour ne pas être en reste de projet, la RSTA 
        vient de lancer à son tour "son" projet d'avenir avec 
        reconstruction de lignes de trolleybus sur les hauteurs, création 
        de 5 nouveaux téléphériques et surtout construction 
        d'une longue ligne de tramways suburbains d'Alger à Zeralda (29 
        km). Celle-ci reconstituerait, après 60 ans d'interruption, la 
        magnifique ligne CFRA de Castiglione. Une telle émulation entre 
        EMA et RSTA entre métro et trolleybus/tramways, n'est sans doute 
        pas négative. Alger pourrait peut-être bien retrouver un 
        jour le titre de réseau le plus moderne du monde.
 
 Jean ARRIVETZavec l'aimable autorisation de "Chemin de fer régionaux et 
        urbains".
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